L’Afrique n’est plus un ‘’réservoir de talents'', mais une force footballistique qui exige plus d'attention - Par Abdelkader EL HAJJAJI

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L'équipe nationale marocaine a commencé la compétition alors qu'aucun des analystes et des observateurs ne prévoyait cet exploit. De la même manière qu’au Mexique en 1986, personne ne l’attendait en huitièmes face à l’Allemagne

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Par Abdelkader EL HAJJAJI (MAP avec Quid)

Doha, - En remportant la victoire sur le Portugal (1-0) en quart de finale de la Coupe du monde de football (Qatar-2022) et en se qualifiant, du coup, en demi-finale de cette compétition mondiale, marquant ainsi un exploit sans précédent dans le monde arabe et en Afrique, l'équipe nationale marocaine a gagné la gloire, en écrivant un nouveau chapitre dans l'histoire du football marocain, plutôt, la gloire d'une nation et d'un continent.

Le Maroc n'a cessé d'écrire l'histoire reliant par la même occasion le passé au présent. Au fait, après avoir été le premier pays arabe et africain à atteindre les huitièmes de finale lors de la Coupe du monde de 1986 au Mexique, il inscrit aujourd'hui son nom en lettres d'or lors de la Coupe du monde (Qatar-2022) en tant que premier pays arabe et africain à réserver, avec mérite, une place au carré d'or, qui était l'apanage des équipes européennes et latino-américaines depuis la première édition du Mondial en 1930, en Uruguay.

L'équipe nationale marocaine a commencé la compétition alors qu'aucun des analystes et des observateurs ne prévoyait cet exploit, à l'exception du jeune entraîneur Walid Regragui, ainsi que des joueurs et du président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Fouzi Lekjaa, qui avaient dit que le Maroc ira à la Coupe du monde au Qatar pour réaliser l'exploit, écrire l'histoire et aller le plus loin possible, ce qui indique que la réalisation des Lions de l'Atlas n'était pas un coup du hasard, mais le résultat d'un excellent travail et d'une performance exceptionnelle devant des meilleures sélections.

Les hommes de Regragui ont ouvert le bal en terminant le match à égalité face à la Croatie, qui a éliminé le Brésil en quart de finale, qui était un candidat extraordinaire pour remporter cette édition, puis a évincé les Diables rouges de Belgique et la jeune équipe canadienne pour continuer à réaliser des exploits en éliminant l'équipe espagnole en huitièmes de finale, l'un des grands résultats dont les analystes du ballon rond n'ont cessé de parler depuis lors.

A un moment, le Maroc s’est retrouvé à représenter deux sphères l’africaien et l’arabo-amazigh. L'entraîneur Walid Regragui et ses poulains étaient conscients de l'ampleur de cette responsabilité, de sorte que tous les espoirs étaient placés sur l'équipe nationale pour obtenir des résultats impressionnants et honorer le football marocain, africain et arabe lors de cette messe footballistique internationale.

Les analystes et anciens joueurs marocains, arabes et africains confirment à chaque fois dans leurs analyses que ce que l'équipe réalise dépasse le niveau national local et qu'il est dans l'intérêt du football africain et arabe, ce que exprime aussi les supporters arabes et africains en acclamant haut et fort chaque nouvelle victoire de l'équipe nationale.

Partant des réalisations de l'équipe nationale marocaine en faveur du football national, arabe et africain, la Coupe du monde au Qatar, qui est organisée pour la première fois sur un sol arabe, constituera un tournant majeur dans le traitement par la FIFA des exigences des équipes africaines, à savoir renforcer leur représentation dans la compétition mondiale à la mesure du nombre de talents dont regorge le continent noir.

Commentant le rôle joué par le Maroc pour élever la représentation du football africain à la Coupe du monde, Moncef El Yazghi, chercheur en politique du sport, a indiqué dans une déclaration à la MAP que le Maroc était à l'origine de l'octroi d'une place à l'Afrique en 1970. Après avoir disputé le match barrage contre l'Espagne pour se qualifier pour la Coupe du monde de 1962, au Chili, le Maroc, accompagné des pays du continent africain, a boycotté l'édition de 1966 en Angleterre, pour protester contre cette injustice, avant que le Maroc ne soit le premier pays africain à représenter l'Afrique avec une place lors des éliminatoires continentales lors de l'édition de 1970, au Mexique.

M. El Yazghi a expliqué que les performances des équipes du Cameroun et du Nigeria lors des éditions de 1990 et 1994 avaient poussé la FIFA à faire passer le nombre de places africaines de 3 à 5 lors de l'édition de 1998, en France, parallèlement à l'augmentation du nombre d'équipes participantes à 32 au lieu de 24.

Il a ajouté qu'"alors que nous suivons actuellement les performances des équipes, les choses semblent injustes entre l'Afrique, qui a cinq places sur 54 fédérations, tandis que l'Amérique du Sud dispose de 4 places et demi sur les 10 fédérations qui la composent, de même que la défaite du Costa Rica par sept buts à 0 lors de la Coupe du monde démontre que le nombre est exagéré".

Même si la FIFA va accorder des places supplémentaires au continent africain notamment avec l'augmentation du nombre d'équipes participantes à la prochaine Coupe du monde à 48, les observateurs estiment qu'il incombe à l'instance sportive internationale de traiter le continent africain non seulement comme "un réservoir de talents", mais comme une force footballistique à laquelle il faut accorder plus d'attention et d'importance, développer ses capacités et y investir pour permettre aux jeunes africains de donner libre cours à leurs énergies.

Sans doute, les résultats obtenus par les Lions de l'Atlas auront des répercussions et permettront à l'Afrique d'engranger des gains importants à la hauteur de sa puissance footballistique.

 

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