Pandémie
Virus : la Chine crie victoire, l'Amérique latine nouveau creuset de la pandémie
La Chine a proclamé vendredi sa victoire sur le nouveau coronavirus, qui poursuit sa course et ses ravages ailleurs dans le monde, comme en Amérique latine devenue pour l'OMS le nouveau creuset de la pandémie.
L'Amérique du Sud est "un nouvel épicentre", avec une situation particulièrement alarmante au Brésil, a estimé vendredi l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Nous voyons le nombre de cas augmenter dans de nombreux pays sud-américains (..) mais clairement le plus affecté à ce stade est le Brésil", a déclaré le responsable des situations d'urgence de l'OMS, Michael Ryan.
Le Brésil compte près de 300.000 cas et 19.000 morts pour 210 millions d'habitants, ce qui le place au 3e rang mondial pour le nombre de cas, derrière les Etats-Unis et la Russie. Le seuil des 20.000 morts a déjà été franchi, selon un décompte de l'AFP.
Selon des chiffres sans doute très sous-évalués, la pandémie a officiellement touché plus de 5,1 millions de personnes dans le monde. Elle a fait au moins 335.538 morts depuis son apparition en décembre en Chine, d'après un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles vendredi à 19h00 GMT.
Plus de 5.158.750 cas d'infection ont été officiellement diagnostiqués dans 196 pays et territoires.
L'épidémie se propage toujours dans certaines régions et reflue dans d'autres. Sans y dissiper les craintes d'une seconde vague.
Ainsi l'Europe sort prudemment de sa léthargie. L'Islande va rouvrir lundi ses discothèques, bars et salles de sport et le gouvernement français a fixé au 28 juin le second tour des élections municipales, sous réserve que les conditions sanitaires le permettent. Les électeurs devront porter un masque.
L'Afrique du Sud, pays le touché en Afrique subsaharienne, a passé vendredi soir le cap des 20.000 cas de contamination, pour un bilan de près de 400 morts, a annoncé son ministre de la Santé Zweli Mkhize.
Mais selon les prévisions d'un groupe de scientifiques rendues publiques cette semaine, le coronavirus pourrait y infecter jusqu'à un million de personnes et y faire 40.000 morts d'ici à novembre.
Deuxième pays le plus affecté en nombre de cas, la Russie, soupçonnée de minimiser à dessein la mortalité liée au Covid-19, a dit s'attendre à une "hausse significative" de celle-ci en mai.
Le pays ne recense que les décès dont la cause première est le coronavirus, après autopsie, quand d'autres englobent la quasi-totalité des morts de patients testés positifs. Vendredi, il a fait état d'un nouveau record avec 150 victimes en une seule journée.
Accusée par Washington d’avoir tardé à réagir et, selon Donald Trump, d'être responsable d'"une tuerie de masse mondiale", la Chine est parvenue à endiguer l'épidémie sur son territoire.
"Nous avons obtenu une réussite stratégique majeure dans notre réponse au Covid-19", a clamé le Premier ministre chinois Li Keqiang à l'ouverture de la session plénière de l'Assemblée nationale populaire (ANP), grand-messe annuelle du pouvoir communiste.
Pour la première fois dans son histoire récente, Pékin a toutefois renoncé à fixer un objectif de croissance pour l'année en cours, faute de pouvoir chiffrer l'impact du coronavirus.
Autre fait inédit : l'économie chinoise, habituée aux records de croissance, s'est contractée de 6,8% au premier trimestre.
Devant 3.000 députés au visage masqué, M. Li a souligné "la tâche immense" qui restait à accomplir.
"mesure de réciprocité"
L'Europe, où la pandémie a tué plus de 171.000 personnes, a entamé un lent retour à la normale, mais en multipliant les précautions de crainte d'une résurgence.
Au Royaume-Uni, les voyageurs arrivant de l'étranger vont devoir se soumettre à une quarantaine de 14 jours. De rares exceptions sont prévues mais pas pour les personnes venant de France comme Londres et Paris l'avaient récemment laissé entendre.
Le gouvernement français a déploré cette décision et a promis que si Londres s'obstinait, Paris répondrait par une "mesure de réciprocité".
Le week-end ensoleillé de l'Ascension passé sur la plage ou dans les parcs alimente les craintes d'une nouvelle vague dans le pays.
La Grèce, elle, a prolongé jusqu'au 7 juin le confinement des camps, surpeuplés, de migrants même si très peu de demandeurs d'asile ont été testés positifs à ce jour. Les défenseurs des droits de l'Homme ont appelé Athènes à "ne pas compromettre" leurs droits.
Sur ordre de Donald Trump, les Etats-Unis, pays officiellement le plus lourdement endeuillé par le Covid-19, vont mettre leurs drapeaux en berne de vendredi à dimanche pour y honorer la mémoire des victimes.
Le bilan y frôle à présent les 95.000 morts avec des chiffres quotidiens qui restent élevés : 1.255 morts en 24 heures selon le comptage publié jeudi par l'université Johns Hopkins.
"Film d'horreur"
Selon le décompte établi par l'AFP, l'Afrique a officiellement franchi le cap des 100.000 cas de nouveau coronavirus, un seuil symbolique mais ne reflétant qu'une fraction de la réalité, par manque de capacités de dépistage dans de nombreux pays.
En Amérique latine, l'épidémie poursuit inexorablement sa progression, avec de terribles conséquences prévisibles l'économie et l'emploi.
Selon des données officielles, le nombre de morts a doublé en seulement 11 jours pour franchir les 20.000 jeudi au Brésil, pays déjà le plus touché de la région.
Alors que le président Jair Bolsonaro insiste pour un retour au travail et un redémarrage de l'économie, les fossoyeurs intensifient les cadences dans les cimetières des grandes villes comme Sao Paulo.
Au Pérou, la plupart des hôpitaux de Lima sont au bord de la rupture.
"C'est comme un film d'horreur, l'intérieur de l'hôpital ressemble à un cimetière pour les cadavres, les patients meurent sur les chaises, dans les fauteuils roulants", a raconté à l'AFP Miguel Armas, infirmier à l'hôpital Hipolito Unanue de Lima.
Cette année, la pandémie va créer 11,5 millions de chômeurs de plus dans cette partie du monde et l'économie s'y contracter de 5,3%, la pire récession depuis 1930, selon un rapport officiel publié jeudi.
Au Chili, où les décès ont augmenté de 29% en 24 heures, des habitants ont bravé le confinement ces derniers jours pour manifester et réclamer des aides alimentaires, sur fond d'explosion du chômage et de la faim dans les quartiers les plus pauvres.