chroniques
Prochain chef de gouvernement : Le jeu est ouvert, la classe politique retient son souffle
Dans l’agenda royal, l’inauguration du Salon du Cheval, l’ouverture de la session parlementaire ce 2ème vendredi d’octobre, la remise des lettres de créances des ambassadeurs nommés il y a quelques mois et enfin un voyage dans trois pays africains. Le chef de gouvernement pressenti sera très probablement désigné avant la tournée africaine du Chef de l’Etat
Tout le landernau politique retient son souffle. Arrivés en tête aux législatives du 7 octobre, les islamistes du PJD devront conduire le prochain gouvernement. Qui sera nommé chef de gouvernement par le Souverain ? La question est sur toutes les lèvres. Le personnel politique multiplie les réunions. Les observateurs s’interrogent. Au PJD, le temps a suspendu son vol. Et la consigne est au silence. Pas de commentaires intempestifs, pas de déclaration s’en va-t-en-guerre. Le parti de la lampe montre patte blanche tout en multipliant les signes d’une trêve annoncée. Le « tahakkoum » n’est plus qu’un argument de campagne vite oublié. Effacés les doutes sur le processus démocratique. Benkirane se fait Sherazade. La nuit électorale a fini par tout gommer…
Dans les états-majors partisans de la majorité sortante, les bruits et chuchotements sont de mise. Abdalilah Benkirane, le secrétaire général du PJD est sur les starting block et se prépare à rempiler pour un second mandat à la tête de l’Exécutif. A la soirée électorale organisée dans le QG de son parti, il l’affirmait vendredi 7 octobre dès 21h30 à la haie des journalistes qui l’attendaient : « nous sommes premiers et ma carrière politique n’est pas terminée ».
Peut-être, répliquent les constitutionnalistes qui ont décortiqué le texte suprême. Mais rien n’indique formellement que c’est le leader du parti arrivé premier aux élections qui sera nommé chef de gouvernement. Par contre, la constitution de 2011 stipule sans la moindre ambiguïté possible que le premier ministre est issue de la formation politique arrivée en tête aux élections législatives. Ce qui signifie en clair que le jeu est ouvert pour toutes les personnalités du PJD qui peuvent valablement prétendre au poste de patron de l’Exécutif. Des noms circulent. Des plus improbables aux plus sérieusement envisageables. Dans les oracles, le trio Saaeddine El Othmani (le président du conseil national du PJD)-Mustapha Ramid (le ministre de la justice et des libertés)-Abdelaziz Rabbah (le ministre des transports et de l’équipement) revient avec force.
Le personnel politique et l’opinion publique marocaine seront fixés probablement avant la fin de la semaine prochaine même si, on le sait, le temps monarchique n’est pas celui politique. Au préalable, la cour constitutionnelle devra valider les résultats définitifs du scrutin du 7 octobre. Dans l’agenda royal, l’inauguration du Salon du Cheval, l’ouverture de la session parlementaire ce 2ème vendredi d’octobre, la remise des lettres de créances des ambassadeurs nommés il y a quelques mois et enfin un voyage dans trois pays africains. Le chef de gouvernement pressenti sera très probablement désigné avant la tournée africaine du Chef de l’Etat.
Celui qui conduira le prochain gouvernement aura alors la charge de constituer sa majorité pour pouvoir former un gouvernement. Un scénario à l’espagnol qui donnerait à voir un chef de gouvernement confronté à l’incapacité de former une majorité relève de la politique fiction. Pour former une coalition, le PJD a besoin de 198 sièges. Les islamistes en ont remporté 125. Il leur faut donc s’assurer de l’engagement de 73 voix alliées. La première version de la majorité sortante –Istiqlal-PPS-Mouvement Populaire- est logiquement rééditée et fournit au PJD une majorité confortable. La majorité gouvernementale pourra alors compter sur 210 sièges au lieu de 198. L’option Rassemblement national des indépendants est, dit-on, écartée par les islamistes du PJD. Pour ces derniers, Le RNI et ses ministres ont été le poil à gratter du gouvernement et au parti de la lampe, on ne serait pas prêt à revivre l’expérience.