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Affaire Bouthier: six collaborateurs de l'ex-PDG français inculpés au Maroc
Des accusatrices prennent la parole lors d'une conférence de presse organisée par l'Association marocaine pour les droits des victimes à Tanger, dans le nord du Maroc, le 17 juin 2022.
Six collaborateurs de l'ex-patron français Jacques Bouthier, incarcéré en France pour "viols sur mineure", ont été traduits devant un juge d'instruction au Maroc, et cinq d'entre eux placés en détention, à la suite de plaintes pour "harcèlement sexuel" à Tanger (nord), selon les avocates des plaignantes.
"Les six employés de Jacques Bouthier ont été déférés mercredi devant le procureur général à Tanger, puis pour les besoins de l'enquête le juge d'instruction a décidé de placer cinq d'entre eux sous mandat de dépôt", a déclaré vendredi Karima Salama, une avocate des plaignantes.
Le sixième a été laissé en liberté.
Six jeunes Marocaines avaient déposé une plainte à la mi-juin à Tanger contre l'ex-PDG du groupe Assu 2000, accusé de "traite d'êtres humains", "harcèlement sexuel", "attentat à la pudeur" et "violences verbales et morales", selon Me Salama.
Les faits présumés se sont produits entre 2018 et avril 2022 dans des succursales du groupe d'assurances français, implantées dans la grande cité portuaire du nord du Maroc.
Les six suspects --cinq Marocains, dont deux femmes, et un Français-- sont accusés "d'avoir recruté et d'avoir préparé psychologiquement les filles pour la venue du patron", a expliqué vendredi l'avocate.
"Ils justifiaient également ses agissements (de M. Bouthier) déplacés envers elles", a ajouté Me Salama, également membre de l'Association marocaine des droits des victimes (AMDV) qui suit l'affaire.
Plusieurs des plaignantes --toutes d'anciennes employées d'Assu 2000 à Tanger-- avaient fait état le 17 juin de harcèlement sexuel systématique, de menaces et d'intimidations au sein de l'entreprise française.
Elles avaient dit avoir été licenciées après avoir refusé de "céder au harcèlement et au chantage" de M. Bouthier "et de ses complices" parmi les cadres français et marocains de la société à Tanger.
Des confessions rares au Maroc où les victimes d'abus sexuels restent souvent stigmatisées par la société.
L'AMDV a lancé vendredi un appel à toutes les autres victimes "pour qu'elles brisent le mur de la peur et qu'elles s'associent activement à la lutte contre l'impunité des personnes qui ont porté gravement atteinte à leur dignité de femme".
En France, la justice a mis en examen fin juin deux hommes, dont un policier, dans l'enquête pour traite des êtres humains et viols sur mineure dans laquelle M. Bouthier est incarcéré.
Ce richissime homme de 75 ans a été mis en examen en mai à Paris à l'issue d'une enquête préliminaire ouverte mi-mars, avec cinq autres personnes, notamment pour traite d'êtres humains et viols sur mineure.
L'ex-chef d'entreprise est aussi poursuivi pour association de malfaiteurs en vue de commettre le crime d'enlèvement et séquestration en bande organisée et détention d'images pédopornographiques. (AFP)