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Situation économique en Algérie : La Banque mondiale recadre Alger
Le dernier rapport en question a "fait l'objet d'un examen de qualité approfondi avant sa publication, et est basé exclusivement sur des données publiques, dont la référence figure dans le document, ou sur des données fournies par les autorités des pays membres". (BM)
Washington - La Banque mondiale a rendu publique jeudi une mise au point au sujet de la réaction hystérique et les théories du complot avancées par le régime algérien et ses relents médiatiques, en réaction au dernier "Rapport de suivi de la situation économique en Algérie".
L’institution financière internationale basée à Washington a fustigé "des informations factuellement inexactes sur le contenu du rapport, qui a été préparé avec la plus grande rigueur, ainsi que sur ses auteurs, une équipe d’économistes travaillant sur la région du Maghreb".
"Nous tenons à souligner que la Banque mondiale produit régulièrement des rapports économiques pour ses pays membres. Le Rapport de suivi de la situation économique en Algérie est produit deux fois par an", rappelle la même source dans sa mise au point, précisant que le dernier rapport en question, qui "fait l'objet d'un examen de qualité approfondi avant sa publication, est basé exclusivement sur des données publiques, dont la référence figure dans le document, ou sur des données fournies par les autorités des pays membres".
Et d’ajouter que "les conclusions du rapport sont cohérentes avec les données officielles disponibles à la date de clôture des données du rapport (1er novembre 2021)".
La Banque mondiale a, par ailleurs, "noté avec regret que certains des articles cités ci-dessus ont adopté un langage qui peut avoir dépassé les pensées de leurs auteurs anonymes. Tout inacceptables qu’ils soient, il ne sera pas répondu à ces propos, tant nous considérons qu’ils ne sauraient porter argument ni ne constituent un élément de débat".
Tout en rappelant que le Groupe de la Banque mondiale est une institution internationale de développement composée de pays membres, qui s’est fixé comme "double objectif de mettre fin à l’extrême pauvreté et de promouvoir une prospérité partagée", la mise au point insiste que "le personnel et la direction du Groupe de la Banque mondiale servent uniquement les objectifs de l'institution".
Le rapport de l'institution financière internationale a dressé un tableau sombre de la situation "vulnérable" de l’économie en Algérie, qui “reste toujours dépendante” des recettes des hydrocarbures avec une marge de manœuvre réduite.
"La reprise dans le segment hors hydrocarbures de l’économie s’est essoufflée, demeurant largement incomplète, tandis que les risques inflationnistes se concrétisent", a noté la Banque mondiale, relevant que le PIB s’est contracté aux premier et deuxième trimestre 2021, suivant l’essoufflement de l’activité dans les secteurs de la construction et des services.
Le rapport souligne, en outre, que l’inflation s’est nettement accélérée en 2021, affectant les “ménages vulnérables de façon disproportionnée", alertant qu’en "l’absence d’une mise en œuvre rapide de l’agenda de réforme, la reprise sera fragile et les soldes budgétaire et extérieur se détérioreront à moyen terme."
Au 1er semestre 2021, la consommation réelle privée et publique est restée inférieure à son niveau pré-pandémie, selon la même source qui pointe aussi du doigt la chute des recettes fiscales (-14,6) en 2020 sous l’effet combiné d’un fort déclin des recettes des hydrocarbures (-28%) et d’une baisse “modérée” des recettes fiscales.
Pour sa part, "la dette publique explose en 2021, alors que le Trésor met en œuvre un programme massif de rachat de créances pour soutenir le secteur public", indique l’institution de Bretton Woods, notant que la dette publique interne a augmenté de 12,9% entre fin 2020 et fin juillet 2021.
Par ailleurs, "une récolte décevante, les efforts de rationalisation des subventions et la dépréciation de la monnaie nationale contribuent à une hausse marquée de l’inflation", soulignent les experts de la BM, faisant savoir qu’en octobre 2021, l’indice des prix à la consommation avait augmenté de 9,2 % en glissement annuel, un sommet depuis 2012.