Brésil : Des milliers d’Indigènes rassemblés à Brasilia pour défendre leurs territoires

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Installé en plein cœur de la capitale, le campement éphémère vibre aux sons de tambours, de chants traditionnels et de 274 langues autochtones

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Sous le slogan « La réponse, c’est nous », plus de 10.000 représentants autochtones venus de tout le Brésil convergent vers la capitale pour exiger la démarcation de leurs terres, dénoncer le recul de leurs droits et rappeler leur rôle central dans la lutte contre le changement climatique.

Une mobilisation historique et symbolique

La 21e édition de l’Acampamento Terra Livre (Campement Terre Libre), la plus grande mobilisation annuelle des peuples autochtones brésiliens, s’est ouverte dimanche à Brasilia. Pendant cinq jours, jusqu’au 11 avril, environ 10.000 membres issus de quelque 200 peuples se réunissent pour des rituels, des débats et des manifestations visant à défendre leurs droits constitutionnels.

Installé en plein cœur de la capitale, ce campement éphémère vibre aux sons de tambours, de chants traditionnels et de 274 langues autochtones, une diversité linguistique qui illustre la richesse culturelle d’un Brésil ancestral souvent relégué à la marge.  

Le rejet du “Marco Temporal”  

Au centre des revendications figure le rejet de la doctrine du Marco Temporal, selon laquelle seules les terres occupées au moment de la promulgation de la Constitution de 1988 peuvent être reconnues comme indigènes. Cette thèse, déjà jugée inconstitutionnelle par la Cour suprême, a été récemment transformée en loi par le Congrès, ravivant l’indignation des peuples concernés.

« Cela fait plus de 35 ans que la Constitution garantit nos droits territoriaux, mais ils ne sont toujours pas respectés », s’indigne Andrea Nukini, militante venue de l’État d’Acre, après un voyage de quatre jours en bus.  

Les leaders autochtones dénoncent également la tentative d’ouverture de négociations judiciaires autour du Marco Temporal comme une manière déguisée de légitimer des projets d’extraction sur leurs terres. Le mouvement a d’ailleurs boycotté une réunion de conciliation convoquée par un juge de la Cour suprême, en signe de protestation.

Des territoires en péril face à l’exploitation minière  

Les participants alertent sur la montée des menaces contre leurs territoires, notamment à travers l’extraction illégale de minerais, qui provoque une pollution au mercure affectant gravement les peuples Yanomami et Munduruku. Cette contamination touche non seulement la santé des communautés, mais dévaste aussi des écosystèmes entiers.

« Nos droits ne sont pas négociables », déclare Marciely Tupari, responsable de la Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie Brésilienne (COIAB), en appelant à la résistance et à l’unité.  

Un message pour la COP30  

À quelques mois de la COP30 prévue en novembre à Belém, ce rassemblement indigène se veut également une prise de parole environnementale. Pour les organisateurs, la défense des territoires autochtones est indissociable des objectifs de lutte contre le changement climatique. Les forêts protégées par ces communautés sont en effet des remparts naturels contre la déforestation et la perte de biodiversité.

Les peuples indigènes du Brésil s’imposent ainsi non seulement comme les gardiens de leurs terres, mais aussi comme acteurs clés de la transition écologique mondiale, dont la voix devra résonner dans les prochaines négociations internationales.

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