Tarifs douaniers : Round up de l’escalade américaine fait trembler l’économie mondiale – Par Assia Makhlouf

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Un jouet à l'effigie du président américain Donald Trump est exposé dans un magasin du marché commercial international de Yiwu, dans la province chinoise du Zhejiang (est), le 10 avril 2025. (Photo ADEK BERRY / AFP)

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La nouvelle vague protectionniste initiée par les États-Unis bouleverse les équilibres commerciaux mondiaux. Tandis que la Chine contre-attaque, l’Europe suspend sa riposte, l’Asie appelle au dialogue, et les économies occidentales revoient leurs prévisions à la baisse. L’OMC, elle, tire la sonnette d’alarme. Le gel de 90 jours des surtaxes imposées à une soixantaine de pays — sauf la Chine, laisse la voie ouverte à tous les ends, les happy comme les bad, et sème la suspicion. Le round up d’Assia Makhlouf.

Doutes, spéculations et soupçons

La volte-face soudaine de Donald Trump interroge. Quelques heures avant l’annonce du gel tarifaire, le président américain avait tweeté : « C’EST LE MOMENT D’ACHETER », provoquant l’envolée des marchés. Des observateurs dénoncent un possible délit d’initié, et soulignent le caractère imprévisible de la stratégie commerciale américaine. C’est parce que Quelques heures plus tard, il annonce officiellement le gel de certaines surtaxes douanières, ce qui provoque une forte hausse des marchés : Wall Street s’envole, les Bourses asiatiques et européennes rebondissent.

Pour l’analyste Ipek Ozkardeskaya, la situation est « presque impossible à prévoir ». Le scénario habituel des négociations commerciales a été abandonné au profit de décisions à effet immédiat, souvent sans coordination diplomatique.

Une guerre tarifaire sino-américaine aux conséquences globales

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est formelle : l’escalade commerciale entre Washington et Pékin pourrait effacer jusqu’à 7 % du PIB mondial à long terme. Dans un communiqué alarmant, sa directrice générale, Ngozi Okonjo-Iweala, avertit que le commerce de marchandises entre les deux premières puissances économiques pourrait chuter de 80 %, menaçant non seulement les États-Unis et la Chine, mais aussi les économies les plus fragiles.

Au cœur du conflit : une série de taxes douanières croisées, culminant à 125 % côté américain sur les produits chinois, et 84 % côté chinois sur les importations américaines. Pékin a saisi l’OMC pour engager des consultations officielles. Mais le risque d’une fragmentation commerciale selon des lignes géopolitiques n’a jamais été aussi réel.

L’Europe sur pause, Wall Street bondit

Face à la montée des tensions, Donald Trump a surpris en annonçant un gel de 90 jours des surtaxes imposées à une soixantaine de pays — sauf la Chine. Un geste salué à Bruxelles par Ursula von der Leyen, qui y voit « une étape vers la stabilisation économique mondiale ». L’Union européenne suspend donc ses propres représailles, mais prépare ses contre-mesures en cas d’échec des négociations.

Les marchés ont aussitôt réagi. À Wall Street, le Nasdaq a bondi de 12 %, et en Asie, Tokyo et Séoul ont affiché des hausses spectaculaires de 9 % et 6,6 %. En Europe, les bourses de Paris, Francfort et Londres ont suivi le mouvement. Le CAC 40 a grimpé de 5,36 %, et le FTSE 100 a récupéré ses pertes, porté par les valeurs bancaires et industrielles.

 L’Asie du Sud-Est joue la désescalade

Les dix membres de l’ASEAN, touchés par des hausses tarifaires allant jusqu’à 49 %, ont annoncé ne pas engager de riposte. Le Vietnam, frappé à 46 %, préfère miser sur le dialogue et promet d’augmenter ses importations américaines. La Malaisie, présidente actuelle de l’ASEAN, coordonne une réponse collective prudente. Le bloc régional reste déterminé à éviter une spirale de représailles, malgré la pression économique.

Le Canada et l’Espagne révisent leurs perspectives

La politique tarifaire américaine impacte directement les partenaires historiques des États-Unis. Au Canada, la Banque centrale note une chute de la confiance des consommateurs, alimentée par la peur du chômage dans les secteurs tournés vers l’export. La consommation s’annonce plus prudente, et les perspectives salariales sont revues à la baisse.

En Espagne, le gouverneur de la Banque centrale annonce une révision à la baisse des prévisions de croissance. Sur les 18,6 milliards d’euros d’exportations espagnoles vers les États-Unis, 80 % sont concernés par les hausses tarifaires. Un plan de soutien de 14,1 milliards d’euros a été lancé pour amortir le choc.

L’Allemagne, malade de l’incertitude

Déjà en proie à une crise industrielle, l’Allemagne est frappée de plein fouet. Les instituts de conjoncture prévoient une croissance quasi nulle (0,1 %) en 2025, contre 0,8 % auparavant. Le futur gouvernement Merz devra composer avec une économie « sur le fil », plombée par les droits de douane américains sur l’aluminium, l’acier et l’automobile.

Les experts redoutent que les mesures protectionnistes d’’affaiblissent durablement l’industrie allemande**, déjà concurrencée par la Chine. Les plans d’investissement public, notamment dans la défense, pourraient stimuler la croissance à partir de 2026, mais risquent aussi de détourner la consommation privée.

L’OMC appelle à une réponse collective

Dans ce contexte incertain, l’OMC exhorte à la coopération multilatérale. Ngozi Okonjo-Iweala rappelle que seule une réponse concertée peut empêcher un détournement massif des échanges et une fragmentation géoéconomique aux conséquences dramatiques. La division du commerce mondial en deux blocs est une menace « réelle, imminente et lourde de conséquences », insiste-t-elle.

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