Ces citadins qui reviennent aux sources, l’irrésistible appel de la nature

5437685854_d630fceaff_b-

Un phénomène discret fort probablement révélateur d’un changement d’époque.

1
Partager :

Retour aux sources et la nature refuge. De plus en plus de citadins, en quête de sérénité, de sens et de simplicité, quittent les villes pour s’établir à la campagne. Dans la région de Casablanca-Settat, ce choix de vie prend racine dans un besoin profond de réconciliation avec la nature, porté par les souvenirs d’enfance, le rythme apaisé du monde rural et les bienfaits avérés d’un environnement plus sain. Un phénomène discret fort probablement révélateur d’un changement d’époque.

Par Rachid Sami – MAP

Settat - Ce n’est ni un exode à l’envers, ni un effet de mode éphémère ou encore une réclusion choisie. Tout naturellement une réponse à l’irrésistible appel de la nature. De plus en plus de citadins élisent domicile à la campagne pour changer radicalement de mode de vie.

S’agit-il d’un réel phénomène socioéconomique ? Trop tôt pour l’affirmer mais ce qui est sûr, c’est que la campagne séduit de plus en plus de nombreuses gens de la ville en quête de grands espaces et d’air pur, loin du tumulte urbain, tout près du ciel et de la terre.

Ce constat est visible un peu partout dans le Royaume, notamment dans la région de Casablanca-Settat où il est depuis bien d’années déjà habituel de voir des habitations construites en rase campagne, selon les normes de l’architecture moderne, tranchant avec le style rustique traditionnel en zone rurale.

Leurs propriétaires représentent presque toutes les catégories sociales et professionnelles avec tous pour dénominateur commun ce besoin de se mettre au vert loin du tumulte des grande agglomérations. Une envie irrépressible de grands espaces et de tranquillité. Et aussi de retour aux sources dans la terre de leurs aïeuls. Généralement, ils sont des fonctionnaires retraités qui, après une existence vouée à l’éducation et la scolarisation de leurs enfants et une carrière de bons et loyaux services, ressentent le désir de renouer avec la nature, de vivre plus sobrement, sans contrainte de l’horloge dans ce monde qui va de plus en plus vite, même trop vite. Que des petits bonheurs de paix et d’eau fraîche.

Sans pour autant se priver des commodités facilitant les actes de la vie favorisés principalement par l’électrification rurale généralisée ainsi que l’alimentation en eau potable désormais accessible. Des services pratiquement disponibles aujourd’hui partout dans le monde rural, dans la région de Casablanca-Settat et ailleurs.

‘’J’envisageais bien avant ma retraite de m’installer définitivement dans le hameau, devenu maintenant un village, où j’ai vu le jour il y a soixante-trois ans, dans la commune rurale de Mzoura, à une trentaine de kilomètres de Settat. L’occasion venue, me voici chez moi après plus de trente-huit ans passés à Rabat dans la fonction publique’’, confie à la MAP Khalid qui ne cache pas le bonheur de vivre sans se presser et d’être enfin libéré de toutes les contraintes et les habitudes de la vie urbaine qui l’ont trop longtemps déconnecté de la nature.

Pour lui, rien ne vaut la nature quand bien même les villes marocaines réservent aujourd’hui une grande importance aux espaces verts.

L’heureux Khalid ne regrette pas d’avoir investi toutes ses économies dans la construction d’une jolie demeure de campagne équipée de panneaux solaires photovoltaïques avec un grand jardin où il a planté des arbres fruitiers et des légumes.

Depuis qu’il vit dans sa campagne natale, il "dort comme un bébé et respire mieux", ajoutant que son corps "se défend mieux et efficacement contre les infections, notamment la grippe et autres maux de tête".  Autrefois, un jadis pas si lointain, dépendant de la voiture, il déclare ne plus ressentir le besoin de prendre le volant sauf pour aller tous les mercredis au souk hebdomadaire d’Ouled Said.

Les bienfaits de la nature sur la santé n’ont pas besoin d’être démontrés, mais la science s’en est tout de même occupée. C’est le cas de ces chercheurs autrichiens de l’Université de Vienne, auteurs d’une étude publiée le 13 mars dans la revue ‘’Nature Communications’’, qui ont montré qu’être exposé à la nature, même de façon virtuelle, a un effet antalgique en impactant l’activité cérébrale.

Les auteurs de l’étude ont cherché à savoir dans quelle mesure les différentes zones du cerveau étaient affectées par l’exposition à des paysages naturels, urbains et d’intérieur. Pour cela, ils ont enregistré l’activité cérébrale d’un panel de 49 volontaires grâce à un scanner IRMf (Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle). Les sujets regardaient différents visuels pendant qu’ils recevaient une série de décharges électriques plus ou moins douloureuses sur le dos de la main gauche.

Résultat : Les participants ont unanimement déclaré qu’ils ressentaient moins de douleur lorsqu’ils regardaient les paysages naturels.

Pour les auteurs, ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que les paysages naturels comportent des éléments qui captivent l’attention humaine de façon unique et sans effort, détournant l’attention de la sensation de douleur. Une thèse connue d’ailleurs sous le nom de ‘’théorie de restauration de l’attention’’ en psychologie.

Une découverte qui ouvre de nouvelles voies pour la recherche visant à mieux comprendre comment la nature a un impact sur l’esprit et le corps humains.

Mieux, elle est à même d’encourager ceux qui hésitent encore à tout quitter pour rejoindre la campagne, à tout le moins y construire une résidence secondaire. Pour ceux qui ont évidemment les moyens et surtout le désir. Et pour ceux qui n’ont ni les moyens, ni le désir de finir leurs jours dans la campagne, il existe une alternative, les gîtes qui se multiplient dans la région de Casablanca-Settat, offrant à leurs hôtes l’occasion de se reconnecter à la nature. Une douce parenthèse bucolique qui vaut le détour !

lire aussi