Chine: nouvelles restrictions sur les jeux vidéo en ligne, turbulences dans la tech

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Des personnes jouent à des jeux informatiques dans un cybercafé de Pékin, le 10 septembre 2021, quelques jours après que les autorités chinoises ont convoqué des entreprises de jeux, dont Tencent et NetEase, les deux leaders du marché des jeux en ligne en Chine, qui pèse plusieurs milliards de dollars, pour discuter de nouvelles mesures de restriction dans ce secteur.. (Photo par GREG BAKER / AFP)

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Pékin a annoncé vendredi son intention d'appliquer de nouvelles restrictions sur les jeux vidéo en ligne afin de lutter contre le phénomène d'addiction, secouant le monde de la tech qui a vu s'envoler des dizaines de milliards de dollars de capitalisation.

Les nouvelles mesures visent notamment l'achat de crédits en cours de session, de façon à enrayer le phénomène de jeu compulsif, a précisé l'autorité régulatrice. Le pays représente le premier marché mondial du jeu vidéo.

Cette annonce a aussitôt fait dévisser en Bourse les géants technologiques chinois du secteur, à commencer par le numéro un mondial Tencent, dont l'action a plongé de 15% à Hong Kong.

Le groupe a accusé une perte de capitalisation de pas moins de 54 milliards de dollars, selon l'agence financière Bloomberg News.

Autre colosse du secteur, Netease a vu son cours reculer de plus de 30%, la société XD de quelque 15% et le géant chinois du e-commerce Alibaba de 1,8%. Jusque là orienté à la hausse, l'indice Hang Seng a reculé de 4%.

Le gouvernement chinois a commencé à s'attaquer au secteur en 2021, dans le cadre d'un durcissement réglementaire général vis-à-vis des géants technologiques du pays.

Pékin a notamment imposé une limite stricte au temps que les enfants peuvent passer à jouer en ligne, et avait gelé pendant des mois les autorisations de mise sur le marché de nouveaux jeux.

Ces derniers temps cependant, le secteur espérait que Pékin se montre désormais plus clément à son encontre.

Le projet de règlement annoncé vendredi prévoit de plafonner le rechargement des portefeuilles dans les jeux et d'abolir les fonctions permettant d'augmenter le temps de jeu, qui sont souvent offertes en récompense à des connexions régulières.

Des messages d'alerte "pop-up" avertissant les joueurs qu'ils se comportent de manière "irrationnelle" devraient également faire leur apparition.

"Tour de vis"

L'autorité de régulation avait annoncé l'an passé que la Chine avait "résolu" le problème de l'addiction des jeunes aux jeux.

Mais les nouvelles mesures "semblent indiquer que le large tour de vis sur la tech se poursuit, et pourrait même devenir plus agressif", estime auprès de l'AFP Michael Brown, analyste chez Pepperstone.

Depuis 2021, le temps de jeu des mineurs durant le temps scolaire est limité à trois créneaux de 20H00 à 21H00 les vendredis, samedis et dimanches. Une carte d'identité est exigée.

Pour M. Brown, la mesure, qui a pris le secteur par surprise, peut être motivée par la volonté d'orienter les dépenses des consommateurs vers d'autres secteurs, dans un contexte de ralentissement économique.

Elle peut aussi viser à inciter davantage de jeunes à rechercher un emploi, le taux de chômage des 16-24 ans ayant atteint un record de 21,3% selon les derniers chiffres, publiés en juin.

En attendant, le texte "frappe de plein fouet la grande majorité des opérateurs de jeux en Chine" et va les obliger à "revoir complètement leurs modèles de monétisation", estime Zeng Xiaofeng du cabinet Niko Partners, interrogé par Bloomberg.

Les nouvelles mesures pourraient toutefois s'avérer bénéfiques pour les créateurs indépendants misant sur le haut de gamme et l'innovation, estime Cheng Gong, PDG du studio Hanjia Songshu.

"Le secteur avait un peu le sentiment que le mauvais argent chassait le bon argent", avec une surenchère publicitaire pour attirer un maximum de joueurs aux dépens de la créativité, indique-t-il à l'AFP.

Le projet de règlement réitère par ailleurs l'interdiction de contenus de jeux en ligne qui "mettent en péril l'unité nationale" ou "la sécurité nationale", ou encore qui "nuisent à la réputation et aux intérêts nationaux". (AFP)

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