Actu
M. Tebboune, comme un disque rayé…
Par Mokhtar Salamate – Réponse à l’interview du président algérien sur France 24
Le président algérien, Abdelmajid Tebboune, se lâche, d’une manière très primaire, sur le Maroc dans ses récentes interview. A France 24, récemment. C’est son droit le plus absolu. Mais ce type de propos sont-ils à la hauteur de celui qui occupe, actuellement, la fonction suprême en Algérie.
De la profondeur de vue, de la vision stratégique, un registre sémantique de haut niveau, une contribution décisive à la paix dans la région… On s’attendait de la part de M. Tebboune à un vrai discours présidentiel mais hélas nous avons eu à faire à une logorrhée désuète dépassée par les évènements. Prisonnier des fantômes du passé, le président algérien ressassait les idées d’antan qui ont toutes été invalidées par la réalité.
Arrivé à El Mouradia sur un tank de l’armée, M. Tebboune a du mal à incarner un pouvoir légitime porté par un vote démocratique et populaire. Plus que cela, il n’arrive pas à produire un discours novateur, à présenter une pratique institutionnelle en rupture avec le passé, à incarner un changement qui donne de l’espoir aux Algériens ou qui peut donner à l’Algérie dans le concert des nations un visage moderne, démocratique, ouvert ou attaché à la paix et à la coexistence créative entre les pays.
Comme un disque rayé, il répète indéfiniment une boucle nauséeuse, dont la haine du Maroc est le moteur exclusif, le seul horizon. Le prétexte supposé être stratégique du Sahara a perdu de sa fraicheur et de sa pertinence. Le monde a changé. Les Algériens aussi. Mais le régime militaire algérien mal déguisé ne convainc plus.
Le sujet unique du Sahara marocain et l’anti-marocanisme primaire ont usé la diplomatie algérienne autrefois flamboyante. Elle n’a plus de perspective, plus d’idées, plus de projection. Elle est stérilisée par ce sujet unique qui a asséché toutes ses ressources matérielles et intellectuelles et quia saturé tous ses alliés..
Le dossier du Sahara siphonne toutes les énergies et les ressources depuis 40 ans sans que cela ne donne un résultat tangible au profit du peuple algérien. Cela donne seulement des centaines de diplomates qui errent sans boussole crédible dans les couloirs sombres des organisations internationales en ânonnant : Sahara, Sahara, Sahara, et en harcelant tous leurs interlocuteurs : Maroc, Maroc, Maroc.
Le régime algérien focalisé sur le Maroc a raté tous ses rendez-vous majeurs : la diversification de son économie, la transition énergétique, la mise en place d’une agriculture moderne à haute valeur ajoutée, une vraie diversité culturelle, un pluralisme politique authentique etc.
Rien de tout cela n’a été fait sauf une course ridicule vers l’armement, une antagonissation durable d’un voisin, une prédation économique généralisée, une classe politique exténuée, une société civile mise sous éteignoir avant son réveil avec le Hirak. Le bilan n’est pas à la hauteur des aspirations du peuple algérien ni du potentiel énorme de ce pays.
M. Tebboune veut continuer à entretenir la vulgate anti-marocaine pour enfumer les Algériens. Le Maroc sert depuis plus de 40 ans d’exutoire au régime militaire mais les Algériens se sont réveillés. La supercherie ne marche plus, elle ne justifie ni les dépenses militaires surfacturées, ni la mise en coupe réglée de l’économie du pays, ni l’échec lamentable de l’image du pays sur les 5 continents. Réveillez-vous M. Tebboune, vous datez !
Maintenant, revenons sur l’interview de France 24. La pauvreté de cette interview sur le plan strict de la communication politique est affligeante. Où est la perspective ? Où est la nouveauté exaltante ? Où est le leadership mobilisateur ? Où est le verbe qui fait rêver d’un jour nouveau ou d’un lendemain meilleur. C’est une TSF du passé qui débite les sornettes du passé. Les nouveaux paradigmes ont effacé toutes les certitudes enkystées et toutes les impostures contreproductives. Il n’y a que M. Tebboune, et ses commanditaires, qui ne se sont pas rendu compte que leur monde est fini. Ça en devient risible !
Y a-t-il quelqu’un en Algérie, aujourd’hui, capable d’intelligence stratégique pour placer son pays dans la modernité et le sortir des convulsions toxiques du passé. D’imaginer une vision régionale qui place la région du Maghreb dans la complémentarité, la synergie, la diversité et le développement durable. De solder les idéologies du passé et d’ouvrir d’authentiques espaces démocratiques. De signer la mort politique du Boumedienisme et de constater que le fameux caillou de, justement, Boumediene a, désormais, changé de chaussure.
M. Tebboune, dans toutes les transitions politiques, votre profil est connu. Un cataplasme sur une jambe de bois. Vous n’incarnez pas l’avenir. Vous ne pouvez pas. Vous incarnez, momentanément, un passé finissant qui ne veut pas se rendre à l’évidence, au grand dam des Algériens, que tout est fini. Une Algérie nouvelle arrive irrésistible et fraternelle. Patriote et ouverte sur le monde. Intelligente et soucieuse de sa vraie histoire. C’est cette Algérie qui va reformuler un nouveau récit national au pays, humaniste, authentique et crédible, et qui va fermer la parenthèse de la spoliation de l’indépendance algérienne par de faux héros et de vrais gangsters. La boucle sera alors bouclée, M. Tebboune. Et le Maroc n’y sera pour rien.