A l'hôpital al-Chifa de Gaza, la désolation après 200 jours de guerre

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Des personnes et des travailleurs de la santé déterrent des corps trouvés à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (Photo par AFP)

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Après plus de six mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, le complexe hospitalier d'al-Chifa, qui fût le plus grand établissement de santé de la bande de Gaza, est dévasté et ses abords qu'un amas de ruines.

"Au bout de 200 jours de guerre, nous sommes maintenant au milieu des décombres de ce grand hôpital", déclare à l'AFP Amjad Alewah, un médecin urgentiste venu montrer l'accueil des urgences calciné et partiellement vidé de son mobilier.

Des images tournées par l'AFP après deux semaines d'opération militaire israélienne entre le 18 mars et début avril montrent également un site dévasté.

L'armée avait annoncé avoir tué plus de 200 palestiniens qu’elle qualifie de "terroristes.

En revenant sur place, le docteur Alewah se dit "extrêmement attristé" par ce qu'est devenu al-Chifa "qui était considéré comme la pierre angulaire de la santé pour tout le nord de la bande de Gaza".

"Nous recevions des milliers de blessés chaque jour", décrit-il en précisant que le personnel n'a pas quitté l'établissement pendant de longs mois, malgré les frappes aériennes et les pénuries de matériel médical ou de carburant pour faire tourner les générateurs électriques.

"Nous avions pris l'habitude de passer tout notre temps ici, c'était comme si c'était notre résidence principale".

Il appelle l'Organisation mondiale de la santé (OMS), déjà venue en mission constater les dégâts, et l'ensemble de la communauté internationale à l'aide : "nous manquons de salles d'opération pour soigner les patients, notamment les patients en dialyse, ou les malades cardiaques".

"La mort"

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk s'est dit horrifié par la destruction de cet hôpital et a demandé à ce que des enquêtes indépendantes soient menées.

"Les hôpitaux ont droit à une protection toute particulière en vertu du droit international humanitaire".

Un comité médical de réhabilitation a d'ores et déjà été mis sur pied et son chef, le médecin Marwan Abou Saada, a déclaré à l'AFP qu'il travaillait déjà à recréer un service des urgences dans une autre partie du complexe hospitalier.

"Nous ne perdons pas espoir", a-t-il répété tout en reconnaissant l'importance des besoins, listant par exemple l'absence de service de soins intensifs dans tout le nord du territoire.

Selon un communiqué du ministère de la Santé de Gaza publié mardi, 32 hôpitaux et 53 dispensaires ont été mis hors service alors que la bande de Gaza abrite désormais plus de 77.100 blessés.

"Nous voulons que la guerre s'arrête", implore Adham Qneita, un habitant du quartier d'al-Rimal, non loin de l'hôpital.

Face au champ d'immeubles effondrés et d'amas de gravats, il dit ne plus souhaiter "que la mort".

"Personne ne se soucie de nous".

La guerre génocidaire que mène Israël contre les Palestiniens a fait jusqu'à présent 34.183 morts dont plus de 18.000 enfants et plus de 13.000 femmes.

Les bombardements ininterrompus ont laissé en ruines une grande le territoire, et ont contraint la grande majorité de Palestiniens à vivre dans des tentes de fortune.

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