Les Deux Sessions : La Chine à l’heure du Grand Débat politique et de labaisse des IDE

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Des chiffres rendus publics récemment ont alerté les responsables du pays. Les investissements étrangers (IDE) ont accusé une baisse de 11,7%

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Abdelghani AOUIFIA (Correspondant permanent de MAP à Pékin)

Beijing - Les projecteurs seront braqués la semaine prochaine sur les travaux des Deux Sessions du parlement chinois, le rendez-vous le plus important du calendrier politique du pays lors duquel est tracée la trajectoire de cette deuxième économie mondiale pour l’année à venir.

Il s’agit de l’Assemblée nationale populaire (ANP, l’organe législatif suprême du pays) et la Conférence consultative politique du peuple chinois (CPPCC, plus importante instance politique consultative). Des milliers de législateurs et de conseillers politiques se réunissent lors de ce conclave d’une semaine pour établir la feuille de route du pays dans les domaines politique et économique.

Sur le plan politique et diplomatique, les sessions de cette année interviennent dans un contexte mondial dans lequel la Chine cherche à ancrer son positionnement sur fond d’instabilité et d’incertitude mondiales.

Forte de son ascension économique, la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, ambitionne de jouer le rôle de stabilisateur et de facilitateur d’une coopération globale dans les domaines de la paix et de la sécurité.

Un sondage publié par les médias chinois montre que la Chine, pour réaliser cet objectif, devrait faire face, en 2024, à des défis nés des incertitudes mondiales durant une année qui sera marquée par la tenue d’élections dans les grandes puissances mondiales, dont les Etats-Unis et la Russie.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a étalé la vision diplomatique chinoise, lors de la conférence de Munich sur la sécurité, qui s’est tenue récemment en Allemagne. Il a assuré que la Chine « continuera de servir de force de stabilité dans un monde en turbulence, où l’économie mondiale pâtit du protectionnisme ».

Les propos du chef de la diplomatie chinoise résument la prise de conscience de la Chine du contexte difficile dans lequel le pays évolue. C’est un contexte de rivalité qui prend plusieurs formes dont la politique de découplage, mise en œuvre par les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux pour rompre la dépendance économique par rapport à la Chine.

Les analystes s’attendent à de nouvelles orientations des instances législative et politique du pays, en particulier en matière de renforcement de l’ouverture du pays et la consolidation de sa position dans les chaines mondiales industrielle et d’approvisionnement.

Ils soulignent, toutefois, que la projection à l’international de la Chine passe inéluctablement par le renforcement de son socle économique et le maintien du pays sur sa trajectoire de développement.

Des défis de taille se posent sur ce registre. Ils se résument, en particulier, dans la crise de l’immobilier et le recul des investissements étrangers. Ces deux secteurs devront rythmer les débats lors des Deux Sessions. De nouveaux plans devront être mis sur la table pour relancer ces deux secteurs vitaux, indiquent les analystes.

L’immobilier, qui a commencé à faire la fierté de la Chine durant la dernière décennie à la faveur d’une montée fulgurante, inquiète le géant asiatique. Des millions de projets de logement sont au point mort, résultat des difficultés financières qui plombent les grands promoteurs immobiliers du pays.

Davantage d’efforts seront préconisés lors des Deux Sessions pour dégonfler complètement la bulle immobilière et arrêter l’hémorragie qui menace d’avoir des conséquences bien au-delà des frontières de l’Empire du Milieu.

L’investissement étranger en Chine est une autre question qui donne du fil à retordre aux décideurs et aux législateurs chinois. Ce secteur est d’une grande sensibilité pour un pays soucieux de renforcer sa place sur l’échiquier économique mondial en tentant de convaincre le reste du monde de sa politique volontariste d’« ouverture de haut niveau ».

Des chiffres rendus publics récemment ont alerté les responsables du pays. Les investissements étrangers ont accusé une baisse de 11,7% en janvier dernier par rapport au même mois une année auparavant, selon le ministère du Commerce. Ils ont totalisé 112,71 milliards de yens, soit environ 15,86 milliards de dollars.

Les nouveaux chiffres confirment la tendance baissière des IDE constatée depuis 2023. Sur toute cette année, les IDE ont baissé de 8% des IDE pour s’installer à 160 milliards de dollars.

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