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Tribune : Le tunisien Tarek Bouchamaoui, danger sur le Football en Afrique
Tarek Bouchamaoui n’a de toute évidence pas pris la mesure des missions et des attentes d’un Président de la CAF.
À quelques mois des élections pour le poste de Président de la CAF, les premiers candidats commencent à se manifester. Parmi eux, le Tunisien Tarek Bouchamaoui, qui sème le désordre ans son propre pays avant même d’avoir officiellement validé sa candidature. Sa campagne de séduction commence à se retourner contre lui et il est en passe de rendre les armes. L’homme d'affaires qui a tenté de court-circuiter Wadii Jary, l’actuel président de la Fédération Tunisienne de Footbal (FTF), représente un réel danger pour le Football Africain.
En effet, alors qu’il se vantait le 15 Octobre dernier sur les ondes de Mosaïque FM de pouvoir «défendre comme il se doit les intérêts du football tunisien sur la scène continentale et au-delà sur l’échiquier mondial», Tarek Bouchamaoui n’a de toute évidence pas pris la mesure des missions et des attentes d’un Président de la CAF. Tarek Bouchamaoui, qui semblait très inspiré, a expliqué que «la présidence de la CAF par un tunisien pourrait servir beaucoup d’intérêts même économiques et sociaux en Tunisie». Des propos qui ont semé le trouble chez les observateurs africains les plus attentifs. On imagine aisément le dépit de son équipe de communication. D’abord, comment Tarek Bouchamaoui, que certains qualifient de stratège, peut-il faire des déclarations aussi maladroites ? Qui pourrait voter ou même soutenir un candidat qui fait campagne pour sa nation ? Où est la place de l’intérêt du continent africain ?
Pour mémoire, le tunisien a été mis en cause dans plusieurs scandales. D’aucuns lui prêtent un rôle clé dans le scandale de Radès, cette fameuse finale de Ligue des Champions d’Afrique de 2019, opposant le Wydad de Casablanca à l’Espérance de Tunis, qui avait tourné au cauchemar après le dysfonctionnement de la VAR. Un événement qui laissera une trace noire dans l’histoire de l’institution faîtière du football africain.
Pour ne rien arranger, des sources internes à la CAF pointent du doigt le manque de sérieux et l’absence d’implication de Bouchamaoui. Le président de la Commission des compétitions interclubs n'assisterait pas aux réunions. Les compétitions africaines n’ont subi aucun changement sous sa présidence alors même que le potentiel d’amélioration est énorme. Cette expérience de deux ans en dit long sur les capacités et l’intérêt de Bouchamaoui à gérer et à accompagner le développement du football à la CAF qui compte 54 fédérations.
L’actuel président de la Fédération Tunisienne de Football, Wadii Jary, était l’invité lundi soir de la chaîne TV tunisienne «Attessia». Sans langue de bois, Jary n’a fait qu’une bouchée de Bouchamaoui, mettant ainsi en avant son incompétence et sa passivité. «Contrairement à ce que certains prétendaient, Tarek Bouchamaoui n’a pas servi le football tunisien durant les neuf années qu’il a passé au sein du comité exécutif de la CAF». Jary a pointé du doigt «la campagne aveugle» lancée contre lui pour pousser la candidature de Bouchamaoui à la présidence de la CAF. Ce dernier est même allé jusqu’à solliciter l’appui du ministre de la jeunesse et des sports tunisien Kamel Deguiche. Cette ingérence du Ministre a été très mal perçue en Tunisie, obligeant le département de tutelle à supprimer toutes les publications relatives à cette rencontre.
"Après des années à la tête de la Fédération Tunisienne de Football, je considère que c'est mon droit de briguer un poste au sein des instances continentale ou internationale de football", a martelé Jary. Question Timing, Wadii Jary a été plus rapide. Il a indiqué lors de la même émission qu'il avait convoqué une réunion du bureau fédéral de la FTF le 15 Septembre, soit deux jours après l'ouverture des candidatures au niveau de la CAF, et il a confirmé lors de cette réunion sa volonté de se présenter à l'un des trois postes : la présidence de la CAF, aux Comités exécutifs de la CAF ou de la FIFA. Le dossier de sa candidature à la CAF a été envoyé par courrier recommandé le 17 septembre. Bouchamaoui a quant à lui envoyé une lettre à la FTF le 30 septembre l'informant de son intention de se présenter à la présidence de la CAF et précisant que la fédération doit le soutenir «comme s'il lui donnait des ordres et avec une certaine arrogance».
Dans le cas précis de la présidence de la CAF, l’intérêt général prime. Un tel poste nécessite des compétences pointues et surtout d’avoir fait ses preuves. Prendre le risque de confier l’instance à un collectionneur de bévues serait catastrophique pour l’avenir de notre football. Une chose est sûre, les Africains ne sont pas dupes, même si tout peut arriver sur un malentendu. Il est temps de faire front.