Afrique: une vie ''presque normale'' après le Covid-19, mais pas partout

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Dans une école de Sterkspruit, Afrique du Sud, le 6 juillet 2020

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Face à l'Europe, le Maroc reste en état de "semi-confinement" comme à Casablanca, entre couvre-feu et restrictions strictes. Des quartiers populaires sont étroitement bouclés, des barrages de police réapparaissent sur les routes. Ce qui n’empêche pas la vie de poursuivre son petit bonhomme de chemin et les relâchement au début des confinement qui a contraint le Roi Mohammed VI à monter au créneau dans un discours le 20 août à l’occasion de la Révolution du Roi et du peuple pour rappeler les Marocains à la vigilance. 

La présence des autorités reste toutefois ciblée pour suffisamment contenir le relâchement sans exercer une forte pression sur la population. On note que depuis le confinement, les autorités n’arrivent pas à contenir les contaminations au-dessous de 2000 par jour. 

"Le quotidien redevient presque normal mais on ne retrouvera pas la vie d'avant", philosophe Petunia Maseko, dans un bar de Soweto. Les autres pays de l'Afrique, a l’instar du Maroc, plutôt épargnés par le Covid-19 qui a en revanche assommé son économie, reprennent un peu son souffle après la paralysie liée à la pandémie.

"C'était dur d'être privée de vie sociale, soupire la jeune fille en tenue traditionnelle Ndebele aux couleurs vives. "C'est quand même important pour déstresser et se faire un réseau", ajoute l'étudiante avec le sérieux de ses 21 ans.

Au Black and White Lifestyle Pub, l'excitation est à son comble en ce premier weekend de printemps, qui coïncide avec le passage au niveau 1 de confinement, le plus faible depuis six mois en Afrique du Sud. Masqués, les clients font contrôler leur température à l'entrée. 

Gel hydroalcoolique en main, le DJ Tiisetso Tenyane joue "de nouveau pour des gens, en vrai". Après des séances en visio, "ça fait un bien fou".

Désormais, "je porte un masque quand je sors de chez moi, mais c'est le dernier vrai marqueur de la pandémie", note Petunia. 

Sur le reste du continent, le quotidien fait le grand écart entre application stricte des mesures sanitaires et relâchement total.

"On reprend nos habitudes" 

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Un marché d'Abidjan, Côte d'Ivoire, le 11 juillet 2020

"On s'en fout du corona": la phrase est du président ivoirien Alassane Ouattara qui ne pensait pas être capté par les micros, avant d'embrasser au mépris des mesures barrière une figure de son parti devant des milliers de personnes en août. 

En Côte d'Ivoire, si le masque reste obligatoire en milieu fermé, "ce n'est respecté nulle part ou presque", confie un agent de santé sous couvert d'anonymat.  

"La psychose est partie et l'Etat ne communique plus trop sur le sujet". 

A Kinshasa, prise des températures et lavage des mains sont observés dans le quartier d'affaires de Gombe. Mais dans les communes populaires, le relâchement est partout : masques sur le menton et mains serrées. 

Pour beaucoup, "corona eza te" ("Il n'y a pas de corona", en lingala).

Au Burkina, pays qui traverse une grave crise humanitaire et sécuritaire, Ousmane Ouedraogo, 43 ans, vendeur de poissons, trouve que le masque, "on ne peut pas en porter éternellement". 

"On essayait de porter ça chaque jour mais ce sont les autorités qui ont donné l'exemple en faisant comme si la maladie est finie. Donc on reprend nos habitudes".

Le dispositif de lavage de mains à l'entrée du café-restaurant de Guillaume Traoré, "plus personne ne l'utilise". Et "quand tu interpelles un client, il te dit que le coronavirus n'existe pas ou que lui ne porte pas le virus".

Au Tchad comme au Gabon, le masque est porté bas, couvrant seulement la bouche voire le menton, pour dire qu'on le porte ou pouvoir le relever à la hâte en présence de policiers. 

Dans les églises et mosquées, sur les marchés, les gens se bousculent, se saluent au contact. Le soir, un couvre-feu strict reste pourtant imposé.

Négligence contagieuse 

A Lagos, Isiaka Okesanya, 41 ans, offre son visage entier aux passants : son masque est resté chez lui. 

"Ces derniers jours, je l'oublie régulièrement. Dieu nous a aidés à nous débarrasser de la maladie, on ne voit plus de gros chiffres effrayants", explique le fonctionnaire.

Le gouvernement nigérian s'inquiète d'une négligence contagieuse. "Les chiffres baissent mais on ne peut pas encore se féliciter", prévient le ministre de la Santé Osagie Ehanire, citant l'irruption de deuxièmes vagues "dans des pays riches qui pensaient avoir terrassé le coronavirus".

"Il est encore bien là, bien réel. Il faut continuer à prendre des précautions jusqu'à ce que nous soyons en mesure de le maîtriser", insiste Emmanuel Akinyemi, directeur de l'Estate Clinic à Lagos.

L'Afrique a été épargnée par la "propagation exponentielle" de l'épidémie (moyenne d'âge inférieure, faibles densités de population...), a relevé l'OMS la semaine dernière. Mais "il faut faire attention à ne pas surmédiatiser un succès" qui reste fragile, prévient le directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) de l'Union africaine, John Nkengasong.

Le Kenya, où les contaminations baissent doucement, rouvre mardi ses bars et retarde de deux heures l'entrée en vigueur du couvre-feu nocturne, mais garde ses écoles fermées.

Au Sénégal, la vie a repris presque normalement depuis juin.  

Contraste saisissant avec le Rwanda, où l'un des confinements les plus stricts se prolonge: arrestations de ceux qui "ne portent pas le masque correctement" et patrouilles de police pour empêcher les rassemblements, y compris privés. 

Le couvre-feu éteint la soirée, comme en Ouganda et au Kenya.

Face à l'Europe, le Maroc reste en état de "semi-confinement" comme à Casablanca, entre couvre-feu et restrictions strictes. Des quartiers populaires sont étroitement bouclés, des barrages de police réapparaissent sur les routes. 

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