PCNS: ''Les rivalités de puissance en Afrique'' et ''L’Afrique face au terrorisme'' au menu la 10è édition des ''Dialogues stratégiques''

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Une plateforme d’analyse et d’échange qui réunit des experts, des chercheurs représentant différents think-tanks, des académiciens, des praticiens et des décideurs politiques

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La 10è édition des "Dialogues stratégiques", organisée par le Policy Center for the New South (PCNS) à Rabat et le Centre HEC de Géopolitique à Paris, s'est ouverte  ce mardi sous forme de webinaire.

Les deux thèmes de cette nouvelle édition, "Les rivalités de puissance en Afrique" et "L’Afrique face au terrorisme", seront au cœur des débats auxquels participeront des experts et des chercheurs du Nord et du Sud (une vingtaine).

La rencontre semestrielle se déroule en deux temps, avec un thème de portée globale le matin, et un thème à portée plus régionale l’après-midi, comme c’est la coutume dans les "Dialogues stratégiques".

Depuis 2016, le PCNS et le Centre HEC de Géopolitique organisent chaque année deux éditions des "Dialogues Stratégiques".

Cette plateforme d’analyse et d’échange réunit des experts, des chercheurs représentant différents think-tanks, des académiciens et des praticiens, outre des décideurs politiques pour débattre des grandes questions géopolitiques et sécuritaires à l’échelle internationale, ainsi que des problématiques d’importance commune pour l’Europe et l’Afrique.

 "Intérêts et priorités" des grandes puissances en Afrique

Un débat autour des "intérêts et priorités" des grandes puissances en Afrique a été au menu du premier panel de la 10ème édition des "Dialogues stratégiques", organisée mardi sous forme de webinaire par le Policy Center for the New South (PCNS) à Rabat et le Centre HEC de Géopolitique à Paris.

Quatre experts en relations internationales ont discuté et échangé leurs points de vue sur ce sujet pendant près de deux heures. Parmi eux, le directeur du Centre HEC de Géopolitique, Pascal Chaigneau, qui a de prime abord salué la position économique du Maroc en Afrique, estimant que "s'il y a un pays qui ne manque pas de comprendre que sa stratégie est africaine, ce sera le Maroc".

Cet avocat de profession a ensuite expliqué les contours de la politique de la Chine en Afrique, évoquant notamment sa stratégie des "routes de la soie", laquelle "montre à bien des égards son recours au soft-power de plus en plus actif en Afrique".

La Chine, "acteur politique et diplomatique de premier plan sur le continent", a renforcé sa position en terres africaines en se focalisant sur une stratégie portuaire, a estimé M. Chaigneau.

Toutefois, l'empire du milieu "n'est pas appelé à rester le seul acteur en Afrique" d'après l'expert, qui pense que l'Inde est aussi dans une logique de stratégie africaine.

Quant aux rapports Moyen-Orient-Afrique (deuxième thème du panel), Khalid Chegraoui, Senior Fellow au PCNS a fait le tour des perspectives de ces relations et de leurs retombées sur toute la région.

Rappelant l'importance économique de l'Afrique (ex. 90% des platinoïdes et du chrome de la planète), M. Chegraoui, qui est également vice-doyen Sc.po et Relations internationales à l'Université Mohammed VI Polytechnique, a souligné que l'Afrique est indubitablement liée au Moyen-Orient.

Pour sa part, le chercheur au Centre HEC de Géopolitique, Eugène Berg, s'est attardé sur "le retour de la Russie sur le champ africain", évoquant à cet effet ce qu'il a qualifié d'"étapes et de leviers" de la Russie en Afrique.

Pour cet ancien ambassadeur de France en Namibie et au Botswana, le "retour" de la Russie sur ce continent s'est fait par étapes et a commencé à l'époque de l'ancien président Boris Yeltsin.

Le vrai "come-back" de cette puissance a débuté véritablement en 2006 avec le président actuel Vladimir Poutine quand il s'est déplacé au Maroc, a-t-il fait observer.

La deuxième étape franchie commence à partir de 2011, indique M. Berg, rappelant qu'à cette époque, la Russie a nommé un premier représentant spécial pour la coopération avec l'Afrique et tenu son premier forum russo-africain qui "a contribué à la structuration de la politique russe sur le continent".

Au sujet des leviers russes en Afrique, l'ancien diplomate a notamment cité "la coopération pragmatique" en termes de gouvernance, l'attachement aux valeurs traditionnelles ainsi que le soutien informationnel.

La dernière intervention de ce premier panel matinal était de l'expert "Inde" du Centre HEC de Géopolitique, Rodolphe Monnet, qui s'est intéressé à "la politique africaine de Narendra Modi", premier ministre indien.

Le dirigeant indien a, dès 2014, multiplié, souligne-t-il, les efforts sur la scène internationale, en particulier en termes de rapprochement avec les pays du Moyen-Orient mais aussi du lancement d'un nouveau chapitre avec l'Afrique.

