société
Des Femmes brillantes – Par Seddik Maâninou
Les femmes honorées par la quinzième édition de la célébration annuelle organisée par Bouabate Fasse
Sur le chemin de Fès, la verdure s'est répandue après des pluies espérées, attendues et n’ont pas déçues. Elles ont ravivé l'espoir après une longue et implacable sécheresse qui commençait à menacer non seulement l'agriculture mais aussi la population de plus en plus inquiète du risque de soif. Les pluies au Maroc apportent immanquablement avec elles la sérénité aux gens, et pas seulement dans les campagnes. Mais aussi dans les villes... C’est que l'histoire du Maroc est intimement liée à la pluie, doublement source, d'espoir et de grandes angoisses. N’attribue-t-on pas cet aphorisme au maréchal Lyautey, premier résident général du protectorat français dans notre pays : ‘’Au Maroc, gouverner c’est pleuvoir’’.
Un appel du ministre
Tandis que je m’imbibais de ce tapis vert qui s’étendait à perte de vue, survenu miraculeusement combler un manque qui dure depuis des années, je me suis rappelé la longue sécheresse des années quatre-vingt du siècle dernier et je me suis souvenu que lors de la première nuit où la pluie était tombée abondamment, le ministre de la Maison royale m'avait appelé et j'ai immédiatement pris l'initiative de le féliciter en disant... « Allah soit loué pour cette bénédiction »... Il m'a alors surpris par la sévérité de sa réplique : « Quelle bénédiction ? » J'ai répondu « Les pluies. ». Tout aussi sèchement, il m'a demandé : « Possédez-vous des terres agricoles ? » J'ai répondu « Non » ; « Avez-vous un troupeau de moutons ? » J'ai encore répondu « Non » ; « alors qu’avez-vous à faire de la pluie »’a-t-il dit sur un ton d’admonestation.
Portail de Fès
Je suis allé à Fès à l'invitation de l'association Bouabate Fasse (Portail de Fès), dont je suis devenu un fervent activiste depuis quelques années, afin d’assister à la célébration annuelle de la Journée internationale de la femme. Cette année marquait le quinzième anniversaire de la première fois où un nombre de femmes œuvrant dans différents secteurs ont été honorées par l’association. Comme d'habitude, la célébration a été magnifique, bien organisée, avec une forte présence, où des dames brillantes dans les domaines des sciences, des arts, du droit, des médias et de la culture, ont été fêtées, dans une atmosphère que les pluies bienfaitrices ont embellie.
Une relation quasi- familiale
Layla Benis, présidente de l'association, a veillé avec beaucoup de soins à l'organisation de la cérémonie et à ce que les différentes phases se déroulent dans une ambiance chaleureuse, contribuant à mettre en valeur la femme marocaine.
Quand la parole m'a été donnée, j'ai salué la solidarité des membres, femmes et hommes., considéré que le succès de l’association était dû au désir de ses adhérents de faire de ce rendez-vous annuel l’occasion d'honorer les pionnières dans différents domaines et de renforcer les liens, à la longue devenus quasi-familiaux entre les participants.
J'ai ensuite rappelé que la rencontre de ce jour se déroulait alors que notre pays vit un large débat autour du Code de la famille et des modifications à lui apporter en conformité avec la volonté royale de franchir une nouvelle étape sur la voie de la consolidation des droits de la femme. J'ai également rappelé que, vingt ans après la précédente réforme de la Moudawana, voici une nouvelle occasion de progresser dans la relation entre hommes et femmes, avant, pendant, et après le mariage, et en vue aussi de réaliser leur combien difficile égalité dans le travail, l'éducation, et la responsabilité.
Les Palestiniennes
J'ai ajouté qu'au moment où nous célébrons les femmes, des Palestiniennes font face à une guerre criminelle.et que des milliers de martyres ont perdu leur vie en défendant une cause humaine juste. J'ai rappelé que des centaines de milliers font face aux bombardements, à la faim, et aux souffrances de la privation. Des Palestiniennes d’autant plus admirables qu’elles sont résilientes et continuant à donner naissance à la vie au milieu de la mort et des bombardements. Plus de vingt mille enfants, garçons et filles, sont ainsi nés, toute une génération, du moins pour ceux qui survivront à l’extermination, qui continuera la bataille... Et j'ai invité l'assemblée à se lever et à applaudir en signe de respect et de soutien à la femme palestinienne.