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Une vingtaine d'ONG internationales appellent à la fin de l’escalade répressive en Algérie
Les arrestations des défenseurs des droits humains Zaki Hannache et Faleh Hammoudi – ce dernier ayant été condamné le 20 février à trois ans d’emprisonnement en première instance – sont les derniers exemples de ces manœuvres répressives
Alger - Une vingtaine d’organisations algériennes et internationales ont appelé, mardi, au respect des droits humains et à la fin de l'"escalade répressive" en Algérie.
Dans un appel commun, ces organisations ont exprimé leur "vive inquiétude face à l’intensification dangereuse des manœuvres répressives pour museler le mouvement citoyen pacifique et étouffer les voix de la société civile en Algérie".
Les arrestations des défenseurs des droits humains Zaki Hannache et Faleh Hammoudi respectivement les 18 et 19 février – ce dernier ayant été condamné le 20 février à trois ans d’emprisonnement en première instance – sont les derniers exemples de ces manœuvres répressives, ont-elles noté.
Dans ce sens, les signataires de ce document ont appelé le gouvernement algérien à "mettre fin de toute urgence à la criminalisation systématique de l’activisme pacifique, du journalisme indépendant, du syndicalisme autonome et de la dissidence et à la libération immédiate de tous les individus emprisonnés arbitrairement".
"Alors que le nombre de prisonnier.e.s d’opinion a atteint un nouveau record (340 au 9 février 2022, dont sept femmes), la multiplication de lourdes poursuites arbitraires pour terrorisme et les actions en justice sans précédent contre des organisations civiles et politiques sont particulièrement préoccupantes", ont-elles dénoncé.
D’après ce document, au moins 46 prisonniers d’opinion ont entamé une grève de la faim, depuis le 28 janvier, pour protester contre leur détention arbitraire.
Dans ce qui semble être une action de représailles, cinq d’entre eux ont été agressés physiquement tandis qu’au moins 23 ont été transférés arbitrairement dans d’autres prisons, ont regretté ces organisations.
Elles expliquent que les autorités algériennes tentent d’étouffer ce qu’il reste encore d’espace civique, menaçant le multipartisme et la survie même de la société civile dans toutes ses composantes.
En réponse à cette nouvelle vague répressive, douze organisations algériennes, européennes et internationales ont renouvelé leur volonté de mobilisation collective pour la défense des droits humains en Algérie à travers la création d’un groupe de travail dédié le 11 février 2022, ont rappelé ces Organisations non gouvernementales.
"Alors que la possibilité de poursuites judiciaires en Suisse contre l’ancien ministre algérien de la Défense le général Khaled Nezzar pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité semble se concrétiser, nos organisations soulignent l’urgence de lutter contre le manque d’indépendance de la justice algérienne", lit-on dans le même document.
Ce manque d’indépendance a contribué à une longue histoire d’impunité qui rappelle tristement les années 90, avec près de 8000 disparitions forcées du fait des agents de l’Etat, regrette la même source.
Parmi les signataires de cet appel figurent le Réseau panafricain des défenseurs des droits humains, "Article 19", le Centre Justitia pour la protection juridique des droits de l’Homme en Algérie, le Collectif des Familles de Disparus en Algérie, la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT), la Confédération Générale Autonome des Travailleurs en Algérie, la Confédération Générale Italienne du Travail, la Confédération générale du travail (CGT, France), la Confédération Syndicale des Commissions Ouvrières (CCOO/ Espagne) et Euromed Droits.
Figurent aussi sur la liste des signataires, la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH), "Free Algeria", Internationale de Services Publics (ISP), l’Institut du Caire pour les Etudes des Droits de l’Homme, la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH), l’Union syndicale Solidaires, "MENA Rights Group", l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), Riposte Internationale et le Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique (SNAPAP).