La libert? d?intellectuel pur de A. Lahjomri le transforme en un touche-?-tout d?autant plus subtile qu?il est bien document?.
Hasard?? En France vient de sortir le roman Soumission de Michel Houellebecque qui voit la France de 2022 gouvern?e ?par le parti de la Fraternit? musulmane, au sein d?une coalition de tous les partis, contre le parti d?extr?me-droite de Marine Le Pen. L?auteur anticipe, dit-il, par une acc?l?ration de l?histoire ce qu?adviendra forc?ment de son pays, une soci?t? ?cras?e par l?islamisme et soumise aux lois de la charia. Quelques semaines auparavant, Abdejlil Lahjomri publie au Maroc
Mes autres chroniques inutiles*. Sa premi?re chronique, en v?rit? une partie de th?se, diss?que les repr?sentations de l?autre qui figent depuis des si?cles le regard mutuel, Occident/Orient, dans une enclave ? jamais ferm?e. Il analyse, d?montre, cite abondamment et emprunte sa conclusion ? Jean-Paul Willaim qui constate ?dans
L?Islam, le sismographe de nos interrogations identitaires (Le Monde du 5 d?cembre 2009) que ??
l?Europe, la France croient encore avoir affaire sur leur sol ? un Islam conqu?rant. Projection maladive de nations vieillies et conservatrices, regardant l?avenir avec des lunettes sombres???
Pr?monition?? Plut?t savoir d?un intellectuel pur qui a une parfaite maitrise de son sujet. Et qui trouve le moyen d?intituler son ouvrage
Mes autres chroniques inutiles, apr?s avoir publi? son premier recueil sous presque le m?me titre,
Mes chroniques inutiles. Humilit? des gens au savoir s?r?? Du tout. Coquetterie, car entre Abdjelil Lahjomri et ?la componction il y a un Oc?an. Il dit du mal de lui-m?me pour qu?on le rassure sur la qualit? certaine de son ?uvre qui ne sacrifie ni la forme ni le fond. Il sait et dit que ??
la po?sie et la litt?rature ne sont utiles que par leur inutilit頻. ?Sa religion faite, alors il peut s?amuser de ce que faisait Samuel Beckett ? Tanger, sous entendre ce que Jean Genet qu?tait dans les m?mes eaux, raconter Roland Barthes ? Rabat et son appel de l?oubli qu?il ne trouvera pas ? cause des ??
mesquineries ?de quelques coop?rants?? de la facult? des Lettres de la capitale marocaine.
??Une?paix immense m?a envahi le jour o? j?ai pris conscience que je ne serai jamais romancier, ni po?te et que mon renoncement m?a gu?ri du malheur de vouloir absolument devenir ?crivain??, ?crit Abdejlil Lahjomri dans l?une de ses plus belles chroniques sur le foisonnement des ?crivains,
Le malheur d??crire. D?ni sans doute d?une d?ception, mais d?ni lib?rateur. Il peut donc impun?ment railler Pierre Loti ??
qui conseille au Maroc [de la fin du dix-neuvi?me si?cle]
de rester immobile et de ne pas changer [?alors]
qu?il trouve cette terre qu?il visite (lui qui s?est d?couvert l??me ? moiti? arabe), une terre sombre, fun?bre et funeste.?? Il peut aussi, sans grandes contraintes, balader ses lecteurs, d?une chronique ? l?autre, ? travers les situations, les auteurs, les peintres ? sans s?embarrasser de leur notori?t? grande ou inexistante, car pour lui, mis?ricordieux, d?s que quelqu?un commet l?acte d??crire, il devient digne d?int?r?t. Cette libert? ainsi acquise le transforme en un touche-?-tout d?autant plus subtile qu?il est bien document?.