Du Watergate il y a 50 ans au Partygate, l’histoire d'un suffixe qui fait scandale

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Le terme a aussi échappé au monde politique, avec le "Nipplegate", le téton de Janet Jackson apparu, malgré elle, en direct à la télévision à la mi-temps du Superbowl 2004.

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Un cambriolage raté il y a 50 ans dans les locaux du parti démocrate basé au Watergate a fait entrer dans l'histoire cet immeuble de luxe de Washington dont le nom est désormais associé à des scandales politiques, sportifs ou artistiques.

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Photo prise le 9 août 1974 Le 37e président des États-Unis, Richard Nixon, fait ses adieux au personnel de la Maison Blanche. À gauche, son gendre David Eisenhower (petit-fils du président américain Dwight Eisenhower), marié à sa fille Julie, cachée derrière le président. Il y a 50 ans, le cambriolage d'un bureau de Washington par des agents républicains a conduit à la démission historique du président américain Richard Nixon - mais on peut dire qu'il a eu un retentissement plus profond dans le monde entier avec la création d'un seul terme : Watergate. (Photo par CONSOLIDATED NEWS PICTURES / AFP)

L'affaire, révélée par le Washington Post, a entraîné la démission du président Richard Nixon en 1974 et l'adoption du suffixe "gate" par la presse américaine et mondiale.

L'année suivante, les pots-de-vins payés par la société United Brands au président du Honduras pour baisser les taxes d'exportations sur les fruits sont devenus le "Bananagate".

L'expression a essaimé avec le temps. Dans les années 1990, lors du double mandat du démocrate Bill Clinton, les républicains ont multiplié les controverses comme le Troopergate ou le Travelgate, après le renvoi de plusieurs personnes en charge de l'organisation des voyages de presse à la Maison Blanche.

Le terme a depuis échappé au monde politique, avec le "Nipplegate", le téton de Janet Jackson apparu, malgré elle, en direct à la télévision à la mi-temps du Superbowl 2004.

Et il est associé à l'un des scandales les plus retentissants du championnat de football américain, le "Deflategate", pratique consistant à sous-gonfler les ballons pour mieux les lancer, qui avait entaché l'image du quarterback de légende Tom Brady.

"Opoli" en Italien 

Le "gate" s'est aussi développé dans le monde entier.

La France avait été dès 1973 une des premières à utiliser le suffixe infamant, avec le "Winegate", une affaire de fraude aux grands crus qui avait ébranlé le vignoble bordelais. "L'Angolagate", un scandale de ventes d'armes illégales au gouvernement de Luanda en 1994, a éclaboussé de nombreuses personnalités politiques françaises.

Et en 2017, l'ex-Premier ministre François Fillon avait vu sa candidature à la présidentielle plombée par une affaire d'emplois fictifs impliquant son épouse, Pénélope, dans un scandale surnommé "Pénélopegate".

En Italie, le "Rubygate", sordide affaire de soirées libertines organisées par Silvio Berlusconi avec des jeunes filles parfois mineurs, a supplanté le suffixe "opoli", choisi pour la gigantesque opération anti-corruption Tangentopoli des années 1990, ou le Calciopoli, scandale sportif dans le football professionnel.

En 1992, le tabloïd britannique The Sun avant lancé le scandale "Squidgygate", le surnom d'un ami proche de la princesse Diana en publiant le contenu de conversations téléphoniques laissant peu de place au doute sur leur relation amoureuse.

Ces dernières semaines, le Premier ministre britannique Boris Johnson a survécu à une motion de censure de son propre parti excédé par les scandales comme le "Partygate", ces fêtes très arrosées à Downing Street pendant les confinements anti-Covid stricts.

"Monicagate" -

Mais parfois, l'expression ne prend pas.

Aux Etats-Unis, l'affaire des ventes d'armes illégales à l'Iran par l'administration de Ronald Reagan pour financer aussi illégalement la rébellion des opposants au gouvernement socialiste du Nicaragua, a été appelée Irangate ou Contragate. Mais elle est restée dans l'histoire comme "l'affaire Iran-Contra".

Bill Clinton a évité de justesse le sort de Richard Nixon pour sa liaison amoureuse avec la jeune stagiaire Monica Lewinsky, mais n'a pas été associé à un "Monicagate".

Pour Merrill Perlman, ancienne secrétaire de rédaction au New York Times, il y avait à l'époque une aversion dans la presse à ajouter le suffixe à chaque scandale. Et, ajoute-t-elle, "la langue est volatile".

"Le terme Monica-gate ne roule pas bien dans la bouche. C'est trois syllabes", explique-t-elle à l'AFP.

Donald Trump a lui fait face au "Russiagate", les soupçons d'ingérence de Moscou dans la présidentielle de 2016, puis à l'"Ukrainegate", quand il avait été accusé de faire chanter Kiev pour obtenir des informations compromettantes contre Joe Biden à la présidentielle de 2020.

L'inflation des "gate" dans la presse mondiale a également dilué l'ampleur du scandale originel dans la politique américaine, estime Merrill Perlman.

Le terme "a déjà perdu beaucoup de son poids politique (comme) la partie sur la disgrâce présidentielle, à cause du Nipplegate et du Deflategate," dit-elle. (AFP)

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