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Précipitations : soulagement et espoir, mais il en faut encore beaucoup pour sortir de l’ornière - Par Hassan Zalariaa

La reconstitution des réserves d’eau au Maroc, qu’il s’agisse des nappes phréatiques ou des barrages, dépend de plusieurs facteurs, notamment les précipitations, la gestion de l’eau et les infrastructures en place et en projet
Par Hassan Zakariaa avec MAP
Enfin le Maroc retrouve des précipitations abondantes, essentielles pour ses réserves hydriques et son agriculture. Grâce à la dépression JANA, les pluies et chutes de neige se multiplient, marquant un tournant dans la gestion des ressources en eau. Le retour à un cycle humide ? Il faut l’espérer.
Après une période prolongée de sécheresse, le Maroc connaît un retour marqué des précipitations grâce à une dépression atmosphérique baptisée ANA. Ce phénomène météorologique, qui a d’abord touché l’Europe de l’Ouest avant d’atteindre le Royaume, a généré d’importantes quantités de pluie ces derniers jours, offrant un répit bienvenu aux agriculteurs et aux gestionnaires des ressources hydriques.
Des précipitations bienvenues après une Longue Sécheresse
Les récentes précipitations ont concerné une grande partie du pays, touchant notamment le Nord, le Centre et l’Est du Maroc. Des cumuls importants ont été enregistrés, notamment 82 mm à Tanger, 66 mm à Rabat, 58 mm à Kénitra et 42 mm à Casablanca. Les régions montagneuses n’ont pas été en reste, avec d’abondantes chutes de neige : 15 cm au sommet de Jbel Tidirhine, 26 cm à Zaouiat Ahansal et 25 cm à Bou Iblane.
Ces précipitations jouent un rôle crucial dans la reconstitution des nappes phréatiques et le remplissage des barrages, deux éléments essentiels pour la sécurité hydrique du Maroc, fortement impactée par plusieurs années de sécheresse. Sur le plan agricole, elles sont également bénéfiques, notamment pour les cultures printanières, qui nécessitent un apport en eau suffisant pour garantir de bons rendements.
Des pluies qui Devraient se poursuivre
Selon la Direction Générale de la Météorologie (DGM), les conditions perturbées devraient persister au cours des prochains jours, jusuqu’à vendredi, avec l’arrivée de nouvelles dépressions chargées en courants froids et humides. Les prévisions indiquent de nouvelles pluies et des chutes de neige sur plusieurs régions du pays, accompagnées d’une baisse notable des températures.
- Mardi, des averses localement orageuses ont concerné le Tangérois, le Loukkos, le Gharb, le Saiss, le Rif et le Moyen Atlas, ainsi que les plaines du nord de Safi et les plateaux de phosphates et d’Oulmès.
- Mercredi, les précipitations persisteront, touchant notamment le Nord du Gharb, le Moyen Atlas, l’Ouest de la Méditerranée et le Rif.
- De jeudi à samedi, les conditions météorologiques resteront instables, favorisant encore des épisodes pluvieux sur le Nord, le Centre et l’Oriental.
Par ailleurs, des rafales de vent fortes sont prévues sur plusieurs régions, notamment le Tangérois, l’Atlas, le Rif, l’Oriental et le Sud-Est, tandis que les températures minimales chuteront entre -1°C et 4°C sur les reliefs et hauts plateaux*
Une surveillance accrue de la DGM pour anticiper les risques
Face à ces intempéries, la DGM joue un rôle clé dans l’anticipation et la prévention des risques météorologiques. Grâce à des outils modernisés et à un système de vigilance météorologique lancé en 2022, l’organisme assure une surveillance continue et diffuse des bulletins d’alerte destinés aux autorités et au grand public.
En collaboration avec le ministère de l’Équipement et de l’Eau, la DGM met à disposition plusieurs plateformes d’information, notamment le site "vigilance.marocmeteo.ma*, ainsi que des alertes SMS envoyées aux différents décideurs. L’objectif est de fournir des prévisions précises permettant d’anticiper les phénomènes météorologiques extrêmes et de limiter leurs impacts sur la population et les infrastructures.
Un répit bienvenu mais quid de la reconstitution des réserves
Le retour des pluies et de la neige constitue une bonne nouvelle pour le Maroc, notamment en termes de sécurité hydrique et de soutien à l’agriculture. Cependant, la persistance des intempéries nécessite une vigilance accrue afin d’éviter des situations de crues ou d’inondations dans certaines régions vulnérables. Grâce aux efforts de la DGM et aux dispositifs de prévention mis en place, le pays se prépare à affronter ces conditions météorologiques tout en optimisant leurs bienfaits pour ses ressources en eau et son secteur agricole.
La reconstitution des réserves d’eau au Maroc, qu’il s’agisse des nappes phréatiques ou des barrages, dépend de plusieurs facteurs, notamment les précipitations, la gestion de l’eau et les infrastructures en place.
Nappes phréatiques
Les nappes phréatiques du Maroc subissent une surexploitation, avec une consommation annuelle de 6 milliards de mètres cubes, tandis que leur capacité de reconstitution naturelle est limitée à 4 milliards de mètres cubes par an. Cette surexploitation entraîne un déficit chronique, rendant la reconstitution des nappes difficile sans une gestion rigoureuse de la demande et des mesures de recharge artificielle.
Barrages
Les barrages marocains ont connu une légère amélioration de leur taux de remplissage, passant de 25,22% en mars 2024 à 28,26% en mars 2025, grâce aux récentes précipitations. Cependant, ce taux reste inférieur aux niveaux optimaux nécessaires pour répondre aux besoins en eau du pays.
Durée nécessaire pour la reconstitution
La durée nécessaire pour reconstituer pleinement les réserves d’eau dépend de plusieurs variables dont d’abord la pluviométrie. Des précipitations abondantes et régulières sur plusieurs années sont essentielles. Cependant, une gestion intégrée et proactive des ressources hydriques est essentielle pour assurer la durabilité de ces réserves.
La gestion de la demande reste dans tout processus par une utilisation rationnelle de l’eau, notamment en agriculture et dans les usages domestiques. C’est crucial.
Reste le développement des Infrastructures. Les projets de construction de nouveaux barrages, de dessalement de l’eau de mer et de réutilisation des eaux usées traitées peuvent contribuer à augmenter les ressources disponibles., et il s’agit plus que jamais d’en accélérer prioritairement la réalisation.