Pandémie
Recherche scientifique sur le coronavirus : Beaucoup de progrès et des énigmes encore irrésolues
Le pangolin figure parmi les accusés de la transmission du SARS-COV-2 de l’animal à l’homme, pour l’instant il bénéficie toujours de la présomption d’innocence faute de preuves. tangibles.
Taoufik El Bouchtaoui (MAP)
Genève - Totalement inconnu au début de l'année, le SARS-CoV-2, nom du virus responsable de la pandémie du nouveau coronavirus, a suscité une multitude d'études scientifiques à travers le monde, une pléthore de recherches tous azimuts dans le but d'aider la communauté des spécialistes et d'experts à assembler les pièces du puzzle pour tenter d'y voir plus clair, bien que de grandes questions restent irrésolues.
Depuis l'apparition des premiers cas, une course contre la montre s'est engagée pour la découverte d’un remède, les scientifiques de par le monde ayant investi ce terrain inconnu, passant au peigne fin le génome du virus, examinant son mode d’action, développant des vaccins et analysant cette nouvelle maladie.
"Nous sommes en territoire inconnu" avait résumé en mars dernier le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, affirmant n’avoir jamais vu une pathologie respiratoire aussi importante qui, dans le même temps, semble pouvoir être maintenue dans une certaine dimension.
Aujourd'hui, plusieurs dizaines de vaccins potentiels contre le Covid-19 ont atteint les phases de tests cliniques. Selon les données compilées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'agence américaine en charge des essais cliniques, plus de trente formules ont déjà été administrées à des humains. Quatorze ont prouvé leur innocuité et leur efficacité est en cours d'évaluation.
Cependant, en dépit de ce foisonnement de recherches, de grandes questions sont encore en grande partie irrésolues, donnant lieu à des avis contradictoires sur certaines recommandations.
Parmi les questions qui intriguent les scientifiques, figure celle liée à l'origine du virus SARS-CoV-2, qui demeure la grande inconnue de cette maladie. Des analyses de son génome laissent entendre qu’il aurait émergé à partir de coronavirus de chauves-souris chinoises via des recombinaisons génétiques, mais ce qui est encore moins certain, c’est la manière dont le coronavirus a franchi la barrière inter-espèces, c’est-à-dire comment il est arrivé chez l’humain.
D'aucuns estiment qu'il est probable que le nouveau coronavirus ait transité chez un troisième être vivant avant d’acquérir la capacité d’infecter l’être humain. Le pangolin, un animal fréquemment consommé en Chine, a été suspecté, mais il n’y a toujours pas de certitude sur son rôle exact dans la pandémie.
Les scientifiques divergent aussi sur le mode de transmission du virus. Après avoir longtemps soutenu que le SARS-CoV-2 se transmet principalement par les gouttelettes, l'OMS reconnait désarmais que le coronavirus peut se propager d’une personne à l’autre via les aérosols, ces infimes gouttelettes invisibles en suspension dans l’air, un pas en avant consenti grâce à la pression de nombreux scientifiques, notamment les 239 experts qui avaient signé une tribune à ce sujet.
En outre, la question de l’immunité acquise après une infection au Covid-19 reste insoluble, en l'absence notamment d'un consensus sur la durée de celle-ci.
De même, le débat enfle encore dans les milieux scientifiques au sujet de l'efficacité de certains médicaments administrés contre le Covid-19 (remdesivir, l’hydroxychloroquine).
Dans l’attente d’un vaccin ou d’un traitement efficace, les pronostics vont bon train au sujet de la fin de la pandémie.
En mai dernier, le directeur des urgences de l'OMS, le Dr Mike Ryan, a mis en garde contre toute tentative de prédire quand le virus disparaîtrait.
"Le coronavirus pourrait ne jamais disparaître", a averti ce haut fonctionnaire de l'Organisation mondiale de la santé.
Il a ajouté que même si un vaccin est trouvé, le contrôle du virus nécessitera un "effort massif" des pays. Il avait toutefois estimé qu’il faudrait, peut-être, moins de deux ans pour arriver à bout de la pandémie, rappelant que la grippe de 1918, qualifiée d’espagnole à tort, avait duré deux ans contaminant 500 millions de personnes et faisant entre 50 et 100 millions de morts.