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Comptage de l'absentéisme scolaire durant l'Aïd Al-Fitr, à quand une étoile verte pour les musulmans ?
Une affaire qui n’est pas sans rappeler la persécution des juifs et l’obligation du port de l’étoile jaune
Paris - Le scandale du comptage du taux d'absentéisme scolaire à l'occasion de l'Aïd Al-Fitr dans certaines académies en France suscite l'indignation de la communauté éducative et de vives inquiétudes de plusieurs acteurs politiques, syndicaux et associatifs. Même si la plupart en France s’abstienne de le formuler clairement, cette affaire renvoie à l’obligation du port d’une étoile jaune par les juifs et la persécution des petits juifs dans les écoles pendant la seconde guerre mondiale. D’ici, on se demande si Gérald Darmin, au train où va son extrême-droitisation, ne finira pas par imposer aux musulmans de France le port d’une étoile verte.
Tout a commencé à Toulouse (sud-ouest), où des policiers ont demandé aux chefs d'établissements scolaires, par mail, de leur indiquer le nombre d'élèves absents le jour de l'Aïd Al-Fitr.
Le ministère de l'Intérieur, via un communiqué de la Secrétaire d’État chargée de la citoyenneté, Sonia Backès, a reconnu que "le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer étudie régulièrement l'impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, et notamment au sein de la sphère scolaire".
Ce scandale a suscité une cascade de réactions, notamment de l'ancien Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, qui a demandé que le ministre de l'Intérieur '’fasse la lumière’’ sur ces recensements.
‘’C'est n'importe quoi là franchement. On est dans une situation invraisemblable. Je demande à ce que le ministre de l'Intérieur (Gérald Darmanin) fasse la lumière sur cette affaire. Qu'il nous indique si c'est une directive ou si des policiers, en leur nom personnel, ont décidé ce fichage dans l'ensemble de la ville’’, a dit, sur Radio J, l'ancien député socialiste.
‘’Qu'est-ce qui a conduit à ce que des policiers décident de s'adresser aux chefs d'établissements (scolaires) pour connaître le taux d'absentéisme ? Qu'est-ce qu'ils cherchaient ? C'est ça qu'il faut savoir’’, a-t-il ajouté, en évoquant ‘’vraisemblablement’’ de la discrimination.
‘’Il faut faire la lumière sur cette affaire, ça fait partie des dysfonctionnements et de la déconstruction républicaine que nous vivons en ce moment’’, a-t-il jugé, cité par les médias, évoquant ‘’un fichage dans l'ensemble de la ville’’.
De son côté, l'association SOS Racisme s'est indignée d'une demande ‘’particulièrement choquante’’, en ce sens qu’elle ‘’associe la pratique religieuse musulmane à une question de sécurité ou de renseignement intérieur’’.
SOS Racisme dénonce cet ‘’amalgame douteux et manifestement fondé sur des préjugés antimusulmans si puissants qu’ils aboutissent à une demande rompant avec plusieurs principes essentiels", s’alarmant que le "comportement du ministère de l’Intérieur, resté silencieux face à un dysfonctionnement manifeste de l’un de ses services”.
L’Association demande au ministère d’établir les raisons qui ont pu mener des fonctionnaires de la police de Haute-Garonne à formuler une telle demande.
Pour Dominique Sopo, président de SOS Racisme, "s’il existe un “problème musulman” dans la tête de quelques fonctionnaires, il est de la responsabilité des ministres dont ils dépendent de s’en préoccuper et de mettre en oeuvre pour que ce penchant soit combattu ou, à minima, qu’il n’emporte aucune conséquence dans le traitement des individus de l’administration".
La demande faite par les forces de l'ordre ‘’rompt avec plusieurs principes essentiels’’, comme la ‘’laïcité ou l'égalité’’, estime l’ONG
Elle fait observer que le ministère de l’Intérieur ”fait preuve d’une coupable désinvolture lorsqu’il s’agit de s’expliquer sur un acte qui relève donc d’une consigne qu’il a émise”.
Face à ces révélations, “l’inquiétude et l’incompréhension qu’elles suscitent”, l’Union des Mosquées de France (UMF) a appelé “les pouvoirs publics à faire toute la lumière sur ce qui s’est réellement passé”.
“Une enquête en bonne et due forme doit être diligentée dans les plus brefs délais et les sanctions qui s’imposent doivent être prises et rendues publiques. Les familles doivent être dûment informées et rassurées du devenir des informations données par certains chefs d’établissements ayant, malheureusement, répondu à la sollicitation des policiers”, relève l’Union dans un communiqué.