Le gouvernement espagnol prêt à décréter l'état d'alerte à Madrid pour rétablir le bouclage de la capitale

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Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez

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Confronté à une propagation du coronavirus qu'il juge "préoccupante", le gouvernement espagnol s'apprêtait vendredi à imposer l'état d'alerte dans la région de Madrid afin de rétablir le bouclage partiel de la capitale et de ses environs, annulé la veille par une décision de justice.

Une réunion extraordinaire du conseil des ministres a débuté à la mi-journée afin de décréter cet état d'alerte -- une sorte d'état d'urgence sanitaire" -- afin de rétablir les mesures rendues caduques la veille par un arrêt du Tribunal supérieur de Justice de Madrid qui a pris tout le monde par surprise.

Depuis le 2 octobre au soir, un bouclage partiel de la capitale et de neuf localités limitrophes était en place, imposé par le ministère de la Santé -- donc par le gouvernement central -- aux autorités régionales de Madrid, qui n'en veulent pas, car elles estiment cette mesure à la fois contre-productive et néfaste pour l'économie.

Un coup terrible pour le gouvernement 

Depuis cette date, les plus de quatre millions de personnes concernées n'ont plus le droit de sortir de leur municipalité, sauf pour aller travailler ou étudier, se rendre chez un docteur ou dans un tribunal ou pour une urgence humanitaire.

Mais les forces de police ne pouvaient pas infliger d'amende aux contrevenants sans validation par la justice.

C'est cette validation qui a été refusée jeudi par le Tribunal supérieur de Madrid, qui, sans se prononcer sur le bien-fondé du bouclage partiel pour combattre la propagation du coronavirus, a estimé qu'il ne reposait sur aucun socle légal, puisque résultant d'un décret du gouvernement.

En vertu de la Constitution espagnole, les régions sont seules compétentes en matière de santé.

Cette décision a porté un coup terrible aux efforts du gouvernement de gauche du socialiste Pedro Sanchez pour reprendre en mains la situation sanitaire à Madrid, alors même que l'Espagne s'apprête à entamer vendredi soir un long weekend de trois jours en raison de la fête nationale, qui sera célébrée lundi.

Le gouvernement veut à tout prix éviter que les Madrilènes mettent à profit ce weekend et l'annulation du bouclage de la ville pour se déplacer.

L'Espagne, avec quelque 850.000 cas et près de 33.000 morts depuis jeudi soir, est l'un des pays européens les plus durement frappés par la pandémie et Madrid est la ville où la situation est la pire.

"Nous avons un plan qui fonctionne" 

La situation à Madrid est "très préoccupante", avait commenté jeudi M. Sanchez après avoir pris connaissance de l'arrêt du tribunal, laissant entendre qu'il n'en resterait pas là.

Dans la soirée, il a appelé la présidente du gouvernement régional de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, membre du Parti populaire (opposition de droite), et lui a adressé ce qui s'apparente à un véritable ultimatum.

Selon un communiqué du gouvernement, M. Sanchez a expliqué à Mme Diaz Ayuso qu'elle pouvait prendre les dispositions légales afin de valider le bouclage partiel de Madrid et des neuf localités voisines ou bien demander elle-même au gouvernement central de proclamer l'état d'alerte. 

A défaut, a-t-il dit, le gouvernement central proclamera cet état d'alerte de manière unilatérale.

Lors d'une conférence de presse alors même que se déroulait le conseil des ministres, le conseiller pour la santé du gouvernement régional, Enrique Ruiz Escudero, a répété l'opposition des autorités madrilènes à l'état d'alerte, dont la proclamation, a-t-il dit, ne fait plus aucun doute.

"Nous avons un plan, un plan qui fonctionne, un plan qui a donné des résultats", a affirmé M. Ruiz Escudero.

Il se référait à des mesures pour freiner la transmission du virus mises en place le 21 septembre par le gouvernement régional, mais rendues ensuite caduques par l'imposition d'un bouclage partiel de toute la ville.

Ces mesures, beaucoup plus limitées, visaient certains quartiers pauvres du sud de la capitale et des banlieues voisines, caractérisées par une densité de population et des taux de contamination très élevés, parfois supérieurs à 1.000 cas pour 100.000 habitants sur une période de 14 jours.

"La courbe (des cas) baisse" a assuré M. Ruiz Escudero, ce qui montre, a-t-il ajouté, que l'état d'alerte est inutile.

Selon des chiffres officiels, le taux de contamination dans la région de Madrid s'établit actuellement à 564 cas pour 100.000 personnes sur les 14 derniers jours, contre 257 pour l'ensemble du pays, un taux bien supérieur à la moyenne de l'UE.

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