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ONU: Bachelet dénonce ''les plus vastes et les plus sévères'' reculs des droits humains qu'elle ait jamais vus
La Haute-Commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet, le 21 juin 2021 à Genève
La Haute-Commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet a appelé à un sursaut lundi face aux "plus vastes et plus sévères reculs" des droits humains qu'elle ait jamais vus, dans un discours devant la plus haute instance de l'ONU dans ce domaine. Ce rapport est surtout tourné contre la Chine et la Russie, ce qui n’est pas sans l’entacher d’un parti-pris.
"Pour nous remettre des plus vastes et des plus sévères reculs des droits de l'homme que nous ayons jamais vus, nous devons avoir une vision qui change la vie et une action concertée" pour la mettre en œuvre, a lancé Mme Bachelet à l'égard des membres du Conseil des droits de l'homme, dont la perception reste globalement à travers le prisme occidentale.
A l'occasion de sa 47e session (jusqu'au 13 juillet), le Conseil des droits de l'homme, une institution créée il y a 15 ans, va se pencher sur de multiples crises, dont la Birmanie, le Bélarus et le Nicaragua, tous dans la ligne de mire des Etats Unis d’Amérique.
Parmi les points forts attendus figurent également la publication du rapport de Mme Bachelet sur le racisme systémique et les violences policières envers les personnes de descendance africaine, ce qui revient essentiellement à cibler les Etats Unis. Des projets de résolution sur la région éthiopienne du Tigré et les Rohingyas en Birmanie seront soumis à l’approbation du conseil.
Cette session se tient une fois de plus en ligne en raison du Covid-19, faisant monter la grogne parmi les ONG et les pays, tandis que les problèmes techniques entravent la fluidité des débats, avec des délégués qui ne parviennent pas à se connecter tandis que d'autres sont inaudibles.
Tigré
A l'occasion de son traditionnel tour d'horizon, Mme Bachelet s'est dite "profondément perturbée" par les "graves violations" des droits humains au Tigré, où la situation humanitaire est "terrible" avec plus de 350.000 personnes en situation de famine.
Alors que se déroulent des élections nationales en Ethiopie ce lundi, Mme Bachelet a dénoncé devant la plus haute instance de l'ONU en matière de droits de l'homme les abus commis contre les civils "par toutes les parties au conflit", contre laquelle le pouvoir central a lancé une offensive militaire en novembre.
Mme Bachelet a énuméré les exécutions extrajudiciaires, les arrestations et détentions arbitraires, les violences sexuelles contre les enfants ainsi que les adultes, et les déplacements forcés.
"Des rapports crédibles indiquent que des soldats érythréens opèrent toujours dans le Tigré et continuent de perpétrer des violations des droits humains et du droit humanitaire", a-t-elle ajouté.
Elle a également fait état, dans de nombreuses autres régions d'Ethiopie, d'"incidents alarmants de violences ethniques et intercommunautaires" et de déplacements de populations : "le déploiement actuel des forces militaires n'est pas une solution durable, et j'encourage à un dialogue global et pluridimensionnel dans tout le pays".
Xinjiang et Hong Kong -
La Haute-Commissaire a également dit espérer obtenir cette année un "accès significatif" à la région chinoise du Xinjiang, d'où des "informations sur de graves violations des droits humains continuent de sortir".
Plusieurs organisations de défense des droits humains, toutes occidentales, ont accusé la Chine d'avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des "camps de rééducation". Pékin dément ce chiffre et parle de "centres de formation professionnelle" pour soutenir l'emploi et combattre l'extrémisme religieux.
A Genève, Mme Bachelet a réclamé plusieurs fois à Pékin un "accès total" au Xinjiang. Et fin février, elle a réitéré son appel à une "évaluation complète et indépendante" de la situation des droits humains dans cette région chinoise.
Toujours concernant la Chine, Mme Bachelet a également souligné qu'un an s'est écoulé depuis l'adoption de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, sur laquelle ses services ont fait part de "sérieuses préoccupations".
Russie
Parmi les nombreuses situations de reculs des droits humains dénoncées par Mme Bachelet figure également la Russie, à qui la Haute-Commissaire a appelé à "faire respecter les droits civils et politiques" en vue des élections législatives de septembre.
"Je suis consternée par les mesures récentes qui sapent encore davantage le droit des gens à exprimer des opinions critiques, et leur capacité à prendre part aux élections parlementaires prévues en septembre", a avancé la haute responsable onusienne, en citant le cas de l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny , figure de l’extrême droite russe, et effigie de la campagne occidentale contre Moscou.
"La législation restreignant les libertés d'expression, de réunion pacifique et d'association doit être mise en conformité avec les normes et standards internationaux en matière de droits humains", souligné Mme Bachelet.