Marrakech : L’incertitude radicale et la dette angoissent le Bretton Woods system

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Le premier ministre marocain Aziz Akhannouch (C) et la délégation marocaine assistent à la séance plénière des Assemblées annuelles 2023 du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale (GBM), à Marrakech, le 13 octobre 2023. (Photo FADEL SENNA / AFP)

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La Séance plénière des Assemblées annuelles BM/FMI

La séance plénière des Assemblées annuelles du groupe de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) s’est ouverte, vendredi à Marrakech, en présence de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, et du président de la BM, Ajay Banga.

Ont pris part à cette séance plénière, pour le Maroc, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah, le Wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, ainsi que plusieurs autres membres du gouvernement et les représentants des délégations participantes à cette grand-messe mondiale.

Cet événement planétaire, qui revient en terre africaine 50 ans après, connait la participation de responsables financiers et bancaires et d’économistes venant de 190 pays membres.

La dette doit servir du développement

La dette doit être exploitée de manière à stimuler le développement des pays et ne pas constituer un handicap à la croissance, ont affirmé, jeudi à Marrakech, les responsables du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale (BM).

Le fardeau d’endettement limite la capacité des pays émergents et des économies à faible revenu à investir dans les secteurs clés, telles l’éducation, la santé et les infrastructures, a souligné, le président de la Banque Mondiale (BM), Ajay Banga, qui intervenait à un séminaire sur la "Priorité de réformes pour faire face à la dette", organisé à l’occasion des Assemblées annuelles de la BM et du FMI.

Il a indiqué que les vulnérabilités de la dette dans les pays à revenu faible et les pays à revenu moyen doivent être traitées de manière systématique et globale, notant que cela devrait se faire dans le cadre d’une réforme globale des institutions financières internationales de manière à adapter leurs prestations selon le niveau de développement de chaque pays.

M. Banga a, en outre, souligné l’importance d’explorer de nouvelles options pour renforcer la résilience des pays aux risques d’endettement, à travers des réformes visant à améliorer les politiques des dépenses, à optimiser la mobilisation des recettes intérieures et à renforcer la gestion de la dette.

Pour la Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, il faut orienter les investissements vers les secteurs générateurs de valeur ajoutée et de marges financières importantes, en vue de permettre aux pays de gérer efficacement leurs finances publiques et éviter d’entrer dans un cercle vicieux d’endettement.

Mme Georgieva a également mis en avant l’importance du financement concessionnel et de l’assistance technique dans la gestion de la dette pour les pays surendettés, mais aussi une amélioration des processus de restructuration qui permettent d’alléger le fardeau de la dette en temps voulu et de manière prévisible.

De même, elle a indiqué que les cadres de gestion et de résolution de la dette publique doivent être renforcés, en améliorant la gestion de la dette extérieure et intérieure, et en rendant les processus de restructuration de la dette plus efficaces et plus rapides.

L’"incertitude radicale" dans le monde appelle un meilleur scénario pour les 50 prochaines années

L’"incertitude radicale" qui règne actuellement dans le monde appelle à la conception d’un meilleur scénario pour les cinquante prochaines années, a affirmé, vendredi à Marrakech, la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.

Lors de la séance plénière des Assemblées annuelles à Marrakech, Mme Georgieva a souligné qu’il s’agit notamment du renforcement de l’investissement sur des bases économiques solides et dans la coopération internationale, relevant que ces idées sont incarnées dans les principes de Marrakech, énoncés cette semaine avec la Banque mondiale et le gouvernement marocain.

Selon elle, cette orientation passe par la mise en place de politiques et de réformes appropriées, la promotion de l’action publique et l’implication du secteur privé, le tout dans l’objectif de lutter contre l’inflation et de réduire la pauvreté et les inégalités.

"Il est clair que nous sommes dans une période qui sera longtemps marquée par des taux d’intérêt élevés, mais un durcissement brutal des conditions financières pourrait nuire aux marchés et aux établissements bancaires et non bancaires", a-t-elle expliqué.

