Atlantic Dialogues : Des ex-chefs d’Etat appellent à une coopération atlantique Sud-Sud accrue et des experts à réinventer le multilatéralisme

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Le président exécutif du Policy Center for the New South, Karim El Aynaoui à l’ouverture de la 12ème édition de la conférence internationale annuelle du Policy Center for the New South (PCNS) « The Atlantic Dialogues ». 14/12 2023 – Marrakech

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Marrakech – D’anciens chefs d’Etat africain et latino-américain ont plaidé, jeudi à Marrakech, en faveur d’une coopération atlantique Sud-Sud plus accrue à même de servir les intérêts des peuples d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes, affirmant que des pays comme le Maroc et le Brésil peuvent montrer la voie dans la promotion de cette initiative.

Lors d’un panel intitulé "Un nouveau deal atlantique : perspectives du Sud", organisé dans le cadre de la 12ème édition de la conférence internationale annuelle "The Atlantic Dialogues", les anciens présidents du Nigeria et de l’Équateur ont relevé que face aux défis mondiaux, la coopération atlantique Sud-Sud peut renforcer l’influence collective des pays de l’Atlantique Sud grâce à des alliances stratégiques pour répondre aux enjeux mondiaux, notamment le changement climatique et les inégalités économiques.

"Un Atlantique Sud, qui peut servir les intérêts de ses peuples et ceux du monde entier, doit promouvoir la coopération et la solidarité entre ses pays", a souligné l’ancien président du Nigeria, M. Olusegun Obasanjo, ajoutant que l’Atlantique Sud "est appelé à se développer rapidement pour rattraper son retard".

M. Obasanjo, Haut Représentant de l’Union Africaine pour la Corne de l’Afrique, a plaidé pour la création d’une Organisation de Coopération Atlantique, qui serait lancée à partir de l’Afrique, de l’Amérique latine et des Caraïbes. "Ce serait une organisation vouée à la promotion de la paix, de la sécurité et du développement", a-t-il soutenu.

"Je crois que le Maroc en Afrique et le Brésil en Amérique latine peuvent montrer la voie dans la promotion de cette initiative", a-t-il relevé, faisant savoir que cette organisation est en mesure de devenir une voix écoutée sur la scène mondiale.

Son co-panéliste, l’ancien président de l’Équateur, M. Luis Osvaldo Hurtado Larrea, a indiqué que l’Atlantique Sud est appelé à promouvoir sa coopération intrarégionale pour façonner et influencer activement la dynamique géopolitique internationale afin de remédier aux déséquilibres dans le processus décisionnel mondial.

Abordant le cadre intercontinental susceptible de mettre en valeur et de faire progresser efficacement les perspectives et les intérêts du Sud, l’ancien chef d’Etat a souligné l’importance du partenariat économique, notamment à travers la signature d’accords de libre-échange qui ont dynamisé la coopération intrarégionale et constituent des facteurs clés de progrès.

M. Hurtado Larrea a, par ailleurs, fait observer que les pays de l’Atlantique Sud sont confrontés à de nouvelles opportunités, offrant une occasion inégalée pour affirmer leur nouvelle position vers un équilibre plus inclusif.

Réinventer le multilatéralisme pour l’adapter aux réalités du 21ème siècle

Le système multilatéral mondial est appelé à se réinventer pour s’adapter aux défis et aux réalités du 21ème siècle, ont affirmé, jeudi à Marrakech, les participants à un panel de haut niveau dans le cadre de la 12ème édition de la conférence internationale "The Atlantic Dialogues".

Intervenant lors d’une session plénière sur le thème "L’avenir des partenariats stratégiques et du multilatéralisme", la présidente de l’Association Europartenaires, Mme Elizabeth Guigou, a fait observer que "l’ordre mondial qui a été établi par les Etats-Unis et les vainqueurs de la 2ème Guerre Mondiale, y compris l’Union Soviétique, est profondément ébranlé aujourd’hui".

Mme Guigou a expliqué que le multilatéralisme est plus nécessaire que jamais au moment où le "monde se fragmente avec une tendance mondiale de repli sur soi".

"On ne peut trouver les solutions que dans la coopération" pour résoudre les défis mondiaux comme le changement climatique et la révolution numérique, a-t-elle souligné, avertissant qu’on "ne peut plus avoir de partenariats déséquilibrés entre le Nord et le Sud".

Abondant dans ce sens, l’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères, Mme Ana Palacio, a soutenu qu’il "faut revoir notre définition du multilatéralisme en donnant la parole au Sud".

"Le monde a changé, il faut assimiler cela", a-t-elle martelé, notant que le système multilatéral est fondé sur un paradigme, à savoir la paix comme but ultime.

De son côté, le président exécutif du Newbridge Advisory (Royaume Uni), M. John Sawers, a appelé à une réforme du Conseil de sécurité des Nations-Unies, qu’il a jugé "inefficace".

Les conflits et les crises que connaît le monde aujourd’hui ont démontré l’inefficacité du Conseil de sécurité sous sa forme actuelle, d’où la nécessité de l’élargir, a-t-il plaidé.

Pour sa part, le Conseiller militaire au sein du Bureau des affaires militaires du Département des opérations de paix de l’ONU, M. Birame Diop, a affirmé qu’il faut démontrer au grand public quelle est "la valeur ajoutée" du multilatéralisme.

Pour cela, a-t-il dit, il faut souligner les risques qui sont liés aux autocraties, au populisme, au nationalisme et à l’extrémisme.

"Il faut choisir entre le multilatéralisme, qui est peut-être la solution la moins mauvaise pour résoudre nos problèmes mondiaux, et l’autocratie qui nous a mené vers des impasses à travers l’histoire", a relevé M. Diop.

La 12ème édition de la conférence internationale annuelle du Policy Center for the New South (PCNS) "The Atlantic Dialogues", s’est ouverte, jeudi, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Axée sur le thème "A More Assertive Atlantic: Its Meaning for the World" (Un Atlantique plus affirmé : sa signification pour le monde), cette édition rassemble plus de 400 invités issus de 80 nationalités différentes du bassin atlantique pour discuter une variété de sujets économiques et géopolitiques, reflétant les mutations d’un Atlantique élargi et plus intégré à travers des échanges francs, informels et factuellement informés, favorisant des discussions susceptibles de déboucher sur des actions concrètes.

 

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