L’insolvabilité d’Evergrande fait planer le spectre d'une crise financière mondiale

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L'Etat chinois laissera-t-il une entreprise d’une telle envergure s'effondrer ou interviendra-t-il pour sauver la donne au risque d’encourager d’autres entreprises à l’endettement effréné ?

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Par Zin El Abidine TAIMOURI (MAP) 

Casablanca - La faillite potentielle du géant chinois de la promotion immobilière, Evergrande, laisse planer le spectre d'une crise financière internationale dont les prémices ont été observées dans le repli, lundi, des cours boursiers, notamment à Hong-Kong et à Paris.

Endetté à hauteur de 300 milliards de dollars, la chute du promoteur immobilier chinois Evergrande Real Estate Group menace désormais l'économie mondiale et fait ainsi basculer plusieurs places boursières internationales dans le rouge.

Alors que le cours boursier du conglomérat chinois a connu une nouvelle chute brutale de 17% en début de semaine, atteignant un repli de 84% depuis le début de l’année, la faillite potentielle du géant immobilier aurait pour conséquence le défaut de paiement des créanciers représentés majoritairement par des banques chinoises ayant confié leurs obligations à des tiers.

Là ne s'arrêtent pas les retombées de cette éventuelle banqueroute puisque près de la moitié de la dette d’Evergrande a été contractée auprès de particuliers qui ont réalisé des acquisitions de logements sur plans et qui se sont, eux-mêmes, souvent endettés auprès de leurs proches. Au bout de la chaîne, le ralentissement de l’immobilier pourrait toucher les producteurs d’acier et autres matériaux de construction.

Néanmoins, il est attendu qu’Evergrande procède, ce jeudi, au paiement d’une partie de ses créances, un événement qui sera suivi par les spécialistes du monde entier et qui prédira de façon plus claire l’avenir du mastodonte chinois qui emploie 200.000 personnes et génère indirectement 3,8 millions d'emplois.

Pour l’heure, les médias chinois rapportent que dans une lettre adressée au personnel, le fondateur et actuel président du groupe, Xu Jiayin, a affirmé "avoir la ferme conviction qu'Evergrande sera bientôt en mesure de sortir de sa période la plus sombre".

Il a également assuré que les chantiers reprendront complètement pour garantir la livraison et qu’il “apportera une réponse aux acheteurs, aux investisseurs, aux partenaires et institutions financières”.

Mercredi, le groupe a adressé un communiqué à la Bourse de Shenzhen, ville du Sud de la Chine abritant le siège d’Evergrande, dans lequel il affirme qu’une de ses filiales, Hengda, a négocié un plan de remboursement d’une obligation portant sur 30,5 millions d’euros. Sauf que la situation reste d’autant plus compliquée que d’autres obligations arrivent à échéance jeudi.

Ce marasme économique dont fait l’objet Evergrande n’a pas eu l’effet d’une surprise dans les milieux financiers puisqu’en 2012, le cabinet Citron Research se montre déjà alarmiste sur la situation du groupe jugé “insolvable” et accusé de présenter des informations frauduleuses aux investisseurs, avant d’être condamné en 2019 par la justice de Hong Kong pour diffusion de fausses informations.

Il en va également des choix stratégiques de l’entreprise, fondée en 1996 et introduite à la Bourse de Hong Kong en 2009, qui a multiplié les investissements dans des secteurs autres que l’immobilier, à l’instar de l’alimentation, des véhicules électriques, du tourisme, de la santé et même du football avec l’acquisition du club de football chinois Guangzhou Evergrande.

L’ascension fulgurante du joyau de l’économie chinoise se poursuit alors à coup d’endettement, notamment en 2015 lors du krach boursier en Chine. Et comme un malheur ne vient jamais seul, la pandémie du Coronavirus apparue en 2019 à Wuhan, dans la province de Hubei en Chine, a asséné un nouveau coup au groupe avec la cessation forcée d’un certain nombre de ses activités.

Dès lors, une question se pose : l'Etat chinois laissera-t-il une entreprise d’une telle envergure s'effondrer ou interviendra-t-il pour sauver la donne au risque d’encourager d’autres entreprises à l’endettement effréné ?

 

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