Dans ce sillage, a poursuivi Mme Georgieva, la prudence s’impose plus que jamais dans la conduite de la politique budgétaire, parce que la dette et les déficits sont bien supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie, appelant à des réformes porteuses de transformation pour stimuler la croissance à moyen terme. La mise en œuvre de réformes adéquates comme celles-ci pourraient augmenter les niveaux de production de 8% en quatre ans, a-t-elle estimé.

Pour financer ces actions, elle a prôné, parallèlement au financement extérieur, des réformes fiscales qui pourraient dégager des recettes supplémentaires représentant jusqu’à 5% du PIB pour les pays émergents et 9% pour les pays à faible revenu.

Mme Georgieva a également tenu à rendre hommage au Roi Mohammed VI, au gouvernement et au peuple marocains.

"Vous avez montré au monde la signification des termes courage et résilience, ainsi que la grandeur de votre culture, de votre hospitalité et de vos cœurs", a-t-elle soutenu.

La santé en Afrique dépend du développement de la production locale

Les pays d’Afrique où seulement 30% des établissements de santé disposent des équipements et des ressources nécessaires pour réaliser les examens médicaux et ne dispose que d’environ 34% de ses besoins en agents de santé, sont dans l’urgence de renforcer leur production locale pour favoriser la flexibilité et la résilience des systèmes de santé à l’échelle continentale.

C’est la conclusion à laquelle sont arrivés les participants à une conférence organisée, jeudi à Marrakech, dans le cadre des Assemblées Annuelles du Groupe de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI). Ils ont affirmé que le continent africain est tenu à développer ses capacités pour augmenter sa production locale au lieu de dépendre de l’importation, notant que les pays africains importent environ 99% de leurs besoins en vaccins.

Constatant que la majorité des pays africains n’investissent pas assez dans le domaine médical, ils ont mis l’accent sur la nécessité de conjuguer les efforts des secteurs public et privé, au vu de la contribution que peut apporter ce dernier à l’investissement dans les produits médicaux et à l’innovation qui fait figure de levier essentiel dans le domaine médical.

Cadre commun du G-20 : des retards à rattraper et des dettes difficiles à annuler

Le Cadre commun, conçu par le G-20, montre des signes encourageants, en dépit des retards à rattraper dans sa mise œuvre pour aider les pays à restructurer leurs dettes, a assuré, jeudi à Marrakech, la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Kristalina Georgieva.

La Cadre commun réunit pour la première fois les créanciers traditionnels du Club de Paris et les nouveaux créanciers à savoir la Chine, l’Arabie Saoudite, l’Inde, le Brésil, les Émirats arabes unis, outre ceux du secteur privé.

"Le Cadre commun n’a pas donné les résultats escomptés de façon rapide à ceux qui ont cherché à y recourir pour restructurer leurs dettes, mais nous constatons des signes encourageants", a affirmé Mme Georgieva, lors d’une conférence de presse tenue à l’occasion des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, qui se poursuivent jusqu’au 15 octobre à la cité ocre.

Ces retards sont réduits progressivement, a-t-elle soutenu, précisant qu’il a fallu, par exemple, attendre onze mois pour aider le Tchad, neuf mois pour la Zambie, six pour le Sri Lanka et cinq pour le Ghana.

La diversité de ce cadre nécessite, toutefois, de veiller constamment à accroitre l’efficacité et la rapidité de ce dispositif, sans pour autant l’abandonner, parce que son absence serait un retour à un environnement beaucoup moins prévisible", a-t-elle averti.

S’agissant de l’annulation de la dette, Mme Georgieva a souligné qu’une telle mesure serait "extrêmement difficile" à mettre en place de par la multitude de créanciers et la différence des configurations.

Pour procéder à la restructuration de la dette, elle a estimé qu’une évaluation réaliste et objective de la situation dans chaque pays est à privilégier et ce, avec l’implication de tous les acteurs concernés.

Lekjaa exalte les relations Maroc- institutions financières internationales 

L’accueil par e Maroc des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI) reflète les relations distinguées entre le Royaume et les institutions financières internationales, a affirmé, jeudi à Marrakech, le ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, Fouzi Lekjaa.

Le niveau distingué de ces relations s’est traduit, cette année, à travers plusieurs initiatives, notamment la ligne de crédit de 5 milliards de dollars accordée par le FMI au Maroc, a précisé M. Lekjaa, dans une déclaration à la presse en marge de ces Assemblées.

