Réanimation : Du sanitaire á l’économique

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Chaque pays au pupitre de ses préoccupations retiendra les leçons de « Dame corona ».  La première parmi elles et qui semble  être transversale est que la santé publique ne sera plus soumise aux injonctions de la rentabilité mais deviendra le bien inaliénable de l’humanité. On pourrait voir dès lors des valeurs comme l’empathie et la solidarité se substituer à l’individualisme et l’égoïsme. Nos héros d’avant pourraient troquer leur revolver et leur fusil mitrailleur par un stéthoscope et une blouse blanche. Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, a l’instar de la santé l’eau ou l’électricité, l’internet deviendra ce bien essentiel à la portée de tous. En somme une simple « commodity » comme disent les anglais.

 Ce besoin devenu vital qu’est la santé donnera certes aux gouvernements toutes les raisons pour imposer leurs choix. Des arguments « bazooka » vont détonner dans le ciel voilé des démocraties afin de faire respecter le confinement ou toute mesure securitarosanitaire. Cependant cette kyrielle d’arguments ne serait qu’un chapelet de vœux pieux si la santé certes mais aussi le niveau de vie perdu des populations n’était pas au rendez-vous après le confinement.

 Le jour d’après est déjà là 

L’après Covid devient le fameux « jour d’après » ou tout commence par un état des lieux. Des secteurs clés comme le tourisme pour le Maroc font déjà l’inventaire de leurs décombres. Des millions de touristes en moins ainsi que des centaines de milliers de pertes d’emploi. Les autres secteurs ne sont pas en restes et déroulent à leur tour la panoplie de leurs vestiges. 

Des stratégies de relances, par médias interposés, se bousculent au portillon de l’opinion publique pour apporter chacune sa médication. Si tous les pays ont déclaré la guerre au virus, Tout le monde est conscient que l’atterrissage économique de l’après Covid-19 est tout aussi important que la victoire sur la pandémie. Nous sommes partis en guerre contre le virus, et il y aura fatalement une paix, il s’agira cependant, pour se reconstruire, de trouver notre « plan Marshall ». 

Quel plan Marshall ?

Si la majorité des experts en économie clament à l’unisson la nécessité d’un engagement fort de l’Etat par de la dette publique, ils ne s’accordent cependant pas sur le niveau maximal de celle-ci car ceci pourrait constituer un risque économique futur. Ainsi énoncé, certains l’établissent autour de 100% du produit intérieur brut tandis que d’autres estiment que cet indicateur est incomplet et que le niveau devrait être indexé sur la capacite de remboursement de l’Etat c’est à dire sa capacité à générer les impôts futurs.

 L’ordonnance ainsi prescrite, le piège serait de ne voir que l’arbre qui cache la forêt. Ainsi, afin de maintenir en vie le système financier (clef de voute du système économique) la relance se déroulerait grâce au soutien massif de la demande par consommation interposée. Si cette démarche est la plus usitée, elle n’est pas sans risques : Pour maintenir notre consommation, nous allons devoir nous endetter pour financer l’achat de télévisions, de voitures de luxe et de produits importés. En fait grâce a de la dette qui sera remboursée par les générations futures nous allons financer les économies de pays partenaires. Nous aurons certes l’impression de maintenir notre niveau de vie, mais nous contribuerons surtout à maintenir la vulnérabilité de notre économie. Il n’est pas permis sans prendre de grands risques de sous-estimer un tel danger. 

Pour la souveraineté économique

En déroulant le fil de la réflexion on peut dès lors affirmer sans crainte que parmi les leçons de Covid, la souveraineté économique est peut-être celle qu’il faudra aussi retenir. Afin d’éviter que le remède soit plus nocif que la maladie, cet afflux de liquidité destiné à soutenir la demande devrait être ciblé pour soutenir une demande de produits Marocains. Mais comme malheureusement les produits offerts ne sont pas légion cette liquidité ira financer des économies étrangères. Autant dire qu’une véritable réflexion s’impose pour élargir la production et l’export de produits marocains   

Cependant, il ne suffit pas pour saisir une telle réalité économique de l’injonction du donneur de leçons. Créer une offre exportable marocaine relève d’une stratégie nationale qui doit être menée en cascade à partir du plus haut point du pouvoir pour venir irriguer en aval les racines du tissu socioéconomique. Cette stratégie intègrera l’éducation des jeunes, la formation des enseignants ainsi que le volet psychologique qui passe par la fierté d’appartenir à une nation qui gagne. En effet, Covid-19 a permis au Maroc de se hisser au rang des nations qui se sont permis de vanter leurs actions comme d’autres leurs galons. Mais si cette réconciliation avec l’image que nous avons de nous-mêmes peut être un formidable carburant, l’intelligence serait de la pérenniser et la capitaliser pour en faire un véritable contrat social.