Le verdict est imminent. Il sera sans surprise. A l?appel des urnes, des essaims de voix ont r?pondu, nous dit-on avant m?me l?annonce officielle, en suivant la voie (lact?e) dict?e par les sept Samoura?s qui ont fait office de porte parole de Boutef. C?est que dans cette dr?le de campagne ?lectorale, il y eu quelque chose qui tutoie l?in?dit. L?Alg?rie?euh, pardon, le syst?me alg?rien a fait mieux qu?innover. A lui tout seul, il est devenu la Sillicon Valley de la quincaillerie ?lectorale. Il a procr?e la virtualit? et la vraisemblance politique. Il est ? douter que l?histoire ait ?t? t?moin d?un ?pisode aussi insolite que celui qu?auront v?cus les Alg?riens. Ils ont ?t? r?duits ? applaudir un clich? ??photoshop頻, lui m?me port? par une ordonnance m?dicale et anim? par de furtives apparitions t?l?visuelles, millim?tr?es quand elles ne sont pas douteuses, et o? chaque plan, chaque seconde tient du miracle.

D?cid?ment, apr?s la gestion de l?AVC de Boutef, il est fort ? parier que la soci?t? alg?rienne s?achemine vers la gestion d?un AVC qui se conclura par une h?mipl?gie politique. Et ce n?est bon pour personne. Ni pour la R?gion ni surtout pour les Alg?riens.

Nous sommes voisin de ce pays d?vitalis? et atrophi? par un r?gime qui refuse son obsolescence. Et nous payons cher d??tre sur le m?me pallier. C?en est devenu un voisinage g?ographique p?nible. D?ailleurs ce pays, riche, d?sendett? et dont le territoire fait cinq fois la France? ne semble plus vivre que dans la g?ographie. Il donne, pour ainsi dire, le sentiment d??tre en dehors de l?histoire.

Egal ? lui m?me, il est comme compress? sous une dalle de plomb gravillonn?. Rien n?y fait. La chute du mur de Berlin a presque un quart de si?cle?Que dalle?! L?apartheid s?est ?croul? et m?me que Mandela est mort?On s?en fout. Le nationalisme arabe a sombr? sous les coups de boutoir d?un printemps arabe qui a fait pschitt? Que nenni?! L?arriv? d?un noir ? la maison blanche, cette r?volution? et alors?!

Que le syst?me alg?rien, ob?se par la gr?ce de la Sonatrach, soit incapable de se r?inventer, laisse pantois. Qui mieux qu?un Alg?rien pour parler de l?Alg?rie ??Il n?y a pas de soci?t? alg?rienne, pas de pays, pas davantage d??lection pr?sidentielle ? L?Alg?rie est une fiction, tout est virtuel ici?? ?crivait Boualem Sansal dans un quotidien parisien du soir, avant d?ajouter ?? les Alg?riens?vivent entre eux, la famille, le quartier, fermement agripp?s au quotidien, et ne regardent pas ailleurs, la rue m?diane est une fronti?re intangible. Trois pas dans le mauvais sens et on change de tribu, de langue et de religion, de fa?on d??tre. Expliquer sa pr?sence peut prendre du temps?? Que c?est bien dit si cela ne narrait pas l?inou? destin qui accable ce peuple fr?re?qu?on a pris ?l?habitude de qualifier de fier.

Le plus effrayant, avant de conclure, c?est l?esp?ce de mansu?tude dont b?n?ficie ce r?gime. Bah, ?on peut comprendre que la France rumine son indigestion historique, mais tout de m?me. Et puis, il y a toutes ces grandes nations et autres institutions qui, pour un oui ou pour un non, se fendent de le?ons de d?mocratie qui n?ont pas pip? mot ou alors? c?est vraiment pass? inaper?u. Enfin, il y a tous ces professionnels du pr?chi-pr?cha et autres prescripteurs de laxatifs moraux qui sont comme p?trifi?s par? l?impotence de ce syst?me dont Boutef n?est apr?s tout que le paravent d?un audacieux et bravache autisme.