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Les Archives du Maroc se réapproprient des copies de fonds de la mémoire judéo-marocaine
Une délégation française de haut niveau a remis, ce jeudi 16 novembre à rabat, à l'établissement Archives du Maroc des copies de fonds de la mémoire judéo- marocaine, enrichissant ainsi ses collections et donnant une nouvelle impulsion à la recherche académique sur le judaïsme marocain
Intervenant à cette occasion, le directeur des Archives du Maroc Jamaâ Baida, a indiqué que la remise de ces fonds historiques d'une « extrême richesse » est le fruit de plusieurs démarches, notamment auprès des Archives diplomatiques de France et du Mémorial de la Shoah, précisant qu'une bonne partie de ces archives a été numérisée par The Holocaust Museum de Washington DC et que les négociations sont "toujours en cours" pour acquérir d'autres fonds.
En vertu de la loi du 30 novembre 2007 stipulant précisément que l'établissement public Archives du Maroc « est chargé de collecter, traiter, conserver et communiquer les sources archivistiques se rapportant au Maroc et qui se trouvent à l'étranger », et conformément à l'esprit de la Constitution consacrant la diversité des composantes et affluents de la culture et l'identité marocaines, dont l'affluent hébraïque, l'établissement a œuvré, avec persévérance, pour la réappropriation d'une partie de la mémoire du judaïsme marocain contenue dans les archives conservées en France, a-t-il souligné.
« Le patrimoine judéo- marocain, qui plonge ses racines dans l'histoire du Maroc depuis plus de deux millénaires, a fait l'objet de nombreuses actions de réhabilitation et de valorisation », a rappelé Baida notant que la mémoire judéo- marocaine est un patrimoine que chaque Marocain, juif ou musulman, doit se réapproprier avec fierté.
Pour sa part, la ministre française chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a précisé que les archives remises concernent deux séries très importantes de l'histoire de la communauté juive du Maroc ainsi que des dossiers provenant en majorité du cabinet de la résidence générale, de la direction des affaires politiques (1936-1944), puis de l'intérieur (1944-1955) chargée des questions juives.
« Ces archives, plus de 32.000 pages, représentent une masse de documents exceptionnelle pour la connaissance de l'histoire du Maroc et de l'histoire entre les deux pays et leur remise à nos partenaires marocains concrétise un élément important de la relation bilatérale autour des questions mémorielles, a renchéri Nathalie Loiseau.
La cérémonie de remise de ces archives représente une nouvelle étape de la mise en oeuvre de l'accord de coopération signé entre la direction des archives du ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères et les Archives nationales du Maroc, a fait savoir la ministre française, rappelant à cet égard la remise en 2013 de correspondances de poste française à Tanger pour la période 1892- 1912, soit près de 4500 clichés.
De son côté, la ministre française de la culture, Françoise Nyssen a regretté le fait que « la mémoire judéo-marocaine soit aujourd'hui incomplète, mutilée et amputée » et que les fonds d'archives soient « disséminés dans le monde et difficiles d'accès », considérant que ce don d'archives au royaume est à même de permettre d'en savoir plus sur l'histoire juive marocaine des 150 dernières années et de rendre possible d'écrire, depuis le Maroc même, l'histoire du judaïsme marocain.
Cette cérémonie s'inscrit dans un processus général de réappropriation du patrimoine Judéo- marocain, voulu et soutenu au plus niveau de l'Etat, a fait remarquer la ministre française rappelant à ce propos la Constitution marocaine de 2011 qui insiste sur la composante hébraïque de l'identité nationale du royaume.
« La réappropriation de ces fonds constitue une avancée très importante pour le Maroc et la France, ainsi que pour les chercheurs et les historiens spécialisés dans ce domaine », a-t-elle dit.
La visite de cette délégation intervient en marge des travaux de la 13ème rencontre de haut niveau maroco-française, co-présidée par le chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani et le premier ministre français, Édouard Philippe