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Mohammed VI et son Maroc dans le livre de Nicolas Sarkozy
Le Roi Mohammed VI du Maroc recevant l’ancien président français Nicolas Sarkozy au Palais royal à Rabat, le 22 juin 2015
Le site Maghreb Intelligence a livré des extraits de l’ouvrage de Nicolas Sarkozy «Le Temps des combats», où l’ancien président français évoque la nature des relations maroco-françaises, parle du Roi Mohammed VI et apporte un témoignage de première main sur les qualités de grand homme d’Etat qu’est le Souverain, affirmant qu’il « restera dans l’histoire comme l’un des plus grands souverains marocains ». « Des trois nations d’Afrique du Nord, [la Marocaine] est celle qui nous est la plus proche », rappelle Nicolas Sarkozy. Bien que les Marocains aient plusieurs raisons d’en vouloir la France, particulièrement le dépeçage de leur territoire, Nicolas Sarkozy constate que la Nation marocaine est : « La seule […] qui a su digérer pacifiquement notre passé commun sans en éprouver la moindre amertume ou le plus petit ressentiment ». Une réalité déjà évoquée par Larbi Bargach dans un article publié dans les réseaux sociaux et repris par le Quid.ma. Il rappelait que « le Français lambda aime le Maroc et le Marocain n’a pas été nourri à la haine de la France’’. Une réalité que ‘’ce’’ l’un des successeurs de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron, s’est acharné à détruire. Voici le texte de Maghreb Intelligence :
Certains passages du dernier livre de l’ancien président français Nicolas Sarkozy «Le Temps des combats», publié aux éditions Fayard sont une véritable déclaration d’amour pour le royaume du Maroc, son peuple et son roi.
Lors du quinquennat qu’il a passé à la tête de l’Etat français, l’ex président Nicolas Sarkozy se rappelle qu’il avait séjourné à Marrakech à la résidence royale sur invitation du roi Mohammed VI. Un séjour qu’il n’est pas prêt d’oublier. « J’ai toujours aimé le Maroc. Des trois nations d’Afrique du Nord, elle est celle qui nous est la plus proche. La seule aussi qui a su digérer pacifiquement notre passé commun sans en éprouver la moindre amertume ou le plus petit ressentiment. La différence avec l’Algérie est saisissante. Il n’y eut pas de guerre entre nos deux pays. Cela compte dans notre histoire commune », explique avec beaucoup de lucidité Nicolas Sarkozy dans son livre-mémoires, avant d’ajouter que « Le Maroc est un pays frère. C’est un égal de la France qui doit désormais être considéré comme tel. Le royaume est devenu une grande puissance africaine. Ses entrepreneurs, ses intellectuels, ses artistes, ses élites n’ont plus rien à envier aux nôtres ».
Sarkozy se fait également très élogieux envers le souverain aloauite : « Le roi Mohammed VI restera dans l’histoire comme l’un des plus grands souverains marocains. Son héritage sera même plus fécond que celui de son père. Je me souviens du scepticisme et même de la commisération qui suivit son avènement au plus haut niveau de notre classe dirigeante du milieu des années 1980. Ces propos d’alors paraissent bien dérisoires quand on mesure le chemin qu’il a fait parcourir à son pays ».
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Un roi du Maroc attaché à la démocratie et aux libertés. Nicolas Sarkozy se rappelle que lors de leur rencontre, Mohammed VI lui parla longuement de sa volonté́ de démocratiser et de moderniser le Maroc. « Il avait déjà présente à l’esprit la réforme de la Constitution (2011) qui permit que, de tous les pays arabes, le Maroc fut l’un des seuls à ne pas connaître de printemps.
Un roi aussi bien stratège que visionnaire puisque comme le décrit Sarkozy : « sa vision de la question des Frères musulmans était audacieuse et prémonitoire : S’ils gagnent les élections législatives, je nommerai l’un des leurs Premier ministre. Il vaut mieux qu’ils soient confrontés aux réalités du pouvoir plutôt que d’en faire des martyrs en les mettant en prison », avait expliqué le roi au président français de l’époque. Un coup de génie. Sarkozy avoue qu’il était incrédule. «C’est pourtant ce qu’il fit, et quelques années plus tard les Frères musulmans rassemblèrent moins de 10 % des suffrages des Marocains ! Le pari royal était gagné. Il fut le seul à agir ainsi. Les faits lui ont donné raison », s’émerveille l’ancien président français.
D’ailleurs, Nicolas Sarkozy n’y va par quatre chemins pour dénoncer les partis-pris et la mauvaise foi de l’élite politico-médiatique française : « on ne mesure pas assez en France la chance qu’a le Maroc d’avoir un roi comme Mohammed VI. Il est un rempart contre le fanatisme et les extrémistes. Il est l’un des rares dirigeants musulmans sincèrement engagé dans le combat pour le développement d’une réelle vie démocratique dans son pays. Notre devoir comme notre intérêt bien compris seraient de l’aider davantage car, et c’est une difficulté supplémentaire, il ne dispose pas des richesses en matières premières de son voisin algérien. La France devrait maintenant prendre clairement position en faveur de la marocanité du Sahara occidental. Cette question est centrale pour les intérêts stratégiques du Maroc. Elle permettrait d’éviter une république sahraouie dont la solidité et la pérennité laissent tous les observateurs informés plus que perplexes ».
Enfin, Nicolas Sarkozy donne à Emmanuel Macron un conseil en or : « savoir choisir ses amis, ne pas craindre d’encourir le courroux de ceux qui le sont moins, s’inscrire dans une perspective longue, s’appuyer sur l’histoire commune : telles devraient être les boussoles du président de la République. S’il est un domaine de la diplomatie française qui mériterait d’être revisité et amodié, c’est celui de notre engagement auprès de nos frères marocains ! ».
Un conseil qui est d’actualité et qui sonne juste, puisque Nicolas Sarkozy « constate la lente dégradation des relations franco- marocaines depuis une dizaine d’années. Cette situation est d’abord la conséquence de l’entêtement de mes deux successeurs à vouloir à tout prix surjouer et surinvestir la relation avec l’Algérie. Il s’agit d’une erreur stratégique, car le pouvoir algérien, dont la légitimité démocratique est faible, a besoin d’un adversaire pour exister, et celui-ci ne peut être que la France, dont le passé colonial fait une cible facile. Comme si cette dernière pouvait être responsable des échecs de l’Algérie tout au long de ces six dernières décennies ! Tant que ce pays ne sera pas doté d’un gouvernement réellement représentatif de la population et pas seulement des factions qui dominent l’armée, la relation franco-algérienne demeurera une impasse ».
Et de conclure que «le Maroc apparaît aujourd’hui comme un îlot de stabilité démocratique au sein d’un monde musulman traversé de multiples crises et divisions. La personnalité de Mohammed VI est unique dans le monde des têtes couronnées et des chefs d’État. Il est un homme que je n’ai cessé d’admirer et de respecter ».