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Un Webinaire examine l'impact de la culture du cannabis sur la biodiversité et les ressources
Il est possible " très facilement faire évoluer une variété agréée par l'Union européenne comme textile car à faible teneur en THC (tétrahydrocannabinol) vers une variété plus riche en cette substance psychoactive, ou cultiver une variété à fort potentiel psychotrope pour la rendre riche en fibres et pauvre en THC » (webinariste)
Rabat, - L'impact de la culture du cannabis sur la biodiversité et les ressources a été au centre d'un webinaire organisé, jeudi, à l'initiative de l'Alliance marocaine pour le climat et le développement durable, en collaboration avec l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Le coordinateur national de l'AMCDD, Abderrahim Ksiri, a qualifié le sujet de cette rencontre de complexe dans la mesure où il touche la population la plus vulnérable au Maroc, à savoir celle de la zone montagneuse, relevant que cette visioconférence revêt une grande importance étant donné qu'il s'inscrit dans le cadre du débat autour du projet de loi relatif à la légalisation du cannabis.
"Cela nous permet, en tant qu'acteurs scientifiques, écologiques et de développement durable de contribuer à l'examen de ce sujet et de donner nos points de vues", a-t-il dit.
De son côté, l'écologiste, Karim Anegay a indiqué que le mot français chanvre vient du mot latin classique cannabis, lui-même issu de l'Arabe Qannab. "Son nom scientifique est Cannabis Sativa (sativa veut simplement dire "cultivé"), et on utilise le mot chanvre quand l'utilisation qu'on en fait est textile, alors qu'on parle de Cannabis indica ou chanvre indien pour désigner les variétés à effet psychotrope. Mais il s'agit exactement de la même plante qui est déclinée en de nombreuses variétés", a relevé M. Anegay.
Si l'espèce est une donnée stable et pérenne, la notion de variété (ou race) est à la fois subjective et passablement instable, car les variétés peuvent s'interféconder, et que leurs caractéristiques dépendent de modes de culture ainsi que des conditions externes telles que la température, l'apport en eau et la photopériode, a poursuivi M. Anegay.
Ainsi, "on peut très facilement faire évoluer une variété agréée par l'Union européenne comme textile car à faible teneur en THC (tétrahydrocannabinol) vers une variété plus riche en cette substance psychoactive, ou cultiver une variété à fort potentiel psychotrope pour la rendre riche en fibres et pauvre en THC", a-t-il noté.
Concernant l'impact socio-économique de la culture du cannabis, M. Anegay a cité, entre autres, la dépendance agricole externe et la perte de savoir-faire, l'analphabétisme, la rupture sociale et l'angoisse des populations. S'agissant des impacts positifs, l'écologiste a cité, principalement, le maintien de forte densité, la rentabilité économique, le financement des frais de campagne, le désenclavement de douars et l'amélioration des conditions d'habitat.
De son côté, Tom Blickman, chargé de projet senior au Transnational Institute, un think tank d'Amsterdam, a indiqué qu'au cours des 50 dernières années, les cultivateurs de cannabis marocains ont fait preuve d'une remarquable résilience aux tentatives du gouvernement d'éradiquer ou de réduire la culture du cannabis, ainsi que d'une capacité remarquable à s'adapter aux conditions changeantes du marché international.
Les producteurs de cannabis au Maroc devraient avoir accès aux marchés émergents du cannabis légalement réglementés qui gagnent du terrain dans le monde entier, a fait observer M. Blickman, ajoutant que le défi est de trouver un modèle de développement durable qui inclut la culture du cannabis au Maroc.
Ce modèle est nécessaire non seulement pour la légalisation de la culture du cannabis, mais aussi pour aider les cultivateurs à se préparer aux futurs marchés réglementés du cannabis, a-t-il ajouté.