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Au moins 58 morts dont 53 Palestiniens dans de nouveaux affrontements entre Israël et Palestiniens
Des volutes de fumée noire s'élèvent après une série de frappes aériennes israéliennes visant Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 mai 2021
Plus de 1.000 roquettes tirées vers Israël, des frappes continues sur la bande de Gaza et au moins 58 morts, un chiffre appelé à s’agraver : l'affrontement armé entre le Hamas et l'Etat hébreu ne donne mercredi aucun signe d'apaisement et fait craindre une "guerre à grande échelle".
Maisons ravagées, voitures foudroyées, installation pétrolière touchée : Israël, les territoires occupées et le micro-territoire palestinien de Gaza se sont réveillés mercredi avec des dommages inégalés depuis la guerre de Gaza de 2014.
Les hostilités les plus intenses depuis sept ans, déclenchées lundi, ont fait au moins 58 morts des deux côtés -- 53 à Gaza, parmi lesquels 14 enfants, et cinq en Israël. Il y a également eu trois morts en Cisjordanie dans des incidents séparés avec l'armée.
Elles font suite aux troubles du weekend dernier sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam et site sacré du judaïsme, dans le secteur palestinien de Jérusalem occupé par l'Etat hébreu depuis 1967 puis annexé.
Aucune trêve n'est envisageable tant qu'un "calme durable" n'est pas assuré, a menacé le ministre de la Défense israélien, Benny Gantz.
L'inquiétude grandit au sein de la communauté internationale, et le Conseil de sécurité de l'ONU se prépare à une nouvelle réunion d'urgence consacrée à cette crise sanglante.
Israël et le Hamas se dirigent vers une "guerre à grande échelle", a alerté mardi l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland: "Une guerre à Gaza serait dévastatrice et ce sont les gens ordinaires qui en paieraient le prix", dans ce micro-territoire palestinien de deux millions d'habitants sous blocus, miné par un taux de chômage avoisinant 50%.
En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré l'état d'urgence dans la ville mixte juive et arabe de Lod, où la police a fait état d'émeutes par la minorité arabe, le président Reuven Rivlin, dénonçant un "pogrom".
Certains observateurs craignent une aggravation des troubles civils alors que des manifestants brandissant des drapeaux palestiniens ont brûlé des voitures et des propriétés, affronté la police israélienne et attaqué des automobilistes juifs dans plusieurs villes mixtes du pays.
Les tensions ont aussi gagné la Cisjordanie occupée, où trois Palestiniens ont été abattus par l'armée israélienne depuis lundi.
"Assurer un calme durable"
Les flambées de violences entre Palestiniens et Israéliens depuis 2015
Pour l'armée, les frappes aériennes israéliennes sur Gaza, les plus nourries depuis 2014, se veulent une riposte aux "plus de 1.000 roquettes" lancées par des différents groupes armés vers l'Etat hébreu depuis lundi soir.
Sur ce total, 850 roquettes ont touché Israël ou ont été interceptées par le système de défense antiaérien, tandis que les autres se sont écrasées à l'intérieur de Gaza, selon le ministère de la Défense.
"L'armée continuera d'attaquer afin d'assurer", a affirmé M. Gantz lors d'une visite dans la ville israélienne d'Ashkelon.
Israël a lancé des centaines de frappes aériennes sur l'enclave côtière de Gaza contrôlée par le Hamas, visant ce que l'armée prétend être des sites militaires palestiniens.
Outre le nombre croissant de morts, 320 Palestiniens ont été blessés, dont beaucoup ont été sauvés des ruines fumantes de bâtiments. Côté israélien, plus de 100 personnes ont été blessées.
Préoccupée par l'escalade, la procureure en chef de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda a déclaré que des "crimes" pourraient avoir été commis.
Le Hamas avait lancé lundi des roquettes vers Israël en guise de "solidarité" avec les plus de 900 Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est occupé.
Tractations à l'ONU
Mardi soir, l'aviation israélienne a pulvérisé un édifice de 12 étages, où des ténors du Hamas avaient leurs bureaux, puis un autre édifice de neuf étages, comportant les locaux d'une télévision locale, des logements et des commerces.
L'armée dit avoir ciblé le "chef du renseignement militaire" du Hamas, Hassan Kaogi, et le "directeur du contre-espionnage" du mouvement islamiste armé, Waël Issa.
Dans la foulée de ces frappes nocturnes, le Hamas a lancé un nouveau barrage de roquettes ciblant encore la métropole israélienne de Tel-Aviv.
"Si (Israël) veut une escalade, la résistance est prête (...)", a prévenu le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, appelant les forces israéliennes à se retirer de l'esplanade des Mosquées, théâtre de heurts entre policiers israéliens et manifestants palestiniens.
Face aux violences, le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra mercredi une nouvelle réunion à huis clos en urgence, la deuxième en trois jours, d'après des sources diplomatiques.
La première réunion lundi s'était soldée sans déclaration commune en raison de réticences des Etats-Unis à adopter un texte "à ce stade".
Des sources diplomatiques avaient affirmé lundi à l'AFP que l'ONU, avec l'aide du Qatar et de l'Egypte, avait amorcé une médiation auprès des parties "concernées", afin d'obtenir une désescalade.