''Algérie : l’instabilité politique éternise la rupture avec le Maroc '', le nouvel ouvrage de Taieb Dakkar

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« Jamais, la revue El Djeich, organe de l’armée, qu’il y a lieu de baptiser à juste titre de «Pravda » de l’Algérie, n’avait tenu un langage aussi virulent et peu diplomatique, injurieux et diffamatoire à l’égard du Royaume »

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«Les nouveaux dirigeants algériens, dont le Hirak conteste la légitimité, se distinguent par rapport à leurs prédécesseurs, par leur hostilité génétique et pandémique au Royaume », affirme le journaliste et écrivain Taieb Dekkar dans un nouveau livre intitulé « Algérie : l’instabilité politique éternise la rupture avec le Maroc ».

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La quatrième de Couv de l’ouvrage de Taieb Dekkar

« Jamais, la revue El Djeich, organe de l’armée, qu’il y a lieu de baptiser à juste titre de «Pravda » de l’Algérie, n’avait tenu un langage aussi virulent et peu diplomatique, injurieux et diffamatoire à l’égard du Royaume », note l’ancien directeur du bureau de la MAP à Alger. « Il a fallu attendre l’arrivée du nouveau chef de l’armée, le général Said Chengriha, pour que cette revue opère ce virage belliqueux dans le discours, alors que la revue fait normalement office d’organe d’information de l’armée algérienne sur ses activités, la formation, la coopération militaire internationale », estime le journaliste. Chengriha a été commandant de la 3ème région militaire (frontière sud ouest avec le Maroc) et avait sous sa coupe les camps de Tindouf du Polisario. « Chengriha s’attèle-t-il à transférer le Polisario au cœur du quatrier des Tagarins à Alger, le site qui abrite le ministère algérien de la défense ! ». 

L’arrivée de Chengriha s’est couplée avec l’élection, très discutable, de Abdelmajid Tebboune à la présidence algérienne, un homme «habité» par une haine sempiternelle contre le Royaume. Ce duo a conduit l’Algérie à la rupture totale avec le Royaume, souligne l’auteur.

Il faut bien avouer que l’expérience de la normalisation avec l’Algérie en 1988, n’a finalement pas été concluante et positive. Il faut attendre que l’Algérie se mette sur les rails de la démocratie pour espérer une véritable normalisation. Cela nécessitera certainement beaucoup de temps, estime-t-il. 

Ce livre est une compilation d’articles et de chroniques publiés sur des sites d’information électroniques marocains depuis le déclenchement du Hirak en Algérie, en Février 2019, et dans certains cas bien avant, jusqu’au mois d’Avril 2022. Il revient sur les objectifs du Hirak, ses retombées politiques en Algérie où le pouvoir, contrôlé par l’armée depuis 1962, se régénère et résiste au changement réclamé par le peuple, qui a payé un long tribut, d’abord pour l’indépendance, ensuite pour la démocratie, la liberté et la justice.

Il traite également de l’évolution des relations entre le Maroc et l’Algérie, rétablies en 1988, à la veille du sommet arabe extraordinaire d’Alger.

Il y’a lieu de souligner que jamais  les relations entre les deux pays, si l’on excepte l’ère Boumediene, n’ont atteint le pic de dégradation que l’on connait aujourd’hui, et ce, curieusement, dans le contexte de «La Nouvelle Algérie», proclamée par le nouveau pouvoir, qui a suppléé Abdelaziz Bouteflika, depuis 2019. Les manifestations populaires, qui ont mobilisé des millions d’Algériens, pendant presque deux ans, sans interruption, tous les vendredis et tous les mardis, ont été suspendues à cause de la pandémie du Coronavirus, mais aussi en raison de la répression engagée contre les différents activistes et leaders de ce mouvement, dont certains furent emprisonnés, jugés et condamnés. Le Hirak avait obtenu le limogeage du président Bouteflika, unique concession de l’armée  algérienne, qui dirige le pays et dont le rôle majeur et prééminent dans le paysage politique du pays s’est, une fois encore, clairement manifesté, de la manière qui ne laisse plus aucun doute, dans la conception et l’organisation de la transition.

Aucun pays au monde, à l’exception de l'Algérie, ne se permet de luxe de se dispenser des services de trente généraux de l’armée, envoyés en tôle, jugés et condamnés, sauf que dans ce pays –autre exception algérienne- certains d’entre eux, malgré tout, ont été libérés, dans des conditions opaques, voire ramenés au pays de leur exil à l’étranger, à bord de l’avion présidentiel. Deux anciens chefs de gouvernement et une vingtaine d’anciens ministres furent également envoyés en tôle et jugés, dans des affaires de détournement de biens publics ou de corruption, dans une opération de ravalement de façade «mains propres », conduite sur injonction de l’armée. 

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