Il s'agit d'un "premier ministre pro-africain qui a pu bâtir une vraie politique vis à vis de l'Afrique" afin de "sécuriser les chaînes d'approvisionnement indiennes (gaz, hydrocarbures et pétrole) et permettre à l'économie indienne de tourner à plein régime", a-t-il dit.

Modéré par Nouzha Chekrouni, Senior Fellow au PCNS, ce panel est le premier d'une série de deux thèmes des "Dialogues stratégiques". 

Focus sur les rivalités des grandes puissances et leur impact sur la stabilité du continent africain

La nature des rivalités des grandes puissances et leurs effets sur la stabilité du continent africain à la lumière des clivages régionaux déjà existants ont été le focus, mardi à Rabat, de la 10ème édition des Dialogues stratégiques organisée par le Policy Center for the New South (PCNS) et HEC Center for Geopolitics.

S'exprimant lors d’un panel organisée sous le thème "Entre puissances émergentes et puissances traditionnelles : Quel rapport de force entre les acteurs internationaux en Afrique ?", M. Mohammed Loulichki, Senior Fellow au PCNS, a présenté une analyse sur la soft power indien en Afrique.

Selon lui, "l’approche du sous-continent indien se situe dans le cadre d’une réponse aux besoins de l’Afrique".

"L'attractivité du soft power indien en Afrique est dûe au statut de l’Inde en tant que puissance nucléaire, spatiale et technologique. Le pays a réussi une véritable révolution agraire ayant permis de satisfaire les besoins du pays", a relevé M. Loulichki dans une intervention consacrée au "soft power indien à la conquête de l’Afrique".

Et de préciser que cette attractivité est basée sur plusieurs fondamentaux, dont la non-violence, l’histoire de lutte commune contre la colonisation, l’attachement au multilatéralisme et la solidarité entre les pays du sud.

De l’avis de l’ancien diplomate, "quand bien même le soft power indien est attractif, la gestion de la crise pandémique liée au coronavirus a révélé les faiblesses" des mécanismes déployés par l’Inde.

L’image du sous-continent indien a été écornée par la pandémie et "c'est sous le couvert du nationalisme vaccinal que l’Afrique peut être une victime de cette régression", a-t-il dit.

Pour sa part, Jacques Gravereau, Président d'Honneur de HEC Eurasia Institute, a dévoilé la nouvelle physionomie de la stratégie chinoise en Afrique, en s’interrogeant sur la vision africaine devant le déploiement de Pékin.

"La vision africaine est assez positive, en ce sens que le soft power chinois est réussi, particulièrement en Afrique de l'Ouest selon l'Afrobarometer", a-t-il jugé, ajoutant que "le centre de gravité de la Chine est passé de l'Afrique de l’Ouest vers l’Afrique de l’Est".

"Nous avons vu toutes les routes de la soie déferler avec l'accélération du financement par les entités d'Etat chinoises", a fait remarquer l’expert, faisant toutefois état d’une baisse des financements depuis 2013 en faveur de l’Afrique.

De son côté, Larabi Jaidi, Senior Fellow au PCNS, s'est arrêté sur l'influence de la Turquie en Afrique, passant au crible les constantes de la politique étrangère d’Ankara, qui allie à la fois “soft power” et “hard power".

De son avis, trois grands jalons expliquent pourquoi l'Afrique occupe une place importante dans la politique étrangère turque, en commençant par la stratégie "Opening up to Africa" début 2000 face aux tergiversations de l'Europe à accorder l'adhésion à la Turquie.

Revenant sur "l'équipe et la vision africanistes du Président américain Joe Biden", le chercheur Jérémy Ghez, du HEC Center for Geopolitics, a relevé que "la pandémie a été le moment où l'Amérique s'est rendue compte à nouveau de sa très grande vulnérabilité face à l'interconnexion du monde".

"L’Afrique a été le parent pauvre de la politique américaine étrangère de "douce inconscience" (Benign neglect). Toutefois, il y a eu une embellie sous les présidents Clinton, Bush fils et Obama", a-t-il fait observer.

Selon lui, bien que "peu de révolutions sont à attendre de Washington”, le discours américain envers l’Afrique est basé désormais sur "une vision plus cohérente et plus consciente des interconnexions".

Modéré par Pascal Chaigneau, Directeur du Centre HEC de Géopolitique, ce panel est le second d'une série de deux thèmes des "Dialogues stratégiques". D'autres débats sont au programme de la journée avec la participation de plusieurs experts et de chercheurs du Nord et du Sud.

Depuis 2016, le PCNS et HEC Center for Geopolitics organisent chaque année deux éditions des "Dialogues Stratégiques". Cette plateforme d'analyse et d’échange réunit des experts, des chercheurs provenant de différents think-tanks et du monde académique, des praticiens, ainsi que des décideurs politiques pour débattre des grandes questions géopolitiques et sécuritaires à l’échelle internationale, ainsi que des problématiques d’importance commune à la fois pour l’Europe et l’Afrique.

Lancé en 2014 à Rabat avec plus de 40 chercheurs associés du Sud comme du Nord, le PCNS offre une perspective du Sud sur les enjeux des pays en développement.

 

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