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Au FLAM 2025, la littérature féminine en tant que vecteur de transformation sociale
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De D à G : Ali Benlakhlouf, Christine Taubira et Najat Vallaud-Belkacem
Les participants à une table ronde organisée, jeudi à Marrakech, dans le cadre de la 3ème édition du Festival du livre africain de Marrakech (FLAM), se sont penchés sur le rôle de la littérature féminine en tant que vecteur de transformation sociale.
Cette table ronde, intitulée "quand l’imaginaire féminin redessine le monde", a rassemblé un parterre de personnalités éminentes des paysages intellectuel et politique, qui ont mis en lumière la richesse et la nécessité des récits féminins dans la construction d’un monde plus égalitaire.
L’ancienne ministre française et présidente de l’association France Terre d’Asile, Najat Vallaud-Belkacem, a mis en avant le rôle essentiel de l’éducation dans la transmission des récits féminins, soulignant l’importance d’offrir, à travers la littérature, des repères inspirants auxquels les jeunes filles peuvent s’identifier.
Elle a également souligné qu’il est désormais crucial que les femmes retrouvent leur place au sein du patrimoine culturel, afin de rééquilibrer les récits et de permettre une représentation plus juste et inclusive.
L’ancienne ministre française de la Justice, Christiane Taubira, qui fait partie des figures emblématiques du combat pour la justice et les libertés, a souligné que la lecture a contribué amplement à forger son caractère et à favoriser son épanouissement.
"J’ai grandi dans le silence imposé aux femmes, mais aussi dans leur résistance silencieuse. La lecture était mon évasion, mon moyen de comprendre le monde et d’y répondre", a-t-elle confié au public.
La poétesse et romancière mauricienne, Ananda Devi, a, quant à elle, souligné l’importance de la littérature féminine, expliquant que durant son enfance, les récits étaient centrés sur les hommes, "tandis que les femmes étaient effacées".
La romancière s’est donc assignée comme engagement de faire revivre l’héritage féminin à travers ses œuvres où elle explore un nombre de sujets sociaux relatifs à la femme et son identité.
Pour le directeur du Centre d’études africaines à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), Ali Benmakhlouf, la pensée critique et l’interrogation des structures patriarcales sont essentielles pour faire évoluer les sociétés.
"La philosophie a longtemps été dominée par des figures masculines. Aujourd’hui, il est crucial d’y intégrer la parole féminine pour repenser nos concepts de justice, de liberté et d’égalité", a-t-il affirmé.
Devenu un rendez-vous culturel incontournable, la 3ème édition du FLAM vise à contribuer au rayonnement culturel et artistique de l’Afrique tout en mettant en lumière la richesse de ses littératures et de ses arts.
Il cherche également à encourager la culture, promouvoir l’écriture et soutenir le développement économique et social à travers l’art.
Le coup d’envoi de cette troisième édition a été donné jeudi à l’Institut français dans la Cité ocre, avec la participation d’une cinquantaine d’écrivains issus de plus de vingt pays.
Cette manifestation culturelle, qui se poursuit jusqu’au 02 février, vise à contribuer au rayonnement culturel et artistique de l’Afrique, à promouvoir la culture et l’écriture et à soutenir le développement économique et social par le biais de l’art.
Dans son discours d’ouverture, la co-fondatrice du FLAM, Fatimata Wane, a souligné que la troisième édition du festival se veut une exaltation des littératures et cultures africaines et de tout ce qui unit les peuples du continent, à savoir ses voix, ses histoires, ses créations communes et son humanité partagée.
Depuis sa création, le FLAM a toujours été une invitation ouverte et sans barrières pour faire résonner la richesse des diversités culturelles africaines, sans jamais imposer une thématique unique pour chaque édition, préférant ainsi permettre la libre expression, a ajouté Mme Wane.
Elle a également indiqué que l’édition 2025 a une résonance particulière, car elle place la voix des femmes au centre de ses préoccupations, soulignant que les femmes africaines, malgré leur courage face aux défis, sont encore marginalisées.
Et de poursuivre ainsi que le festival cherche à être une plateforme pour ces voix, et à mettre en évidence le rôle des femmes dans la préservation et la restauration de la mémoire des sociétés.
Fondé par Mahi Binebine (écrivain et artiste plasticien), Fatimata Wane-Sagna (journaliste), Hanane Essaydi (universitaire) et Younès Ajarraï (entrepreneur culturel), le festival rassemble des écrivains, des penseurs et des intellectuels de tout le continent africain.
Le festival consacre également un programme spécial pour les jeunes, en organisant des ateliers d’écriture, des stages et des rencontres littéraires dans les écoles et universités partenaires, afin de promouvoir la lecture et l’écriture auprès des jeunes génération