société
See you Molière, ou pas, buenas dias Cervantès - Par Dr Anwar CHERKAOUI
Jean Rochefort n’aura jamais joué le héros de Cervantes dans le film Terry Gilliam. Un projet avorté en raison de graves problèmes de santé. Ou peut-être qu’un Don Quichotte français camperait mal une satire moderne des structures néocoloniales de son pays, contrairement à Cervantès qui en a fait une parodie des structures sociales d'une société espagnole alors rigide et encore médiévale
23 points sur 74 sont consacrés à la dimension culturelle et les liens humains entre les deux Royaumes dans la déclaration finale conjointe de la 12eme réunion de haut niveau entre le Maroc et l’Espagne, tenue à Rabat les 1 et 2 Février 2023. Et un nouvel Institut Cervantès va ouvrir à Laâyoune.
Moi, j'ai fait l'école marocaine. Je suis devenu médecin.
Mes enfants ont fait la mission française. Je ne le regrette pas et eux non plus.
Mes petits-enfants vont faire l'école espagnole. Cela est certain.
Géopolitique, trahison et double jeu français obligent.
Moi, j'ai grandi avec la bibliothèque verte, avec le bossu de Notre Dame ou la sauvegarde d'un édifice religieux, le Quasimodo de Victor Hugo ainsi qu’avec le J'accuse d’Emile Zola
Des cinéastes francais m'ont marqué ã vie « Dieu créa la femme « de Roger Vadim, avec la sublimissime, Brigitte Bardot. Et, plus consistant Marcel Pagnol et Jean Renoir.
M’a bercé et fait danser aussi, la voix de Georges Moustaki, également italo-grec né en Egypte, l’un des symboles de cette France qui séduisait encore. Sa chanson Le métèque résone toujours dans ma tête. Gérard Lenormand m’avait ravi sur les planches du théâtre Mohammed V de Rabat. Cette ouverture spontanée sur cette France que nous aimions, on la devait un partenariat culturel sans arrogance.
Féru du cinéma, grâce au travail fabuleux du centre culturel français de Rabat, j'ai pu rencontrer dans la capitale du Royaume de grands acteurs français comme Nathalie Baye, Jean louis Trintignant et bien d'autres ….
J'ai discuté avec un grand artiste mondial, décédé en 2021, Jean Claude Carrière, écrivain, scénariste, parolier, dialoguiste, metteur en scène et acteur. On n’y croisait pas que du français-français. On pouvait aussi y voir et discuter avec le scénariste de Cet obscur objet du désir, le dernier de ce géant espagnol Louis Buñuel, ou encore le scénariste de ce chef d'œuvre Allemand, Le Tambour, du réalisateur Volker Chlondorf et de Les fantômes de Goya de Milos Forman (réalisateur du film que tous les marocains connaissent, Vol au-dessus d’un nid de coucou avec l’excellent acteur Jack Nicholson.
Il y a même quelques années, dans notre mythique Théâtre Mohammed V, j’ai assisté à cette belle déclamation de poésie par la voix suave de Jean Louis Trintignant, grand parmi les grands du cinéma français, que j’avais interviewé pour le journal Al Alam, début 1990, grâce à la collaboration du centre culturel français de Rabat.
Mais voilà qu’à cause ou grâce à la bêtise du gouvernement français actuel, de sa fourberie qui ne se donne même plus les apparences de l’honnêteté, je commence, comme bien d’autres, à me détourner de cette culture française qui m’a tant porté dans mon enfance et mon adolescence. Désamour que je partage avec mes enfants et mes petits-enfants, avec cet espoir que Cervantès fera, alors que Shakespeare et sa descendance outre Atlantique n’a même pluss besoin d’un effort pour attirer à lui les anciennes comme les nouvelles générations. Son existence suffit.
La nature a horreur du vide…Jean-Luc Godard, François Truffaut et tous les autres que j’ai tant aimé s’estompent dans mon imaginaire. Luis Bunuel, lui, non. Il se consolide.
Ces derniers jours, j’ai relu, en français, ce merveilleux roman Le vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway ». J’ai voulu le conseiller à ma petite nièce. Elle m’a rétorqué : The Old Man and the Sea. En anglais, il est éternelle jeunesse. En Français, il a pris un coup de vieux.
Et voilà comment tout le legs culturel francophone s’effrite par la faute d’une vieille France dirigée par un faux jeune.