Conférence d'Anfa: Dix jours qui vont compter pour le monde et le Maroc

5437685854_d630fceaff_b-

953
Partager :

Casablanca - Les dix jours (14/24 janvier 1943) que va durer la Conférence d’Anfa, du nom de l’hôtel casablancais ayant abrité les réunions des futurs vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, seront déterminants tant pour l’issue du plus grand conflit armé des temps modernes que pour les aspirations du Maroc à recouvrer son indépendance.

En faisant le déplacement à Casablanca, les Alliés (États-Unis, Grande-Bretagne et France) avaient à l’esprit d’élaborer les différents scénarios pour une issue victorieuse de la guerre et de se préparer au nouvel ordre qui régira les rapports de force dans le monde.

Mohammed V, alors Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, qui s’était rangé dès le début du côté des Alliés contre le nazisme et le fascisme, va mettre à profit le capital sympathie dont jouissait le Royaume pour obtenir le soutien, notamment des États-Unis, à sa décision de négocier avec les forces occidentales la libération du Royaume du joug du colonialisme.

En présence du président américain Franklin Roosevelt, du Premier ministre britannique Winston Churchill et des généraux français Henri Giraud et Charles de Gaulle, la Conférence d’Anfa va déboucher sur des décisions majeures pour la suite de la guerre, à leur tête la reddition sans condition des puissances de l’Axe, la poursuite de l’aide à l’Union soviétique, la reconquête de la Sicile, puis l’Italie, dès la fin des combats en Tunisie.

Au vu de l’extrême importance des résolutions prises à Casablanca, c’est le président Roosevelt qui s’est chargé, lui-même, de les annoncer au peuple américain dans un discours radiodiffusé. Car cette étape va indéniablement initier le processus de résolution de ce conflit planétaire, qui sera complété par d’autres rencontres au sommet dans d’autres endroits du monde.

Quelques semaines avant la Conférence d’Anfa, les Alliés vont infliger, selon les historiens, "le premier revers stratégique majeur" à l’Allemagne nazie à la faveur du débarquement américain au Maroc, le 8 novembre 1942.

L’opération Torch est le nom de code donné à l’opération des Alliés dans les territoires marocains, qui a marqué un tournant sur le front occidental de la guerre. Le déploiement des troupes US à proximité de l'Europe a permis, par la suite, d’affaiblir l’armée nazie, déjà épuisée par la résistance farouche rencontrée sur le front soviétique.

Dans cette ambiance favorable, Mohammed V avait saisi l’opportunité de la présence des leaders des Alliés pour soumettre la revendication de l’indépendance du Maroc et la proposition d’adhésion du Royaume à la Charte atlantique, laquelle avait reçu le soutien du président américain, qui a qualifié de logique l’ambition du Maroc de reconquérir sa liberté.

Un an après cette Conférence, des militants du mouvement national, dont une femme, ont signé un Manifeste réclamant l’indépendance du Maroc, en concertation avec le regretté Souverain.

Le document insistait en particulier sur l'intérêt accordé par Mohammed V au mouvement de réformes et à la mise en place d'un régime politique libéral basé sur la "Choura" et garantissant les droits et devoirs de toutes les composantes du peuple marocain.

Ainsi, la Conférence d'Anfa, qui a eu un impact politique certain sur l'avenir du Maroc et sur ses relations extérieures, contribua également à hâter la fin des années douloureuses de la Seconde Guerre mondiale.

 

lire aussi