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Afrique du Sud: l'ANC, en perte de vitesse, lance sa campagne électorale
Des partisans du Congrès national africain (ANC) dansent lors du lancement du manifeste électoral au stade Moses Mabhida de Durban, le 24 février 2024. Le parti au pouvoir en Afrique du Sud, l'ANC, a lancé sa campagne électorale samedi, espérant surmonter la colère suscitée par un taux de chômage et de criminalité élevé et une économie atone, et protéger sa majorité vieille de trois décennies. (Photo par RAJESH JANTILAL / AFP)
L'ANC a lancé samedi sa campagne en vue des élections générales du 29 mai en Afrique du Sud, à l'issue desquelles le parti historique, confronté à un mécontentement grandissant, risque de perdre pour la première fois sa majorité absolue au Parlement.
Au pouvoir depuis l'avènement de la démocratie dans le pays et la victoire de Nelson Mandela en 1994, le Congrès national africain du président Cyril Ramaphosa, éclaboussé par les scandales de corruption, voit son hégémonie de plus en plus contestée, dans un contexte de chômage endémique et d'inégalités toujours plus grandes.
Le parti demeure toutefois une redoutable machine électorale et peut encore compter sur le soutien de nombreux Sud-Africains qui se souviennent avec fierté de son rôle crucial dans la lutte contre le régime ségrégationniste de l'apartheid.
"Lors des trois prochains mois, nous allons expliquer à des millions de nos concitoyens pourquoi l'ANC demeure le meilleur parti pour les élections de 2024", a lancé M. Ramaphosa, 71 ans, aux sympathisants réunis dans un stade de football la périphérie de Durban, capitale du KwaZulu-Natal (KZN, est).
"Nous ferons mieux, nous ferons davantage et nous le ferons plus vite", a-t-il promis.
"D'ici 50 ans, l'héritage du colonialisme d'apartheid et du patriarcat, encore prégnants en Afrique du Sud, appartiendront à l'histoire ancienne", a-t-il assuré.
Le chef de l'Etat a également promis que les candidats de l'ANC feraient l'objet d'un examen minutieux de leur probité.
Des dizaines de milliers de personnes arborant les couleurs jaune et verte du parti ont répondu présent à ce premier meeting de campagne de l'ANC, dans une ambiance festive.
.Gouvernement de coalition?
Plus de 27 millions d'électeurs inscrits, sur une population de 62 millions d'habitants, sont appelés à se rendre aux urnes le 29 mai pour renouveler leur Parlement, qui désignera le prochain président.
Selon les enquêtes d'opinion, l'ANC pourrait perdre sa majorité absolue et se voir contrainte de former un gouvernement de coalition.
La province du KwaZulu-Natal, la plus peuplée du pays, est un fief historique de l'ANC. Mais le premier parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), y fait des incursions et l'ancien président Jacob Zuma (2009-2018), qui a rallié un nouveau parti, compte une base encore puissante dans cette région où il est né.
Ancien pilier de l'ANC, le sulfureux et charismatique ex-président de 81 ans a annoncé en décembre faire campagne pour ce petit parti radical baptisé Umkhonto We Sizwe (MK). L'ANC a annoncé dans la foulée le suspendre.
Les supporters de l'ANC ont pris l'ex-président pour cible samedi, paradant dans le stade un cercueil censé représenter la mort prématurée de son nouveau parti.
"Zuma représente la plus grande menace pour l'ANC dans le KwaZulu-Natal", selon Zakhele Ndlovu, professeur de politique à l'université du KwaZulu-Natal.
Au niveau national, le premier parti d'opposition, l'Alliance démocratique, encore largement perçu comme un parti blanc, a monté une coalition avec dix petites formations politiques pour battre l'ANC.
Le mouvement est talonné dans les sondages par le parti de gauche radicale Economic Freedom Fighters (EFF) du virulent Julius Malema.
Criminalité et chômage en hausse
Les deux partis d'opposition, qui ont déjà lancé leur campagne, misent sur des promesses de création d'emplois, réduction d'une criminalité parmi les plus élevées de la planète et la fin d'une grave crise de l'électricité qui plombe l'économie de la première puissance industrielle du continent.
"Le grand défi de l'ANC sera, malgré tous les autres problèmes et son propre déclin, de se projeter comme un grand parti fort qui peut vraiment changer les choses", estime Susan Booysen, de l'Institut de réflexion stratégique de Mapungubwe.
Selon elle, le discours de Ramaphosa n'a pas apporté de nouvelles idées mais a plutôt "promis des engagements renouvelés".
"Ils font beaucoup de promesses mais en termes de réalisations, ils sont médiocres", a renchéri Brian Zama, père de trois enfants et sans emploi, qui portait un T-shirt aux couleurs de l'ANC tout en disant indécis sur son vote.
Nomawethu Dlangisa, enseignante de 52 ans, rappelle toutefois les acquis: "avant 1994, nous n'avions rien. A présent, nous avons l'éducation gratuite, des logements, il y a eu beaucoup de progrès".
Toutefois celle-ci ne cache pas sa sympathie pour Jacob Zuma, illustrant le défi posé par l'ancien président à l'ANC: "J'aime bien Ramaphosa mais je préfère Zuma".
L'ANC détient actuellement 230 des 400 sièges (57,50%) à l'Assemblée nationale tandis que le DA et les EFF disposent respectivement de 84 et 44 sièges. (Quid avec AFP)