Culture
Le Musée de Bank Al-Maghrib met en lumière le riche passé de Salé

Le patrimoine millénaire de Salé, longtemps enfoui sous les sédiments du temps et de l’oubli, a fait l’objet d’un colloque scientifique de haut niveau, mercredi à Rabat, en clôture de l’exposition "Sala, Trésors cachés d’une cité marocaine antique".
À l’issue de l’exposition temporaire "Sala, Trésors cachés d’une cité marocaine antique", le Musée de Bank Al-Maghrib a organisé un colloque scientifique à Rabat, consacré à la redécouverte du riche patrimoine historique et archéologique de Salé. Une initiative qui s’inscrit dans une dynamique de valorisation et de transmission de la mémoire des villes marocaines.
Un hommage scientifique à une cité oubliée
Rabat – Le patrimoine millénaire de Salé, longtemps enfoui sous les sédiments du temps et de l’oubli, a fait l’objet d’un colloque scientifique de haut niveau, mercredi à Rabat, en clôture de l’exposition "Sala, Trésors cachés d’une cité marocaine antique". Présentée depuis le 17 octobre dernier par le Musée de Bank Al-Maghrib, cette exposition a permis de dévoiler une collection précieuse de pièces de monnaie, d’objets archéologiques et de documents d’archives retraçant les grandes étapes historiques de la ville.
Le colloque s’inscrivait dans une programmation pensée en synergie avec l’exposition, avec pour ambition de restituer au public les multiples dimensions de l’histoire de Salé à travers des regards croisés d’experts et d’acteurs de terrain. Parmi les intervenants figuraient Rachid Maalal, directeur général de la Société Rabat Région Patrimoine Historique (RRPH), Mohamed Kbiri Alaoui, professeur à l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine, et Smahane Bouktab, responsable du service des études numismatiques du musée.
Mme Bouktab a souligné que cette initiative s’inscrit dans l’approche scientifique du musée, qui vise à explorer l’histoire des villes marocaines à travers leurs moments phares. Salé a ainsi été choisie pour son rôle central dans la construction de l’identité historique nationale, à travers notamment deux grandes périodes : la maurétanienne et la maurétano-romaine.
Un patrimoine à réhabiliter et à transmettre
Pour Rachid Maalal, le site antique de Salé recèle toujours des joyaux architecturaux méconnus. Il a insisté sur les efforts engagés pour réhabiliter cet espace et l’intégrer dans le tissu culturel et touristique de la région, en collaboration avec de nombreux partenaires institutionnels et scientifiques. L’objectif est clair : **protéger ses spécificités, valoriser son histoire et faire de cette mémoire un levier de développement local**.
Le directeur de la RRPH a également mis en avant l’importance de la recherche et de la documentation comme outils indispensables pour assurer une protection durable du site, mais aussi pour nourrir la conscience collective autour de ce patrimoine.
Même constat chez Mohamed Kbiri Alaoui, qui voit dans la cité antique un véritable "laboratoire à ciel ouvert" pour les chercheurs. Il appelle à intensifier les investissements et les travaux archéologiques, afin de mieux comprendre les dynamiques sociales, économiques et culturelles qui ont façonné la ville à travers les siècles.
Le musée comme trait d’union entre mémoire et modernité
Ce colloque a également confirmé l’ambition du Musée de Bank Al-Maghrib de se positionner comme **un lieu de réflexion autour de l’histoire civilisationnelle et économique du Maroc**. À travers ce type d’initiatives, le musée se veut un acteur engagé dans le débat sur la préservation du patrimoine immatériel et sa valorisation auprès du grand public.
Les échanges scientifiques ont illustré la richesse de Salé et la nécessité d’intégrer pleinement son passé dans les projets de développement urbain et culturel. Au-delà d’un hommage à une ville antique, il s’agit de réaffirmer le rôle de la connaissance historique dans la construction d’un avenir plus ancré, plus conscient et plus équilibré.
En mettant en lumière les trésors de Salé, le Musée de Bank Al-Maghrib a rappelé que l’histoire n’est pas un luxe, mais un fondement de l’identité et de la transmission. Un message d’autant plus essentiel dans un contexte où le patrimoine, partout dans le monde, est menacé par l’oubli, la spéculation ou l’indifférence.