chroniques
Ce texte n’est pas une nécrologie
Fil Wajiha de Malika Malak?: on d?battait des sujets de l?heure que l?on savait difficile parce que l?on savait Hassan II condamn? par la maladie, tenant absolument ? r?aliser avec l?alternance une transition monarchique apais?e
Ce texte n?est pas une n?crologie, ni un requiem. Il a ?t? ?crit de son vivant. C?est aux alentours de 2011 qu?elle me contacta pour m?informer de son intention de publier un ouvrage sur elle-m?me, sur ses deux ?missions, Wajhoune wa hadath (une figure, un ?v?nement) et Fi alwajiha (au devant de la sc?ne), sur ses dix ans de forte pr?sence m?diatique et d?entretiens politiques (1993 ? 2003). Elle avait repris le relais de la version arabe de L?homme en question qu?animait Fatima Loukili. Samira Sita?l, qui a anim? la version fran?aise, avait pris du galon et assurait d?sormais la direction de l?information. J?ai eu le plaisir de participer ? quelques unes de ces ?missions et notamment celles de Malika Malak qui m?a demand?, comme elle l?a fait avec nombre de ces invit?s, un t?moignage sur ces ann?es d?une effervescence particuli?re. Pareilles d?marches m?ont toujours parues quelque peu narcissiques, mais dans son cas c??tait l?gitime. Elle ?tait de ces pionni?res qui ont d?cloisonn? le d?bat politique et ouvert l?audiovisuel sur la presse ?crite. De cette belle aventure, elle voulait qu?il en reste quelque chose. Voici mon t?moignage tel qu?il figure, sous le titre Une pertinence souriante, dans son ouvrage paru en 2015 dans les ?ditions La Crois?e des chemins?:
Malika Malak. Tout un programme. Un programme de t?l?vision. Wajhoune wa hadath, puis Fi alwajiha. Pendant Presque une d?cennie elle a marqu? de sa forte pr?sence le d?bat politique ? un moment o? le Maroc n?gociait un des tournants majeurs de la derni?re moiti? du vingti?me si?cle. Elle est dans ce sens une r?f?rence ? qui voudrait comprendre une partie des coulisses des ann?es quatre-vingt-dix qui ont ramen? les socialistes de Abderrahim Bouabid au gouvernement apr?s trente-six ann?es d?une opposition farouche et d?un bras de fer, non sans cons?quences douloureuses sur ses protagonistes, avec le pouvoir.
L?usfp?iste Abderrahmane Youssoufi qui fut le premier ministre d?une alternance consensuelle, l?Istiqlalien M?hammed Boucetta, un t?nor de l?opposition qui n?a pas peu aid? l?USFP ? franchir le Rubicon, Mohamed Lyazghi, une figure dure des socialistes qui a fini par se ranger, Ahmed Lahlimi, un autre socialiste qui a jou? un r?le charni?re dans la r?alisation de l?alternance, tous, pour ne citer qu?eux, ils sont des dizaines, sont venus ? son ?mission r?pondre aux questions des journalistes et d?battre des sujets de l?heure que l?on savait difficile parce que l?on savait Hassan II condamn? par la maladie, tenant absolument ? r?aliser avec l?alternance une transition monarchique apais?e.
Un autre homme, Mohamed Larbi Messari, un journaliste de renom, a marqu? de son passage l??mission de Malika Malek. Une fois comme invit? et une seconde comme ?ph?m?re ministre de la communication qui avait r?habilit? son programme interdit par Driss Basri apr?s un passage peu am?ne de M?hammed Boucetta. Malika Malek a certes incarn? Wajh Wa Hadath? et Fi alwajiha de bout en bout, elle en a ?t? le quasi producteur mais n?en est pas moins rest?e attach?e aux r?gles de partage, d??coute et de tol?rance.
Hommage lui soit ainsi rendu.
PS?: C?est ?trange, mais en relisant aujourd?hui ce t?moignage sur Malika Malak, d?c?d?e lundi 7 mars, il r?sonne ? mon oreille comme une oraison fun?bre