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Soudan: risque de ''conflagration catastrophique'' pour Guterres, l’exode continue, respect relatif du cessez le feu à Khartoum
Un élément des forces armées saoudiennes portant une jeune fille arrivée à la base navale du roi Faisal à Jeddah, à la suite d'une opération de sauvetage au Soudan.
Un navire transportant quelque 200 citoyens saoudiens et 14 autres nationalités sauvés du Soudan, pays en proie à la guerre, est arrivé à Jeddah, a annoncé la télévision saoudienne. (Photo AMER HILABI / AFP)
Nations Unies - Devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a mis en garde, lundi, contre le risque d'une “conflagration catastrophique” au Soudan, théâtre d'affrontements entre l’armée soudanaise et les forces de soutien rapide (FSR).
Au Soudan, "la violence doit cesser. Il risque une conflagration catastrophique qui pourrait engloutir toute la région et au-delà", a averti le chef de l’ONU lors d’une réunion du Conseil de sécurité tenue sous le thème “un multilatéralisme efficace à travers la défense des principes de la Charte de l’ONU et de la déclaration de 1970 sur les principes du droit international”.
Il a appelé les parties au conflit à cesser les combats dans les zones peuplées et à autoriser sans entrave les opérations d'aide humanitaire, soulignant que les civils doivent avoir accès à la nourriture, à l'eau et à d'autres fournitures essentielles.
Exhortant les belligérants à apaiser les tensions et à retourner à la table des négociations, le chef de l’ONU a relevé que les efforts se poursuivent avec les partenaires pour parvenir, le plus tôt possible, à un "arrêt permanent" des affrontements.
Lors de cette réunion présidée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont le pays assume la présidence tournante du Conseil de sécurité pour le mois d'avril, le SG de l’ONU a tenu à souligner que les Nations Unies ne quitteront pas le Soudan. “Notre engagement est envers le peuple soudanais, en soutien à son aspiration à un avenir pacifique et sûr”, a-t-il insisté.
Il a dit autoriser la réinstallation temporaire à l'intérieur et à l'extérieur du Soudan de certains membres du personnel des Nations Unies.
Le haut responsable onusien a en outre appelé tous les membres du Conseil à exercer un “maximum de pression” auprès des parties pour mettre fin à la violence, rétablir l'ordre et reprendre la voie de la transition démocratique.
Soudan: l'exode continue, le cessez-le-feu globalement respecté à Khartoum
Un cessez-le-feu de 72 heures conclu au Soudan entre les belligérants sous l'égide des Etats-Unis est globalement respecté mardi à Khartoum, tandis que les pays étrangers intensifient leurs efforts pour évacuer leurs ressortissants de ce pays d'Afrique du Nord-Est en proie au chaos.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est inquiétée de risques biologiques "très élevés" après l'occupation "par des belligérants" d'un "laboratoire public de santé" de la capitale, où l'on pouvait trouver des agents pathogènes de la rougeole, du choléra et de la poliomyélite.
Dix jours après le début des combats qui ont fait des centaines de morts, les explosions et les tirs se sont faits rares à Khartoum jusqu'à la mi-journée. Mais comme à chaque annonce de cessation temporaire des hostilités, les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo, et l'armée du général rival Abdel Fattah al-Burhane, se sont mutuellement accusés de violer la trêve.
En revanche, il était impossible dans l'immédiat de savoir si les violents combats qui faisaient rage dans la vaste région du Darfour (ouest) depuis le début des hostilités le 15 avril avaient baissé en intensité.
Plus de 450 personnes ont été tuées et plus de 4.000 autres blessées depuis la mi-avril au Soudan, selon le dernier bilan de l'ONU, mais "après d'intenses négociations", l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) "ont accepté un cessez-le-feu dans tout le pays", a affirmé le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, peu avant l'entrée en vigueur de la trêve à minuit (22H00 GMT lundi).
Cessez-le-feu définitif?
L'armée et les paramilitaires ont confirmé une "trêve dédiée à l'ouverture de couloirs humanitaires".
Profitant de cette potentielle accalmie, jusqu'à 270.000 personnes pourraient encore fuir au Tchad et au Soudan du Sud voisins, a alerté mardi l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Khaled Omar Youssef, des Forces de la liberté et du changement (FLC), le bloc civil limogé par le putsch mené en 2021 par les deux généraux alors alliés, s'est félicité "d'une médiation américaine" qui a établi, avec les civils, "des contacts avec l'armée et les FSR" en vue "de cette trêve humanitaire. Elle permettra un dialogue sur les modalités d'un cessez-le-feu définitif", a-t-il déclaré à l'AFP.
M. Blinken a dit, lui, oeuvrer avec des alliés à l'élaboration d'une "commission" chargée de négocier la cessation permanente des hostilités au Soudan. L'armée a évoqué une médiation "saoudo-américaine".
L'intensité des combats dans plusieurs quartiers de la capitale avait de fait baissé depuis le début samedi des évacuations d'étrangers.
Dans d'autres secteurs toutefois, les affrontements ont été ces derniers jours plus destructeurs. Sur des vidéos mises en ligne, qui n'ont pas pu être authentifiées dans l'immédiat par l'AFP, magasins incendiés, des immeubles écrasés et civils hagards au milieu des décombres encore fumant témoignent de la violences des raids aériens et des tirs d'artillerie.
Dalia Mohammed a fui Khartoum pour se rendre à Port-Soudan, sur la côte est. "On s'est retrouvés à la rue, on est devenus des déplacés à cause de quelque chose qui n'a rien à voir avec nous: ça ne concerne que deux hommes et leurs troupes surarmées", se lamente-t-elle.
Ceux qui ne peuvent pas quitter la capitale, plongée dans le chaos, tentent de survivre, privés d'eau et d'électricité, soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures d'internet et de téléphone.
Le conflit risque d'"envahir toute la région et au-delà", a prévenu le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Le Conseil de sécurité doit se réunir mardi soir au sujet du conflit.
- "Long voyage" -
Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, s'est félicité de la trêve, exhortant "les deux parties à la respecter pleinement". En attendant, les départs d'étrangers se poursuivent.
Mardi, le Royaume-Uni a annoncé entamer l'évacuation de ses ressortissants, trois jours après celle de ses diplomates.
Plus de 1.000 ressortissants de l'UE ont pu partir, la France annonçant mardi avoir évacué 538 personnes parmi lesquelles 209 Français. L'Ukraine a elle pu faire sortir du pays 138 personnes incluant 87 de ses ressortissants.
Tokyo a dit de son côté avoir évacué "tous les Japonais qui se trouvaient à Khartoum" et désiraient partir.
Environ 700 employés internationaux de l'ONU, d'ONG et d'ambassades "ont été évacués vers Port-Soudan", a indiqué l'ONU.
Des dizaines d'autres employés humanitaires ont été évacués vers le Tchad depuis le Darfour, la région la plus touchée par les combats avec Khartoum.
Cinq humanitaires ont été tués et, selon le syndicat des médecins, près des trois quarts des hôpitaux sont hors service. (AFP)