Les nomades : une vie au gré des saisons

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Errachidia - Munis de provisions et de vêtements les protégeant du froid, les nomades parcourent les plateaux et les plaines de la région de Drâa-Tafilalet à la recherche de ressources naturelles nécessaires à la vie pour eux et leur bétail, pratiquant ainsi un mode de vie ancestrale qui défie le temps.

Insoucieux des aléas climatiques auxquels elles ont su toujours s’adapter, ces populations ont opté pour une vie rudimentaire dans cette région du Royaume caractérisée par ses contraintes environnementales et ses vastes étendues peu peuplées et où l’abondance des ressources naturelles est tributaire des saisons.

Dans leur transhumance, les hommes nomades choisissent des endroits qui peuvent leur procurer de l’eau, du bois de chauffage et de la nourriture pour leur bétail, alors que les femmes se chargent des enfants et des tâches ménagères.

Les nomades ne possèdent pas de biens immobiliers ou de lieux de vie stables, mais sont animés d’une forte volonté de quête permanente d’une terre qui leur offre, le temps d’un déplacement, les moyens de subsister, mais sans pour autant trop s’y attacher.

Leur mot d’ordre est "la transhumance avec le minimum de pertes possibles" aussi bien humaines que matérielles, tout en s’efforçant d’amasser les provisions nécessaires en prévision des jours de pénurie, un style de vie légué par leurs ancêtres qui impose le respect et que ses pratiquants ne veulent pas abandonner. 

Said Ouaddi (54 ans), l’un des nomades de Sidi Ayyad (près de Midelt), souligne que les membres de sa tribu ont hérité de leurs ancêtres le mode de vie nomade qu’ils ne sont pas prêts à abandonner même pour une vie plus confortable. 

Caractérisé par l’instabilité, ce mode de vie a pourtant ses habitudes et préparatifs immuables liés à la culture tribale de cette région du Maroc, notamment en ce qui concerne le choix des lieux d’installation qui est souvent lié à la présence de nourriture pour le cheptel, a ajouté M. Ouaddi à la MAP.

Les nomades, qui se soucient peu des dures conditions climatiques, s'atèllent en revanche à la recherche d’espaces géographiques leur offrant les ressources naturelles nécessaires à subsister. Ayant développé au fil des années de grandes aptitudes à s’adapter aux contraintes climatiques, ils ont toujours aussi fait preuve d’un grand esprit de solidarité entre eux, considérant l’entraide un moyen fondamental pour dépasser les difficultés de tout genre pouvant surgir.

Le mode vie des nomades est, par nature, tout à fait à l’opposé de celui des sédentaires. Toutefois, des efforts ont été déployés ces dernières années pour encourager ces populations à s’installer de manière prolongée dans le temps dans un endroit donné.

Une tendance à la semi-sédentarisation

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Pusieurs familles nomades sont devenus des semi-nomades, à l’instar des membres de plusieurs tribus du sud-est du Maroc comme celle de Sidi Ayyad (Midelt) qui se sont installés dans des endroits déterminés où ils passent désormais une grande partie de l’année. 

Dans les tribus qui ont opté pour un mode de vie semi-nomade, seuls les hommes se déplacent à la recherche de pâturages pour des périodes allant de 3 à 4 mois, alors que les femmes se sédentarisent.

Selon Assou Assetti, membre du Conseil de la commune rurale de Mibladen, une grande partie des nomades de cette région, dont la majorité sont des Amazighs, ont changé leur mode de vie pour se sédentariser en partie.

Il a fait observer, dans une déclaration à la MAP, que des nomades du Sahara marocain se déplacent aussi vers des zones de la région de Drâa-Tafilalet lorsque la sécheresse prive leur bétail de nourriture.

Par ailleurs, des organisations de la société civile tentent de persuader les nomades de Drâa-Tafilalet de troquer leur mode de vie par une stabilité même relative, une idée qui commence à trouver un écho favorable chez certains d’entre eux.  

Réagissant à cette idée, M. Assetti propose de rassembler les nomades dans des "villages modèles" assurant un minimum de stabilité pour leurs familles.

Dans le même sens, des Ong mettent en œuvre des initiatives visant à encourager les nomades à s’installer dans certaines zones durant des périodes déterminées de l'année, en leur assurant notamment l’eau potable, grâce au forage des puits, et de la nourriture pour leur bétail.

Parmi ces initiatives appréciées, celle menée par de l’association "Tous pour la région" qui a lancé une caravane ambulante pour la consignation des actes de mariage de couples nomades, en présence de juges, des représentants des autorités locales et des présidents de certaines communes rurales.  

Youssef Ait Ba Haddou, chargé du dossier des nomades au sein de l’association "Tous pour la région", a indiqué qu’il a été procédé, dans ce carde, à Merzouga à la consignation des mariages de 23 couples, soulignant que plusieurs parties réclament de répéter cette expérience dans d’autres zones du Maroc.

Il a fait observer, en outre, que l’enseignement des enfants pose un problème aux familles nomades à cause de leur transhumance, estimant que cette difficulté commence à être atténuée en raison du choix de certaines familles du mode de vie semi-nomade qui permet aux enfants de rester avec leurs mères et de suivre leurs cours à l’école.  

L’association œuvre, en partenariat avec d’autres organisations de la société civile, dans ce domaine à travers des écoles ambulantes suivant les nomades là où ils se déplacent et où les cours sont dispensés par des professeurs bénévoles, a poursuivi M. Ait Ba Haddou.

L’intervention de la société civile en faveur des nomades ne se limite pas aux domaines du mariage et de l’enseignement, mais concerne aussi l’approvisionnement en eau, ainsi que les caravanes médicales.

La vie des nomades commence à changer pour s’adapter aux différentes contraintes de la vie, mais sans pour autant abandonner son essence. 

*MAP

 

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