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ONU: un projet de résolution sur le Covid-19 enfin sur la table du Conseil de sécurité
Image prise par un drone le 21 avril 2020 d'un camp de réfugiés dans la province syrienne d'Idleb.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a commencé mercredi à travailler sur un projet de résolution co-rédigé par la Tunisie et la France, qui réclame "une coordination renforcée" face au Covid-19 et une "cessation des hostilités" dans les pays à son agenda,.
Depuis le début de la pandémie, le Conseil de sécurité est resté largement silencieux pour cause de fortes divisions entre ses membres permanents, notamment les États-Unis, la Chine et la Russie. Il s'est borné, à l'initiative de Berlin, à tenir le 9 avril sa première réunion exclusivement consacrée au Covid-19, sans toutefois d'adoption d'un texte fort à la clé.
Le projet de la Tunisie et de la France, de trois pages, a été remis mercredi matin aux 15 membres du Conseil de sécurité. Des discussions vont débuter "bientôt" après la remise par les membres de leurs "commentaires", ont indiqué des diplomates sous couvert d'anonymat.
"Il n'y aura pas de négociations en tant que telles", prédit un troisième diplomate, également sous couvert d'anonymat, en évoquant un vote qui pourrait intervenir en début de semaine prochaine.
Une impulsion décisive pour une adoption pourrait être donnée par une visioconférence des dirigeants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui est envisagée ce vendredi, selon des médias russes.
Le texte est le fruit de deux négociations et de deux projets concurrents, menés depuis un mois, d'un côté sous la houlette de Tunis par les dix pays non membres permanents du Conseil, et de l'autre sous la direction de Paris avec uniquement ses cinq membres permanents.
Le projet souligne "le besoin urgent d'une coordination renforcée parmi tous les pays" pour combattre la pandémie. Il "demande une cessation générale et immédiate des hostilités dans tous les pays à (l')agenda" du Conseil de sécurité, en soutien des efforts en ce sens du secrétaire général de l'ONU.
Antonio Guterres avait lancé le 23 mars un appel à un cessez-le-feu général dans le monde pour mieux lutter contre le Covid-19 et demandé depuis au Conseil de sécurité de soutenir cette démarche.
"Pause humanitaire"
"Il est très important que le Conseil de sécurité parle d'une seule voix sur la crise actuelle qui affecte le monde entier", a répété mercredi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, lors de sa conférence de presse quotidienne. "Nous aimerions beaucoup une voix forte du Conseil de sécurité", a-t-il insisté.
Le projet de résolution demande aussi "à toutes les parties dans des conflits armés d'observer une pause humanitaire d'au moins 30 jours consécutifs" pour permettre la délivrance d'une assistance humanitaire aux populations les plus éprouvées.
Le texte prévoit des exceptions pour les opérations militaires contre l'Etat islamique en Irak et au Levant, les groupes Al-Qaïda et Al-Nosra ainsi que toutes les autres entités "terroristes" listées par le Conseil de sécurité.
Via ce projet, le Conseil demanderait aussi au secrétaire général de le tenir régulièrement informé de la lutte de l'ONU contre le Covid-19 dans "les pays en conflit armés ou affectés par des crises humanitaires" et des implications pour les missions de paix.
Un paragraphe dans le projet relatif à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), décriée depuis une quinzaine de jours par les Etats-Unis qui ont suspendu leur participation financière à cette agence de l'ONU pour protester contre son manque supposé de réactivité, est laissé en blanc, devant "être décidé à la fin de la négociation".
Le sujet pourrait être abordé lors de la vidéoconférence planifiée prochainement par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume Uni).
Les dix membres non permanents du Conseil de sécurité sont outre la Tunisie, l'Allemagne, l'Indonésie, la Belgique, la République dominicaine, l'Afrique du Sud, l'Estonie, le Niger, Saint-Vincent et les Grenadines, et le Vietnam.
Au terme d'un mois de négociations, ces pays, excédés par les atermoiements des membres permanents, étaient la semaine dernière parvenus à un projet de résolution définitif, ne comportant plus que deux paragraphes entre crochets liés à une demande de levée de sanctions internationales poussée par l'Afrique du Sud. Aucune demande de vote n'avait cependant suivi.