chroniques
Du nationalisme au Racisme – Samir Belahsen
Le président Saied, avait en plus le profil de ses déclarations. Arrivé démocratiquement à la présidence, a fermé le parlement élu, dénigré partis politiques, a dissolu la haute autorité judiciaire, fait des déclarations dans les casernes, refuse tout dialogue avec ses adversaires, fait des fantasmes sur des complots contre sa personne, jette ses adversaires en prison et s’attaque aux migrants, ça rappelle le parcours de bien de dictateurs…
« Le raciste et le nationaliste xénophobe, le moralisateur des ligues de vertu ou le "macho" prennent pour des idées ce qui n'est que fantasme : "l'immigré-délinquant-par-nature", le "pêcheur-débauché", la "putain" ou la "femme-inférieure-soumise" sont, à leur insu, comme le diront plus tard Nietzsche et Freud, des traductions et des travestissements des désirs, des "fantasmes", des manifestations de l'inconscient, des travestissements ou symptômes des instincts du faible et des mécanismes de défense du névrosé. »
Eric Blondel - La morale
« Je serai toujours bouleversé par la haine raciale et je reprendrai la lutte contre les injustices jusqu'à ce qu'elles soient définitivement abolies. »
Nelson Mandela
Nationalisme
Le nationalisme est perçu dans notre pays avec une acception positive, dans le sens de patriotisme anti colonial.
Pour échapper à cette connotation et souligner mon appréhension face aux différents nationalismes dangereux, j’avais à chaque fois fait appel à un adjectif : clanique, excessif ou xénophobe.
L’idée est de désigner cette idéologie politique qui prône la souveraineté absolue de l'État-nation et l'unité de la communauté nationale en fonction d'un ou plusieurs critères fondateurs qu’ils soient objectifs ou subjectifs .
Parmi les critères objectifs on peut citer les critères ethniques, culturels, linguistiques ou religieux.
Le sentiment national, les héros, les guides ou zaïms, les martyrs, le destin commun…sont des critères subjectifs.
Le nationalisme, en valorisant l'appartenance communautaire, permet de se distinguer d'un autre ensemble , en général, pour s'y opposer. Un nationalisme exacerbé finit toujours par en exacerber d’autres.
Les formes du nationalisme sont très variables dans le temps et dans l’espace. Les mouvement de décolonisation en Afrique et en Asie se basaient sur ce concept. Certains mouvements nationalistes sont dits séparatistes comme au Québec , en Catalogne ou au Tibet
Historiquement, le nationalisme exacerbé a contribué directement au déclenchement des deux grandes guerres.
Le fascisme
Apparu au siècle dernier et élaborée par Mussolini, on peut considérer le fascisme comme une forme xénophobe de nationalisme. Il rejette le libéralisme et la démocratie parlementaire et s’oppose au Marxisme.
Ses principaux ressorts sont la dictature, le culte du chef providentiel, inspiré et charismatique et le nationalisme ethnique. Mussolini, leader des faisceaux Italiens de combat, avait été élu démocratiquement chargé par le roi de former le gouvernement.
Adolf Hitler (Allemagne), Franco (Espagne), Salazar (Portugal) en sont des prolongements .En Occident, les droites extrêmes ont entamé leur mutation dans les années 1980. La principale nouveauté serait la captation des questions de société (économiques, sociales et culturelles) et l’intérêt porté à des minorités, en même temps que l’oubli de la vieille vision purement raciale du monde, à laquelle ils prétendent substituer des théories en termes d’affrontements culturels. Grand remplacement, civilisation judéo-chrétienne…
Cette droite désinhibée et de plus en plus décomplexée me parait donc plus comme un néofascisme. Je pourrais en dire autant sur l’extrême droite Américaine et celle de l’entité sioniste tout en reconnaissant les spécificités des deux mouvements.
E. Traverso parlait de « post-fascisme » pour caractériser les nouvelles extrêmes droites en Europe. Ces mouvements semblent encore en transition et ne ressemblent plus aux mouvements fascistes du vingtième même s’ils n’en sont que la nouvelle version.( Enzo Traverso, « Spectres du fascisme », Revue du crieur, n° 1, 2015.)
Le président tunisien qui avait affirmé que la présence de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays, vient de faire une sorte de rétropédalage tardif et maladroit.
Il s'est défendu de tout racisme, il aurait même eu des amis Africains subsahariens.
Comme je fais partie des langues malveillantes qui ont interprété ses dires, comme du racisme, j’ai du relire et revoir ses fameuses déclarations.
Il faut dire qu’à notre décharge le président Kaies Saied, avait en plus le profil de ses déclarations. Il est arrivé démocratiquement à la présidence, il a fermé le parlement élu, dénigré les partis politiques, il a dissolu la haute autorité judiciaire, il fait des déclarations dans les casernes, il refuse tout dialogue avec ses adversaires (y compris le principal syndicat), il fait des fantasmes sur des complots contre sa personne, maintenant il jette ses adversaires en prison et s’attaque aux migrants…Même les langues bienveillantes auraient du mal…
Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, a quant à lui affirmé qu’il ne pouvait pas croire que « le président de la Tunisie, le pays de Bourguiba, peut être xénophobe ou raciste ».
J’ai envie de dire : Moi aussi, et pourtant !