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Le rejet en mer de l'eau de Fukushima, suscitel a colère de la Chine et des Coréens
27 mars 2011, un manifestant contre les centrales nucléaires devant le siège de Tokyo Electric Power Co, après que la centrale nucléaire de Fukushima a été frappée par un tremblement de terre et un tsunami massifs. Le premier ministre japonais a déclaré le 22 août 2023 que le déversement dans le Pacifique de l'eau de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima commencerait le 24 août, malgré l'opposition des pêcheurs et les protestations de la Chine. (Photo YOSHIKAZU TSUNO / AFP)
Le rejet dans l'océan Pacifique de l'eau de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima doit commencer jeudi, a déclaré mardi le Premier ministre japonais, déclenchant des restrictions à Hong Kong sur les produits de la mer nippons et une condamnation par la Chine.
Ce processus a été validé début juillet par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et Tokyo assure qu'il sera sans danger pour l'environnement et la santé humaine. Mais l'opération, qui doit durer des décennies, suscite de vives inquiétudes et critiques, notamment de la Chine.
"L'océan est la propriété de toute l'humanité, ce n'est pas un lieu où le Japon peut arbitrairement rejeter de l'eau contaminée", a fustigé mardi devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.
Pékin a interdit dès le mois dernier les importations de produits alimentaires de dix départements japonais, dont celui de Fukushima, et procède à des tests de radiations sur les denrées provenant du reste du pays.
Hong Kong a aussi décidé mardi d'interdire "immédiatement" les importations de produits de la mer provenant de dix départements japonais.
Des associations sud-coréennes ont organisé de leur coté, mardi, des manifestations suite à l’annonce par le Japon du rejet imminent dans l’océan des eaux radioactives provenant de la centrale nucléaire de Fukushima.
L’opération de rejet dans l’océan Pacifique de l’eau traitée de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi (nord-est) doit commencer jeudi, a déclaré plus tôt le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Une coalition d’associations a tenu une conférence de presse devant l’ambassade du Japon dans le centre de Séoul, appelant Tokyo à revenir sur cette décision.
"Malgré les témoignages d’experts qui mettent en doute la sécurité du déversement de l’eau contaminée de Fukushima et les appels à des alternatives claires, le gouvernement japonais fait pression pour que le déversement dans l’océan soit le moins cher et le plus pratique possible", a déploré la coalition au cours de la conférence.
Elle a également critiqué le gouvernement sud-coréen qui n’a pris aucune mesure pour protéger la santé et la sécurité de ses citoyens et qui, au contraire, a défendu l’initiative japonaise.
Tokyo prévoit de rejeter en mer plus de 1,3 million de m3 d'eau de la centrale de Fukushima Daiichi provenant d'eau de pluie, de nappes souterraines et des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs entrés en fusion après le tsunami de mars 2011 qui a dévasté la côte nord-est du pays.
Ces eaux ont été traitées au préalable pour les débarrasser de leurs substances radioactives, à l'exception toutefois du tritium, qui n'a pas pu être retiré avec les technologies existantes.
Seules des doses hautement concentrées de tritium sont nocives pour la santé, selon les experts.
Aussi Tepco, l'opérateur de la centrale de Fukushima, prévoit-il un rejet dans l'océan étalé jusqu'au début des années 2050, à raison de 500.000 litres par jour maximum, et avec une dilution pour réduire le niveau de radioactivité de l'eau tritiée bien en deçà des normes nationales pour cette catégorie.
Les pêcheurs japonais inquiets
Le Japon affirme par conséquent que cette opération ne présente aucune menace pour l'environnement marin et la santé humaine. L'AIEA, qui contrôle le projet, est du même avis et a donné son feu vert en juillet.
L'opération commencera jeudi "si les conditions météo le permettent", selon le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Du personnel de l'AIEA travaille sur place pour s'assurer que le projet "reste conforme aux normes de sécurité" et mettra à disposition de la communauté internationale des données de suivi "en temps réel et quasi-réel", a précisé mardi l'agence dans un communiqué. Tepco et l'agence japonaise de la pêche mettront aussi des données de contrôle en ligne.
"Le gouvernement japonais a opté pour une fausse solution - des décennies de pollution radioactive délibérée dans l'environnement marin - à un moment où les océans du monde sont déjà sous haute tension", a dénoncé mardi Greenpeace dans un communiqué.
L'industrie japonaise de la pêche redoute quant à elle des conséquences néfastes pour l'image de ses produits, auprès des consommateurs nippons comme à l'étranger.
"Nous sommes toujours opposés au rejet de l'eau" car "la sécurité scientifique n'équivaut pas nécessairement à un sentiment de sécurité dans la société", a déclaré lundi son représentant, Masanobu Sakamoto, à l'issue d'une rencontre avec M. Kishida.
Situation "exploitée" par Pékin
Le Japon va demander la fin des restrictions commerciales chinoises en mettant en avant des "preuves scientifiques", a assuré mardi M. Kishida.
Il a promis des mesures pour soutenir la filière japonaise de la pêche en encourageant sa production et la consommation intérieure de ses produits, ainsi qu'en ouvrant de nouveaux marchés à l'export. Un fonds de 30 milliards de yens (190 millions d'euros) est également prévu pour faire face au risque d'une perte d'image.
Les craintes de la Chine sont peut-être sincères, mais son ton véhément s'explique probablement aussi par les tensions géopolitiques et économiques entre Pékin et Tokyo, selon James Brady, analyste du cabinet d'études Teneo.
Pékin peut ainsi "exploiter" la problématique de l'eau de Fukushima en essayant d'"exacerber" les divisions internes au Japon sur le sujet, exercer une "certaine pression" sur le commerce extérieur nippon et tenter de perturber le récent réchauffement des liens entre Tokyo et Séoul, estime M. Brady, interrogé par l'AFP.
Séoul n'a pas formulé d'objection au projet japonais, même si la population sud-coréenne s'inquiète également.
Par la voix du porte-parole de son ministre des Affaires étrangères, Taïwan, un autre grand client asiatique des produits de la mer japonais, a aussi adopté un langage mesuré mardi, disant "respecter" les évaluations des experts scientifiques internationaux sur le sujet. (Quid avec AFP)