Décès de Louafa : Aux cotés de Boucetta il a fait face à Basri, avec Benkirane il a affronté Chabat

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Mohamed Louafa et Abdalilah Benkirane, une complicité de tempérament qui ne reposait sur aucune affinité idéologique. Louafa, même s’il a grandi à l’ombre de Allal El Fassi, était loin d’avoir de la sympathie pour les islamistes.

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Rabat - L'ancien ministre et dirigeant istiqlalien Mohamed Louafa est décédé, dimanche à Rabat à l'âge de 72 ans, des suites d'une maladie, a-t-on appris auprès de sa famille. Il est mort suite à une atteinte au Covid-19. 

On l’appelait toujours Louafa, jusqu’à oublier qu’il se prénommait Mohamed. Ce proche du dauphin de Allal El Fassi à la tête de l’Istiqlal, Feu Mhammed Boucetta, marrrakchi comme lui, a fait ses premiers pas en politique dès sa tendre enfance à l’Istiqlal qu’il n’a pas jamais quitté, même quand il est resté au gouvernement à l’encontre de la décision de Hamid Chabat, alors secrétaire général improbable de l’Istiqlal, de faire démissionner en 2013 son parti du cabinet Benkirane. 

Scout, Jeunesse scolaire, Jeunesse istiqlalienne, Mohamed Louafa s’est fait remarquer en tant que président de l’UGEM, organisation estudiantine d’obédience istiqlalienne, en tenant vaillamment tête à la gauche qui régnait sans partage sur le campus dans les années 1970.

Il est secrétaire général de la Jeunesse istiqlalienne quand le Maroc entame le retour à la vie institutionnelle par l’organisation des législatives d’octobre 1977 qui précéderont le retour de l’Istiqlal au gouvernement après 14 ans d’opposition. Dans la foulée, Louafa est élu député de Casablanca (Ben Msik - Sidi Othmane) loin de sa Marrakech presque natale (Il est né dans le Haouz) et dont il sera maire de 1983 à 1992.

 Plusieurs fois élu à la Chambre des représentants, il est aux cotés de Mhammed Boucetta lorsque le défunt patron de l’Istiqlal monte au créneau contre celui qui était alors le tout puissant ministre de l’Intérieur, Driss Basri. Si bien que proposé au poste de ministre de l’Equipement dans le gouvernement de « l’alternance consensuelle » dirigé par le socialiste Abderrahmane El Youssoufi, la candidature de Louafa est rejetée sous prétexte que c’est un département nécessitant un technicien (ingénieur). En vérité c’est une punition pour les prises de position, sous la férule de Boucetta, de ce crâneur doublé d’un hâbleur contre Driss Basri. 

En 2000, il est nommé ambassadeur en Inde et au Népal. Un lot de consolation marquant le début d’une longue sinécure comme ambassadeur qui s’achèvera au Brésil en 2011, après un passage (2006-2009) par l’Iran. 

De retour au pays, il tombe pile poil avec le mouvement du 20 février qui débouchera sur la réforme de la constitution puis la formation du gouvernement Benkirane auquel il ne survivra pas. Sur le papier, rien ne reliait les deux hommes. Nonobstant une amitié contre nature. Ce fut une complicité de tempérament qui ne reposait sur aucune affinité idéologique. Louafa, même s’il a grandi à l’ombre de Allal El Fassi, était loin d’avoir de la sympathie pour les islamistes. Pourtant Il quittera ses fonctions en même temps que A. Benkirane qui l’avait récupéré en 2013 comme ministre délégué aux Affaires générales. En guise de remerciement pour son soutien.

Mais quand on sait qu’il occupait juste auparavant le ministère combien grand et combien compliqué de l’Education nationale, on ne peut concevoir ce nouveau poste que comme une dégradation, une nouveau châtiment pour n’avoir pas laissé tomber Benkirane au moment où son propre parti quittait le navire dans l’espoir de faire tomber le chef de file islamiste. Dès lors on comprend qu’au retour de son propre parti au gouvernement Saâdeddine El Othmani, Mohamed Louafa est remercié. Depuis, il passait son temps à consumer une retraite paisible à l’issue d’une longue carrière politique où sa principale qualité n’a certainement pas été de passer inaperçu. (N K)

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