Les mosquées marocaines, un creuset vieux de 1200 ans où se croisent architecture, arts décoratifs, histoire et spiritualité

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La mosquée Hassan II n’est pas seulement un joyau condensé des arts artisanaux marocains, mais l’aboutissement de plus 1200 ans d’évolution dans la construction des Mosquées du Royaume. Mais il faut craindre qu’un Algérien vienne un jour nous dire que ce n’est pas le défunt roi son maitre d’ouvrage, mais le défunt président algérien Houari Boumediene -

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Les mosquées marocaines, véritables joyaux d’architecture, témoignent d’un dialogue séculaire entre histoire, spiritualité et savoir-faire artisanal, façonnant une identité unique et intemporelle.  

Par Mehdi DIOUANE - MAP

Les mosquées se sont de tout temps imposées comme le creuset d’un dialogue sublime entre architecture, histoire et patrimoine, à la faveur des affluents arabe, amazigh, andalou et méditerranéen qui irriguent l’identité unique et plurielle du Maroc et des Marocains.

Dans l’élan majestueux de leurs minarets, les mosquées marocaines continuent d’arborer une splendeur singulière où l’harmonie des sculptures minutieuses et la quiétude spirituelle rendent l’écho d’un travail studieux et ciselé, au fil des siècles, par une infinité d’influences et d’interactions émaillant depuis les origines l’histoire du Maroc et son rapport avec son voisinage.

Au gré de ces échanges féconds, certaines mosquées sont devenues, plus que des lieux de culte, des chefs-d’œuvre d’architecture inimitables et impossibles à reproduire, sauf par les mains de l’artisan marocain.

Cette spécificité s’expriment dans l’architecture des mosquées et la richesse de leurs aspects esthétiques et artistiques en parfaite symbiose avec un souffle spirituel indissociable du cours de la vie des Marocains, tant et si bien que tout visiteur avisé ne saurait se tromper sur l’identité de ces lieux de culte.

Pour l’historien Ahmed Achaaban, professeur spécialisé en architecture islamique, la densité des influences et des interactions est une question plus que probable dans l’évolution des arts en général et de l’architecture en particulier, quand bien même un entrelacs de facteurs endogènes et exogènes contribue à façonner l’identité d’un pays.

Le résultat en est que ce dialogue des influences a fini par imprimer à l’architecture marocaine un cachet singulier qui se déploie dans la diversité des motifs et la richesse des décorations, révélant par là même tout le génie de l’artisan marocain et sa capacité à travailler la matière et à façonner les formes.

M. Achaaban explique que le concept d’architecture a connu des évolutions dans les lieux de culte, du fait que seul Al Jamaa Al Aâdam ou la Grande mosquée (Al Jamaa Al Kabir) était considéré, dans le passé, comme un monument d’architecture religieuse dans la Cité islamique.

Ainsi, contrairement à la mosquée, dédiée uniquement aux cinq prières quotidiennes et ne disposant pas de minbar, Al Jamaa ( littéralement qui englobe) abritait la prière du vendredi, en plus des cinq prières quotidiennes.

A la différence des mosquées de tous les jours, Jamaa disposde cinq éléments architecturaux essentiels : le mihrab, dédié à l’imamat de la prière, le minbar pour les prêches du vendredi et des Aïd, une salle de prière, un minaret pour l’appel à la prière et la cour qui joue un rôle important dans la ventilation et l’éclairage.

L’historien précise que les Jamaas de l’Occident musulman, et ceux du Maroc en particulier, se distinguaient de leurs semblables du Machrek avec l’émergence de la dynastie Almohade au 12 ème siècle, une révolution artistique et culturelle a marqué les éléments architecturaux des Jamaas marocains par rapport aux autres Jamaas islamiques de telle manière que la forme géométrique carrée des minarets allait devenir un trait distinctif de toutes les mosquées de l’Occident musulman.

Arrive également une technique et une ingénierie de construction inconnues jusqu’alors, consistant à exploiter le corps central de la mosquée à travers la construction de pièces superposées allant de la base à la plateforme supérieure du minaret.

Le chercheur relève que les évolutions ayant émaillé l’architecture des mosquées marocaines n’étaient pas isolées des avancées réalisées dans le domaine de la décoration, de la sculpture sur bois et du travail du zellige, qui reflétaient l’essor culturel et économique du Maroc.

Les principautés antérieures à la dynastie Almoravide se sont intéressées plus à la construction qu’à la décoration, et sous les Almohades, l’artisan marocain allait donner libre cours à son génie créateur en matière de décorations en plâtre et de sculpture sur pierre, comme en témoignent les mosquées de Tinmel et Koutoubia.

Plus tard, "la dynastie mérinide et celles qui lui ont succédé ont été par excellence des époques de décoration des bâtiments", souligne M. Achaabane, assurant que les façades intérieures des écoles mérinides forment des tableaux ornés de différents types de décorations.

La mosquée Hassan II à Casablanca incarne aujourd’hui de la artistique des manières cette créativité et cette authenticité marocaines, en tant que premier édifice religieux construit sur la mer.

C’est un joyau architectural, civilisationnel et artistique sans pareil, qui combine une impressionnante palette d’expressions artistiques, de décorations et de sculptures marocaines millénaires.

C’est dire que les mosquées marocaines incarnent et continueront d’incarner l’évolution d’un art architectural constamment renouvelé et patiemment ciselé par la main de l’artisan marocain.