L'Afrique du Sud – Ukraine : La menace de sanctions, une atteinte à la souveraineté du pays

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Le porte-parole de la Présidence sud-africaine, Vincent Magwenya - Un groupe de législateurs démocrates et républicains américains a demandé à la Maison Blanche de déplacer le Sommet de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act) de cette année loin de l'Afrique du Sud

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Johannesburg - L’Afrique du Sud a critiqué, mardi, les déclarations selon lesquelles le pays pourrait faire face à des sanctions s'il y avait des preuves que le gouvernement faisait de la contrebande d'armes et de munitions vers la Russie.

S'exprimant lors d'une conférence de presse à Pretoria, le porte-parole de la Présidence, Vincent Magwenya, a rejeté ces avertissements les qualifiant d'alarmistes. "Nous sommes un peu surpris de ces déclarations sur d’éventuelles sanctions et nous trouvons qu'elles portent atteinte à la souveraineté de l'Afrique du Sud", a-t-il dit.

Le porte-parole a, en outre, démenti les accusations des États-Unis selon lesquelles l’Afrique du Sud aurait fourni des armes et des munitions à la Russie dans son conflit avec l'Ukraine.

En mai dernier, l’ambassadeur des États-Unis à Pretoria, Reuben Brigety, avait déclaré que son pays est convaincu que «des armes et des munitions ont été chargées», début décembre 2022, à bord d’un cargo russe amarré près du Cap, en dépit de la neutralité déclarée de l’Afrique du Sud dans ce conflit.

L'administration du Président Cyril Ramaphosa a de nouveau fait l'objet de vives critiques, alors que le pays s'efforçait de gérer les retombées politiques déclenchées par les allégations accablantes de l'ambassadeur américain.

Pour de nombreux économistes et observateurs, les sanctions contre l'Afrique du Sud pourraient encore freiner la croissance de son économie fragile.

Dans ce contexte de tensions géopolitiques, la Banque centrale sud-africaine a mis en garde contre les implications économiques de la position de l’Afrique du Sud sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie.

La Banque a déclaré que le pire scénario incluait un moratoire sur les entrées de capitaux affectant la capacité du pays à faire des affaires si les paiements internationaux étaient interrompus.

Dans une déclaration devant le Parlement, le gouverneur de la Banque, Lesetja Kganyago, a indiqué que la situation géopolitique ainsi que l’inscription de l’Afrique du Sud sur la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI) pourraient tous constituer un risque pour la stabilité financière du pays.

Il a soutenu que l'appartenance de l'Afrique du Sud au bloc des BRICS, un groupe de cinq pays comprenant également la Chine, la Russie, l’Inde et le Brésil, et ses engagements réguliers avec Moscou rendaient difficile pour elle Pretoria de paraître convaincante dans sa position neutre envers le conflit en Ukraine.

M. Kganyago a expliqué que les sanctions limiteraient la capacité de l'Afrique du Sud à effectuer des paiements en dollars américains et rendraient difficiles les transactions internationales. Les sanctions nuiraient aux relations de l'Afrique du Sud avec ses principaux partenaires commerciaux et auraient un impact sur les accords commerciaux préférentiels, a-t-il avertit.

Un groupe de législateurs démocrates et républicains américains a demandé à la Maison Blanche de déplacer le Sommet de l'AGOA (African Growth and Opportunity Act) de cette année loin de l'Afrique du Sud, car ils avertissent que le pays semble sur le point de perdre son statut AGOA.

L'AGOA donne un accès en franchise de droits à 25 % des exportations sud-africaines vers les États-Unis, le deuxième plus grand partenaire commercial de l'Afrique du Sud après la Chine.

Dans une lettre datée du 9 juin et adressée au Secrétaire d'État américain, Antony Blinken, à la Représentante au commerce Katherine Tai et au Conseiller à la sécurité nationale, Jacob Sullivan, le groupe a déclaré : « Nous nous demandons si un pays en danger de perdre les avantages de l'AGOA devrait avoir le privilège d'accueillir le Forum AGOA 2023».

 

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