Pegasus, le Maroc et la France, l’éclairage de Maghreb Intelligence

5437685854_d630fceaff_b-

Abdelatif Hammouchi, DG de la DGNS/DGST supérvisant le démantèlement d’une cellule terroriste active dans plusieurs villes du Maroc. Ici à Témara le 10 septembre 2020

1
Partager :

''Opération TSH. Pourquoi la France en veut au Maroc et plus particulièrement à ses services de renseignement '', c’est le titre de l’éclairage qu’apporte le site Maghreb Intelligence. Sa pertinence dans le brouhaha de ce que l’on appelle l’affaire Pegasus, a convaincu le Quid de le faire partager avec ses lecteurs

Tous les indices indiquent qu’une opération « Tout Sauf Hammouchi » est en cours actuellement en France. Le patron de la DGSN et la DGST marocaines est particulièrement visé par une campagne de presse dans l’hexagone et serait l’homme à abattre. D’ailleurs, sous le titre « Pegasus : Abdellatif Hammouchi, l’espion marocain qui embarrasse la France », le magazine Le Point, très proche des cercles influents à Paris, a dit tout haut ce que les officiels français pensent tout bas.

Le tout a commencé par une invraisemblable histoire d’espionnage à échelle industrielle que les services intérieurs marocains auraient orchestrée, à travers un logiciel israélien, contre des milliers de numéros de téléphone de journalistes et de hauts responsables marocains, français, algériens et africains. En lisant les articles publiés dans les différents médias français, le Maroc serait devenu en un clin d’œil, un Big Brother qui surveille tout le monde même les pays supposés être plus avancés technologiquement. Cela ressemble à un très mauvais film d’espionnage de série B, notamment quand le scénario préétabli a omis de donner des preuves tangibles de cette imaginaire histoire.

D’après des sources parisiennes contactées par Maghreb-intelligence, c’est une opération de déstabilisation du Maroc qui est en cours à travers les accusations contre les services de Hammouchi. Il faut dire que depuis sa nomination par le roi Mohammed VI à la tête des services du pays, la DGST a muté en un service très performant ayant plusieurs coups d’avance sur ses homologues occidentaux, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme où la DGST a pu à maintes reprises aider les Américains, les Russes, les Espagnols et les Français à déjouer des attentats terroristes. Sauf que les Français n’ont jamais vu d’un très bon œil les nouvelles capacités marocaines dans le domaine du renseignement. « Et il y a une raison derrière cette animosité française », nous explique nos sources à Paris, avant d’ajouter que les hommes d’Abdellatif Hammouchi ont pu « assécher la majorité des sources marocaines qui étaient en contact avec la DGSE [service de renseignement extérieur français NDLR]». Les Marocains en une dizaine d’années ont pu « neutraliser » les agents français actifs au Maroc. Aujourd’hui, les services français qui étaient à la fin des années 1990 et début 2000 en terrain conquis à Rabat et à Casablanca recueillent beaucoup moins d’informations et ont peu d’emprise sur les décisions souveraines du royaume chérifien.

Une ancien haut cadre de la DGSE établi à l’étranger soupçonne fortement les services français d’avoir été derrière les fuites de « Coleman » qui avaient visé plusieurs journalistes et hauts responsables marocains dans leur travail et leur intimité. Bizarrement, à l’époque aucun média français n’avait trouvé à redire et aucune organisation n’a volé au secours de la vie privé des Marocains.

L’opération TSH (Tout Sauf Hammouchi) vise, au-delà de l’homme et des services qu’il dirige, à affaiblir un Maroc dont les autorités s’apprêtent à passer de gros contrats d’armement avec l’Italie (deux frégates furtives Fremm) et des contrats d’équipement en TGV (Casablanca-Marrakech) avec la Chine. Le Maroc a également affirmé son indépendance économique en écartant une entreprise française (Eiffage) de l’appel d’offre du futur port atlantique de Dakhla. Et renforcer la souveraineté économique du royaume, le Parlement a voté récemment une loi sur « la préférence nationale » dans l’octroi des appels d’offres internationaux. Une désillusion pour Paris qui croyait que le Maroc était une chasse gardée française pour de longues années encore.

lire aussi