Pandémie
Covid: en manque de vaccins, l'Afrique frappée par une 3e vague ''brutale''
Dans une morgue à Pretoria, en Afrique du Sud, un patient mort du Covid-19 près de son cercueil, le 22 janvier 2021.
L'Afrique, loin derrière le reste du monde dans la course à la vaccination, est frappée par une 3e vague "brutale" de coronavirus, qui met sous pression des hôpitaux en manque de moyens et déjà éprouvés.
Le continent a jusqu'ici évité les scénarios catastrophes observés au Brésil et en Inde. Avec près de 5,3 millions de cas et 139.000 décès, l'Afrique reste le continent le moins touché au monde après l'Océanie, selon un décompte AFP.
"La troisième vague s'accélère, se propage plus vite et frappe plus fort", a martelé jeudi la directrice Afrique de l'OMS, Matshidiso Moeti, selon qui "cette vague risque d'être la pire".
La résurgence du virus sur le continent coïncide avec une lassitude des mesures barrières, la propagation de variants plus contagieux et l'hiver en Afrique australe où se concentrent 40% des cas.
En Afrique du Sud, pays officiellement le plus touché du continent avec 35% des infections, les médecins sont confrontés à un afflux sans précédent de malades, présentant des symptômes grippaux ne correspondant pas forcément avec les marqueurs du Covid.
Des jeunes dans les hôpitaux
"Ce que nous voyons actuellement est différent de la première ou de la deuxième vague", décrit la responsable de l'Association sud-africaine des médecins, Angelique Coetzee.La Namibie et la Zambie voisines voient aussi les courbes du Covid prendre des trajectoires exponentielles. Le ministre zambien de la Santé a récemment évoqué des morgues surchargées.
Son homologue ougandais a signalé à l'AFP de nombreux jeunes dans les hôpitaux, "ce qui est différent de la deuxième vague". Comme l'Afrique du Sud, le pays tente d'augmenter les soins à domicile pour les cas les moins graves, mais les réserves en oxygène manquent.
La 3e vague touche également des pays relativement épargnés jusqu'ici, comme le Liberia et la Sierra Leone, en Afrique de l'Ouest. "La situation est bien plus alarmante qu'il y a un an", a déclaré le président du Liberia, George Weah, décrivant des hôpitaux remplis de malades en difficulté respiratoire.
L'Afrique est globalement repartie dans des mesures sanitaires strictes. L'Ouganda est à nouveau confiné, et les commerçants sur les marchés doivent rester dans leur échoppe, dormir sur place et ne pas retourner chez eux. Le Kenya joue la carte du couvre-feu, tandis que la Namibie, le Rwanda ou encore le Zimbabwe ont remis des restrictions en juin.
Contre la montre
Cette troisième vague survient à un moment où les livraisons de vaccins sont quasi à l'arrêt sur le continent. Selon l'OMS, moins de 1% de la population est entièrement vaccinée.
La récente promesse des pays occidentaux d'un milliard de doses aux pays les plus pauvres, est largement critiquée pour ne pas encore être devenue réalité.
Selon l'OMS, l'Afrique a urgemment besoin de millions de vaccins. "C'est une course contre la montre, la pandémie est en avance sur nous. En Afrique, nous ne sommes pas en train de remporter la bataille contre le virus", avertit M. Nkengasong.
Une flambée des cas en Inde, principal fournisseur de vaccins d'AstraZeneca, a retardé les livraisons par le biais du dispositif Covax de l'OMS. Mais en plus du manque d'approvisionnement, le continent a accumulé les doutes et les défaillances.
Des pays dotés de vaccins n'ont pas réussi à les administrer avant leur péremption. Le Malawi a détruit en mai près de 20.000 doses périmées. La République démocratique du Congo et le Sud-Soudan en ont renvoyé plus de deux millions.
L'Afrique du Sud, qui n'a vacciné que 2,2 millions de personnes sur une population de 59 millions, a dû détruire 2 millions de doses après une erreur lors de la fabrication.
A ce jour, 18 pays africains ont épuisé la quasi totalité des vaccins envoyés par l'OMS. Le mois dernier, des centaines de citoyens ont manifesté à Harare, après l'épuisement des stocks dans le principal centre de vaccination.
Face à la pénurie, "nombreux sont ceux qui ont l'impression d'attendre la mort", dénonce Deprose Muchena, de l'ONG Amnesty International, dans un communiqué.