Il a souligné que la tenue au Maroc de cet évènement économique mondial est le fruit de la politique de développement, menée sous la conduite éclairée du Roi Mohammed VI depuis plus de deux décennies, ajoutant qu’il s’agit aussi d’une confirmation du leadership du Royaume en matière d’organisation des grandes manifestations internationales.

Après le séisme d’Al Haouz, elles sont une preuve de la capacité remarquable du Maroc à faire face aux différents défis.

Evoquant la Déclaration de Marrakech, publiée mercredi par le Maroc, la BM et le FMI, M. Lekjaa a précisé qu’elle confirme l’ambition et la détermination des institutions internationales, de la société civile et des gouvernements pour limiter l’impact des crises mondiales qui se succèdent, notamment la pandémie du Covid-19, le conflit entre la Russie et l’Ukraine et les défis climatiques que le Royaume ambitionne non seulement d’en dépasser les répercussions, mais aussi d’aller de l’avant à pas sûrs pour intégrer le club des pays émergents à l’horizon 2025.

Bourita s’entretient avec plusieurs hauts responsables étrangers

Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, s’est entretenu, jeudi à Marrakech, avec plusieurs hauts responsables étrangers.
Ces entretiens l’ont réuni aux la Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies, Amina Mohammed, la Secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, la ministre fédérale allemande de la Coopération économique et du Développement, Svenja Schultze, le ministre danois de la Coopération au développement et de la politique du climat, Dan Jorgensen, et la ministre suédoise des Finances, Elisabeth Svantesson.

Au cours de ces entrevues, M. Bourita et ses interlocuteurs ont passé en revue les perspectives de coopération bilatérale, réaffirmant leur disposition à continuer de renforcer davantage ces relations.

L’ONU se félicite 

Le président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Dennis Francis, s’est félicité de la tenue au Maroc des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, un événement d’envergure qui réunit le gotha du monde économique et financier pour débattre des grands dossiers de développement.

"Il est louable que le Maroc accueille ces réunions internationales. Le Maroc mène le plaidoyer auprès de l’Assemblée générale au nom des pays à revenu intermédiaire partageant les mêmes idées", a indiqué le haut responsable onusien dans un entretien accordé à la MAP à l’occasion de ces Assemblées qui se déroulent à Marrakech jusqu’au 15 octobre.

Le FMI prépare un manuel virtuel sur la monnaie numérique

Le Fonds monétaire international (FMI) est en train de préparer un manuel virtuel sur la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) qui servira de recueil d’expériences, a indiqué, jeudi à Marrakech, Bo LI, directeur général adjoint du FMI, en marge des Assemblées annuelles de la Banque mondiale (BM) et du FMI.

Lors d’une intervention pré-enregistrée diffusée lors d’un panel tenu sous le thème "Préparer l’avenir : Leçons tirées des monnaies numériques des banques centrales" dans le cadre du Forum de la nouvelle économie, M. Li a expliqué que ce manuel servira au développement des capacités et sera une source d’inspiration pour les pays qui veulent explorer la MNBC.

Il a fait état de la publication, le mois dernier, de cinq nouveaux documents sur la MNBC qui couvrent des cas pratiques pour aborder l’exploration de cette monnaie, ainsi que des implications pour la transmission de la politique monétaire, la gestion des capitaux et l’inclusion financière.

Intervenant à cette occasion, Adrian Tobias, Conseiller financier et directeur du département des marchés monétaires et de capitaux du FMI, a expliqué qu’à travers ce manuel, le Fonds n’essaye pas de dicter aux banques centrales ce qu’elles doivent faire, mais à faciliter le processus de prise de décision.

"Nous avons 190 pays et nous estimons qu’au moins 100 d’entre eux explorent activement les MNBC", a-t-il dit, relevant que l’instauration de cette monnaie exige des choix technologiques, opérationnels, de gouvernance et juridiques. Ces choix, a soutenu M. Tobias, détermineront dans quelle mesure la MNBC atteindra les objectifs spécifiques que les autorités ont fixés.

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